shakeskp: (TW - Jack/Ianto - Ne me quitte pas)
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Le complexe du manchot
Couple : Jack/Ianto
Genre : Flangst
Censure : M
Spoilers : DW S03ep13 vaguement, l’invitée spéciale de TW S02.
Date : Jeudi 28 février 2008
Disclaimer : Torchwood n’est pas mon bac à sable, je ne fais qu’y jouer…

Note : j’ai l’impression de passer mon temps à mettre des sparadraps sur ce couple. J’ai eu beaucoup de mal à achever ce one-shot v_v


Le téléphone de Jack sonna un matin tôt, Ianto dormait encore. Jack décrocha vite, pour ne pas le réveiller peut-être, mais Ianto avait émergé dès les premières notes. Il entendit Jack murmurer un accord, répéter quelques nombres pour confirmation. Ianto leur calcula une suite dans un demi-sommeil, l’oublia aussitôt que Jack embrassa son épaule.
« Torchwood ? marmonna-t-il.
– Rien d’important », répondit Jack.
Ianto s’éveilla complètement. Il ouvrit les paupières, résigné, attendit le baiser. Dans la seconde, Jack passa un bras autour de lui, appuya doucement la bouche sur sa nuque, Ianto se laissa tomber sur le dos. Jack lui sourit, les yeux brillants. Bientôt, il y eut une main contre sa joue, calleuse sur sa barbe naissante, on mordillait ses lèvres. La langue de Jack caressa la sienne, langoureuse, insistante.
Ianto voulut l’enlacer, mais déjà il s’écartait. Il le dévisagea quelques secondes, le détailla comme s’il le voyait pour la première fois.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Ianto, la voix rauque.
Un sourire vif-argent, un baiser sur son front et Jack était debout. Ianto le regarda traverser leur chambre jusqu’à la porte de la salle de bain. Il l’ouvrit, entra, la referma sans un regard en arrière.
Ianto se demanda s’il était raisonnable de haïr à ce point une planche de bois. Avec un soupir, il s’étira, jugea qu’il avait largement le temps de se faire un café et se leva. Il enfila un bas de jogging et traversa l’appartement. Le soleil se levait sur la baie, quelques nuages adoucissaient la violence des premiers rayons.
Ianto prépara soigneusement son café, juste pour lui, puis alla s’installer sur le canapé, face à la baie, pour le boire doucement, les yeux fermés.

-

Il avait eu le temps de grignoter une tartine grillée et de laver son mug lorsque Jack surgit dans le séjour, presque essoufflé, dans des vêtements peu familiers.
« Ianto, murmura-t-il, sourire lumineux aux lèvres.
– Jack. »
Il traversa les quelques mètres qui les séparaient si vite, Ianto eut à peine le temps de se préparer avant d’être comme engouffré par ses bras, serré si fort et embrassé – les joues, le front, le cou, la bouche. Les mains de Jack lui parcouraient le dos, étrangement froides, et les sensations prirent vite le pas sur tout ; le frottement de ses tétons nus sur la chemise, le sexe dur de Jack tout contre sa hanche, paumes et doigts immenses sur ses fesses, possessifs et forts, des lèvres dans son cou… Défait malgré lui, tremblant déjà, Ianto s’agrippa à Jack, pressa leurs bassins encore un peu plus.
« Ianto », murmura encore Jack, urgent.
Combien de mois ? se demanda Ianto avant d’ouvrir pleinement les lèvres sous l’assaut de sa langue parce qu’il avait toujours mieux pardonné à Jack qu’il ne lui en avait voulu.
Ils firent l’amour, là contre le mur, entre la cuisine et le séjour, jusqu’à se laisser glisser par terre de fatigue et de contentement. Quelques minutes de respiration rapide et de silence, Ianto passait les doigts dans les cheveux de Jack, caresse absente.
« Il faut que j’aille me doucher, murmura-t-il enfin.
– Et il faut que j’y retourne », sourit Jack.
Ses mains, déjà, promettaient d’autres plaisirs.
« Nous allons être en retard.
– Je te laisserai arriver dix minutes avant moi. »
Ianto leva les yeux au ciel mais cessa de protester.

