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Les Ombres de Gaia
Genre : romance
Couple : Van/Hitomi
Rating : PG
Année : mars-avril 2001

Disclaimer : Tenkuu no Escaflowne n'est pas à moi, mais certains personnages originaux s'y sont glissés, que je réutilise, notamment Daryan et Alya, Shinji...

 

Première partie : Le piège



Le soleil se couchait lentement sur la ville, l’illuminant d’une couleur irréelle. Sur la colline du parc où ils étaient assis, Shinji serra Hitomi plus fort contre lui, et murmura :

– C’est tellement beau qu’on dirait un autre monde !

La jeune fille posa sa tête sur l’épaule de Shinji.

– Mais c’est le nôtre, répondit-elle sur le même ton. Notre monde.

Le jeune homme sourit, et l’embrassa avec tendresse.

Hitomi se sentait bien, calme, en osmose avec tout ce qui l’entourait, tout était bien, Shinji était là. Il avait deux ans de plus qu’elle, ils s’étaient rencontrés un an plus tôt lors d’une compétition d’Hitomi à laquelle il assistait. Lui avait eu le coup de foudre et l’avait tout de suite abordée, mais elle s’était rétractée comme un oiseau blessé. Il avait été patient, tendre, et elle avait fini par se laisser apprivoiser. Shinji était drôle, ouvert et franc. Il disait toujours ce qu’il pensait, avec lui elle se sentait sûre d’elle, et en sécurité. Il représentait pour elle une certaine stabilité, et surtout il était présent. Il était possible.

Shinji regarda Hitomi, et décida que c’était le moment de lui parler. Ça faisait maintenant assez de temps qu’il y pensait. Il fallait qu’il y aille doucement avant de lui demander de venir vivre avec lui. Elle était si fragile. Avec elle, la moindre étape était une véritable mission de subtilité, elle pouvait se rétracter à la moindre erreur. Hitomi portait en elle une blessure dont elle ne parlait jamais, mais qui semblait encore la faire souffrir.

– Hitomi…

La jeune fille leva sur lui ses grands yeux verts, interrogateurs et confiants.

– J’aimerai qu’on parle de…

Au moment où il prononçait ces mots, une lueur bleue envahit soudain le ciel. Hitomi se leva brusquement, le visage bouleversé. « Oh non ! s’écria-t-elle. C’est pas vrai ! ». Shinji, sidéré, vit une colonne de lumière descendre du ciel, puis disparaître, laissant sur le sol une forme allongée. Hitomi restait immobile en se mordant les lèvres d’un air torturé. Shinji s’approcha prudemment de la forme. « Bon sang ! Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? ! »

N’y tenant plus, Hitomi courut vers lui, le dépassa et s’arrêta à quelques centimètres de l’être. Une fille d’une quinzaine d’années, tenant très fort dans sa main une pierre rose, l’air épuisé. Mais surtout, cette fille avait des oreilles, une queue et des pattes de chat ! Hitomi tomba à genoux, des larmes coulant sur ses joues, et prit la fille-chat contre elle. Elle avait grandi, c’était une vraie jeune fille à présent, mais Hitomi l’avait reconnue instantanément.

– Merle ! Oh Merle !

La fille-chat ouvrit les yeux, et lui adressa un sourire faible.

– Hitomi…Je suis tellement heureuse de t’avoir trouvée…Je…

– Chut, ne parle pas ! Tu as l’air épuisé…

Merle referma les yeux, et se serra contre Hitomi.

– Shinji ! appela-t-elle.

Stupéfié, Shinji avait suivi l’étrange échange, Hitomi parlant japonais, la fille-chat parlant une langue inconnue, mais toutes les deux se comprenaient apparemment. A l’appel d’Hitomi, il sursauta, et la rejoignit, perdu.

– Prends Merle, il faut la ramener à la maison !

– Mais Hitomi…émit-il d’une voix étranglée.

Elle lui adressa un regard implorant et perturbé.

– S’il te plait, Shinji…

Il capitula, et prit dans ses bras la fille-chat. Il n’arrivait pas à y croire. C’était complètement irréel, complètement fou.

Hitomi prit doucement l’énergist des mains de Merle et ouvrit la marche, Shinji suivait sans dire un mot. Hitomi regarda le ciel d’un air perdu. Avec Merle, toute une vie réapparaissait. Une vie qu’elle avait désespérément tenté d’oublier, et qui revenait la frapper comme un boomerang. Elle serra les dents, et se concentra sur un problème plus immédiat. Pourquoi Merle était là ? Pourquoi était-elle venue ? Comment ? Etait-il possible que la seule volonté de Merle l’ait transportée ? Mais alors, que s’était-il passé, là-bas, sur Gaia ? Lorsqu’ils arrivèrent chez elle, Shinji déposa Merle sur le lit d’Hitomi, et se tourna vers la jeune fille d’un air interrogateur.

– Hitomi, j’aimerai vraiment que tu m’expliques…

Sans répondre, elle posa l’énergist sur la table de chevet, s’agenouilla près du lit et prit la main de la fille-chat. Merle ouvrit les yeux et sourit à Hitomi.