¤


C’était l’inconvénient de vivre avec un homme qui voyageait dans l’espace-temps. Il lui arrivait, parfois, de passer la porte de la salle de bain et de disparaître pour une durée inconnue. Ianto le revoyait dans les minutes qui suivaient, mais ne pouvait juger du temps de son absence qu’à l’enthousiasme déployé à son retour (et encore, il n’avait aucune base de comparaison, ce qu’il estimait des mois pouvait être des années).
L’inconvénient de vivre avec un homme qui voyageait dans l’espace-temps mais aussi l’inconvénient d’aimer Jack Harkness. Ce dernier restait persuadé que Ianto ne s’en rendait pas compte (il y avait de quoi se sentir un peu insulté dans son intelligence).
Ianto avait rapidement compris que pour garder Jack, il fallait l’accepter en entier : avec ses secrets, vrais ou de polichinelle, avec ses amants sûrement disséminés dans l’espace et le temps, avec son besoin de courir l’univers.
Jack revenait toujours et il jouait beaucoup mieux l’amoureux attentionné depuis qu’il pouvait de nouveau partir en vadrouille, il était aussi beaucoup plus heureux : Ianto jugeait qu’il n’avait rien d’autre à réclamer.
Parfois, il lui arrivait de se demander combien ils étaient, à jouer les femmes de marin, combien d’autres regardaient une porte et attendaient qu’elle s’ouvre de nouveau. Dommage qu’ils n’avaient aucun moyen de se trouver, ils auraient pu fonder un club.
Les Harknessoliques Anonymes.
¤


Un matin, Jack ne ressortit pas de la salle de bain.


¤


« Jack a dû partir ce matin, dit Ianto. Il ne m’a pas dit où ni combien de temps. »
Gwen lâcha un juron agacé, « Bah voyons » fit Owen, « Au moins cette fois il a prévenu », remarqua Toshiko.
Ianto lui en voulut beaucoup pendant quelques secondes.

¤

Le premier mois, Ianto s’inquiéta.

¤

Le lit était froid, vide, Ianto n’arrivait pas à dormir, passait ses nuits à fixer la porte de la salle de bain. Il se demanda si le manipulateur d’espace-temps de Jack s’était à nouveau cassé, s’effraya à s’imaginer qu’il avait peut-être trouvé le moyen de mourir.
Trois semaines après sa disparition, il inventa un message envoyé par Jack pour rassurer l’équipe.
Gwen l’accepta de bonne foi, Toshiko essaya d’en détecter la provenance, Owen grogna.

¤

Le second mois, Ianto se dit qu’il y avait des moyens plus simples de rompre.
Moins radicaux, certes.
Au moins il gardait l’appartement.

¤


« Il s’est tiré, ce connard, hein ? »
Owen, appuyé à l’étagère, regardait Ianto avec un mélange de neutralité et de colère.
« Tes pouvoirs d’observation ne cessent de m’éblouir, Owen », répondit Ianto, sourcil haussé.
Le médecin lâcha un bruit de frustration.
« Tu sais parfaitement ce que je veux dire. »
Il se rapprocha, s’empara de la main de Ianto et y déposa fermement un demi comprimé.
« Somnifère, déclara-t-il. Tes cernes pourrissent notre image d’équipe mystérieuse et sexy. Si une moitié fonctionne pas, on passera à un entier mais pas plus et je t’en donne qu’un par jour, ok ?
– Je pourrais les accumuler, remarqua Ianto. Les garder soigneusement dans une petite boîte jusqu’au jour fatal.
– Y’a des moyens plus efficaces de te tuer, Jones.
– Ils t’emmerderaient moins. »
Owen leva l’index et le majeur, puis fit demi-tour pour sortir de la salle des archives.
Ianto rangea soigneusement le comprimé dans un mouchoir de poche.

¤

Le troisième mois, Ianto se mit à envisager de vendre l’appartement.

¤


Il pleuvait sur la baie, petit crachin gallois, quelques rayons de soleil perçaient sans conviction à travers les nuages. Le front appuyé contre la vitre, Ianto regardait le paysage sans le voir. Il ne remarqua pas le bruit, d’abord, quelque chose essayait de le convaincre qu’il n’y avait rien d’anormal, mais ce fut la tentative de conviction qui attira son attention. Son regard et son ouï finirent par se focaliser sur un point en bas de l’immeuble où apparaissait une sorte de cabine téléphonique bleue qu’il identifia immédiatement.
Ses doigts frôlèrent la vitre, il retint son souffle. Les portes du Tardis avaient dû s’ouvrir, il vit Jack en surgir, inimitable silhouette, se retourner comme pour s’adresser à quelqu’un. Une jeune femme noire, Martha sans doutes, fut la seconde personne à apparaître, une main sur la taille, une autre qui l’invectivait. Jack leva les bras en signe de défense puis se mit à courir vers le coin de l’immeuble. Ianto eut à peine le temps d’apercevoir du coin de l’œil un homme brun et une femme rousse sortir du Tardis à leur tour, il s’était déjà écarté.
Pendant quelques secondes, il envisagea de mettre la clef dans la serrure pour la bloquer, mais lorsque Jack ouvrit la porte, essoufflé, Ianto était à quelques mètres, au milieu du salon, bras le long du corps.
« Ianto, tu es là, merci, Ianto je… »
Ianto ouvrit la bouche, il avait son discours tout prêt, il savait ce qu’il allait dire.
« Un petit problème de date ? » fut ce qui sortit de sa bouche en interruption, sa voix rauque et mauvaise et dure là où il l’avait voulue inquiète et accueillante et compréhensive.
Ils se figèrent ensemble, se regardèrent quelques secondes incertaines.
« Tu sais que…
– Bien sûr que je sais.
– Depuis quand ? » demanda Jack.
Il s’était avancé de quelques pas avant de s’arrêter.
« 14 février 2009, 19h54, répondit Ianto.
– Ça fait plus d’un an, prononça Jack d’une voix blanche. Plus d’un an et tu n’as rien dit.
– J’ai toujours bien su garder les secrets.
– Mais pourquoi tu ne m’as rien demandé ? »
Parce que, pensa Ianto. Parce que, parce que, parce que.
L’habitude (vois, entends, ne dis rien), la peur que Jack s’éloigne sans revenir, cette fois (prends ce qu’on te donne, ne réclame rien).
« Peut-être avais-je envie que tu me le dises… »
Jack pinça les lèvres.
« Peut-être avais-je envie que tu me le demandes, rétorqua-t-il et une fureur étouffe soudain Ianto.
– Alors que je ne sais pas ce que tu détestes le plus : qu’on te pose des questions ou en donner les réponse ? » railla-t-il.
Jack se redressa de toute sa hauteur, sans expression. Un frisson parcourut l’échine de Ianto, à lui en donner la nausée, une panique hystérique dont il ne laissa rien transparaître. C’est la fin, cette fois, fini, fini, fini.
Jack allait se retourner, partir, claquer la porte de l’appartement. Demain, au Hub, Ianto lui dirait « Monsieur » et il ne lui resterait plus rien. Il pensa aux somnifères d’Owen, tous rangés dans son tiroir, mais il ne lui ferait pas ça et il y avait effectivement des moyens plus simples de se tuer, sans même utiliser son arme de service (ce serait de mauvais goût).
Jack, les yeux fermés, laissa échapper un interminable soupir, comme provenant du plus profond de ses entrailles ; il se frotta le visage de la paume des mains, puis fixa Ianto d’un regard inattendu : triste, tendre, mélancolique.
« Il ne t’est pas venu à l’idée que tu y avais droit, à ces questions, à ces réponses ? » demanda-t-il, voix basse, douce.
Ianto garda le silence, décontenancé. Jack, en deux enjambées, se trouvait face à lui. Il lui prit le visage entre les mains, paumes contre ses joues, doigts sur sa nuque. Ianto n’aurait pu tourner la tête s’il avait voulu. Mais non, bien sûr que non il ne voulait pas : ce contact, cette peau lui avait manqué pendant des semaines, des mois ; son seul désir était de se pencher, d’embrasser Jack, de prétendre que tout allait bien, pas besoin d’en parler tant que Jack était là, le touchait, le voyait.
« Mais qu’est-ce que tu t’es imaginé tous ce temps ? murmura Jack, regard plongé dans le sien. Mais qu’est-ce que tu croyais que je faisais ?
– Je… ne sais pas, c’est ta vie…
– Je croyais avoir établi que là, maintenant, ma vie est ici. »
Ianto détourna le regard.
« Le présent… « maintenant », c’est subjectif quand on voyage dans le temps.
– Je ne t’ai jamais quitté plus de quelques jours », dit Jack.
Il interpréta mal la stupéfaction incrédule de Ianto, se corrigea inutilement.
« Sauf cette fois bien sûr, nous avons eu des soucis, et je sais que ça fait presque trois mois et demi pour toi, j’ai vu le journal dans l’entrée, mais pour moi cela ne fait que deux semaines.
– Où vas-tu ? » souffla Ianto, la poitrine compressée, la gorge obstruée.
Il avait le droit de poser la question, Jack le lui avait dit ; la sensation de pouvoir que cela lui octroyait bataillait avec un soulagement qui menaçait de le faire éclater en sanglots, ou d’un rire d’aliéné.
« De temps en temps, le Docteur m’appelle, ou plutôt le Docteur appelle Martha qui me prévient, pour des missions particulières ou simplement prendre le thé, répondit Jack. Ç’aurait être juste un thé, cette fois, mais nous avons rencontré un trou noir, enfin, pas seulement, mais ce serait long à raconter… »
Pourquoi tu ne me l’as pas dit ? désirait encore demander Ianto, mais une prudence trop ancrée le retint, d’autant qu’il se doutait de la réponse, quelque part : le Docteur et tout ce qui le concernait faisait partie du jardin secret de Jack, une part de lui-même qu’il gardait jalousement.
Ianto, à cet instant, le lui pardonnait sans concession. Il appuya les mains sur celles de Jack dont la pression s’était levée, tourna doucement la tête pour en embrasser une. L’instant d’après, Jack le serrait dans ses bras, déposait des baisers fiévreux dans son cou, sur sa joue, puis leurs lèvres se joignirent, avides, Ianto s’agrippait à lui comme pour l’empêcher de disparaître.
« Je voudrais te déshabiller et te faire l’amour pendant deux semaines, ou plutôt trois mois et demi… », souffla Jack à son oreille, la voix vibrante.
Ianto frissonna, s’apprêtait à l’encourager, mais le Capitaine ajouta, à regret évident :
« … mais Martha veut s’assurer que tout va bien. Remarque, je pourrais me contenter de faire signe au balcon. Le Docteur est en bas, en train de recharger le Tardis avec l’énergie du Rift.
– Ou tu pourrais leur dire de monter prendre le thé, dit Ianto avant d’avoir le temps de se censurer. Ou pas, s’amenda-t-il rapidement. Va parler à Martha, je peux attendre ici. »
Même si l’idée de voir Jack disparaître de son champ de vision si vite après l’avoir retrouvé ne lui plaisait même pas à moitié.
« Tu sais quoi ? Je crois qu’on n’a jamais réussi à le boire, ce thé, fit Jack. Je vais les chercher. »
Ianto se remettait à peine du choc, Jack était déjà sorti. Puis il paniqua.
Il n’était plus du tout sûr d’avoir des biscuits pour accompagner.

¤


Il se passa quelques semaines avant que le téléphone de Jack ne sonne de nouveau, un matin tôt. Ianto se réveilla, l’écouta répéter tout bas les nombres qu’il savait désormais être des coordonnées, puis raccrocher. Il sentit une main sur son épaule, se tourna vers Jack à contrecoeur. Ce dernier l’observa quelques instants, lui caressa la joue du bout des doigts, puis un murmure :
« Viens avec moi ? »
La gorge de Ianto se serra.
« Tu n’es pas obligé, souffla-t-il.
– J’ai envie », répondit Jack.
Ianto lui prit la main.


(Fin)


Blabla additionnel :
– Ianto, bien sûr, a laissé un mot pour le reste de Torchwood, au cas où.
– Martha est beaucoup mieux organisée avec Tom que Jack ne l’est avec Ianto.
– Un jour, Ianto et Tom iront prendre des vacances ensemble à Marrakech. Ou peut-être à Kyoto.
– Dans cet univers, Ianto et le Docteur sont très circonspects l’un avec l’autre et j’arrive pas à voir pourquoi.
– Quoi, mon titre ? Vous avez pas vu la Marche de l’Empereur ? Les papas manchots attendent les mamans manchots pendant deeeees semaines pendant qu’ils gardent les fruits de leurs amours !

2446 mots

Date: 2008-03-01 12:16 pm (UTC)
From: [identity profile] calliopel.livejournal.com
Les HArknessolique Anonymes... ♥....

J'adore la pensée de Ianto au sujet de son manque de biscuits, c'est tellement lui..


Date: 2008-03-02 11:51 am (UTC)
From: [identity profile] tipitina.livejournal.com
Je t'aime je t'aime je t'aime!!!! ♥
C'est beau, ca fait mal comme il faut et il y a de l'espoir. Jack est à baffer mais il est bien! On a envie de câliner Ianto.
Arg! j't'adore!
Merciiiiiiiiii ♥

Date: 2008-03-02 08:17 pm (UTC)
From: [identity profile] tipitina.livejournal.com
Quand tu veux ma belle! ♥
(deleted comment)
(deleted comment)
(deleted comment)
(deleted comment)

Date: 2008-03-04 04:15 pm (UTC)
From: [identity profile] torchwood-arts.livejournal.com
Whaou !!!!!! c'est beau, c'est chaud, mais quan est ce que les scénaristes de la série viendront piocher dans ces super fanfics (une scène comme celle que tu décrits ça ferait chauffer et pas que l'audience à mon avis)
Encoreeeee !

Date: 2008-06-06 01:22 pm (UTC)
From: [identity profile] shono-hime.livejournal.com
Je suis tombée ici un peu par hasard en cherchant un truc qui avait rien à voir sur google, mais qu'est-ce que je suis contente de l'avoir trouvée, cte fic!

J'aime beaucoup beaucoup l'idée d'un Jack continuant à travailler avec le Docteur, j'adore ton Owen, même si on le voit peu, et Ianto est très bien rendu, pour moi!
Donc voilà, j'adore ♥

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