– Je suis tellement heureuse de t’avoir trouvée. Je ne savais pas si ça allait marcher, mais je voulais tellement te retrouver ! J’ai…j’ai volé l’énergist d’un guymelef, j’ai voulu essayer d’utiliser le pouvoir de l’esprit, comme toi.

– L’énergist n’a pas dû être assez forte, dit Hitomi. J’ai l’impression qu’elle t’a pris de ta force pour réussir le pont entre Gaia et la Terre.

Des larmes coulèrent sur les joues de Merle qui se jeta dans les bras d’Hitomi.

– Oh, Hitomi ! C’est…c’est horrible !

– Que s’est-il passé, Merle ? Dis-moi ! demanda la jeune fille paniquée.

« Est-ce que Van… », pensa-t-elle le cœur serré en imaginant le pire.

Merle leva vers elle ses yeux plein de larmes.

– Rien ne va plus…

– Raconte-moi par le début, doucement.

Merle essaya de se calmer, respira à fond et commença d’une voix tremblante.

– Ça a commencé il y a six mois…On n’avait rien vu venir…Bazhram…Tu sais…

– Bazhram ? Ceux qui ont utilisé l’arme finale lors de la guerre contre Zaïbacher ?

– Oui. Ils…ils se sont appropriés les secrets de Zaïbacher et ont engagé les Sorciers de Dornkirk. Et il y a six mois, ils ont déclaré la guerre à Fanélia, à Fleid et à Astria ! Ils utilisent les armes de l’ancien Empire…C’est terrible…

Incapable de continuer, Merle se remit à pleurer, et Hitomi la laissa faire, de plus en plus perturbée. Elle leva les yeux vers Shinji qui observait la scène d’un air plus calme, mais toujours aussi intrigué. Dehors, la nuit était tombée, et à travers la fenêtre, Hitomi fixa la Lune en imaginant que Gaia était quelque part derrière. Un malaise l’envahit, et elle revint à Merle qui s’écria soudain :

– Il faut que tu reviennes, Hitomi ! On a besoin de toi !

La jeune fille s’écarta brusquement de Merle, et se leva. Elle lui tourna le dos, regarda de nouveau l’astre lunaire.

– Tu ne peux pas me demander ça, Merle. Il en est hors de question. Je n’y retournerai pas.

Shinji, soudain furieux, attrapa Hitomi par les épaules et demanda d’une voix crispée :

– Qu’est-ce qu’elle te veux ? Qui est-elle ? Retourner où ? Explique-moi, Hitomi ! Tout ça est trop fou ! Complètement dingue ! J’ai le droit de savoir !

Elle le regarda, indécise.

– Tout ça est tellement compliqué…Tellement loin, Shinji. Je…je ne crois pas que ça t’intéresserait. Vraiment.

– Si, ça m’intéresse ! Je veux savoir ! J’aimerai…j’aimerai pouvoir te comprendre, toi. Et pour ça j’ai besoin de savoir ce qu’il s’est passé dans ta vie.

Le visage d’Hitomi se durcit soudain, ses yeux prirent cette expression lointaine qu’il connaissait trop. Dans son désir de savoir, il était allé trop vite, et Hitomi s’était refermée. Un miaulement attira leur attention. Merle s’était redressée.

– Ce n’est pas pour Van, dit-elle en jetant un coup d’œil à Shinji. Il ne sait pas ce que je fais, et s’il le savait ça irait très mal pour moi. Tu sais…Avant, on croyait tous que tu finirais par revenir, et que Van et toi…Mais quand tu as cassé votre lien, il y a deux ans, on a compris que c’était vraiment fini.

Merle se tût, cherchant ses mots, et leva des yeux rageurs vers Hitomi.

– Van a beaucoup souffert à cause de toi !

– J’ai souffert aussi…murmura Hitomi, la gorge serrée. Mais ce n’était plus possible, Merle.

La fille-chat agita ses oreilles d’un air mécontent, mais reprit d’une voix normale :

– Mais il a fini par comprendre. Il n’a plus besoin de toi. Tu sais, il est fiancé, maintenant. Hitomi ferma les yeux. L’annonce brutale lui avait coupé le souffle. Elle serra les dents. C’était normal. Comme elle, il avait refait sa vie. Pensé au futur. Shinji. Shinji était là.

– Donc ce n’est pas pour Van. C’est pour tout le monde, reprit Merle. C’est catastrophique, là-bas. Et Van est obligé de tout concilier ! C’est un grand roi, ajouta-t-elle, fière.

– Alors ? Termine ! demanda Hitomi, impatiente.

Merle eut de nouveau un air malheureux.

– Le roi Aston et Elise ont été assassinés !

– Quoi ? !

– Mais le pire, c’est que tout le monde croit qu’Allen est l’assassin !

– Allen ! Un assassin ? ! s’exclama Hitomi, stupéfaite. Mais c’est complètement absurde !

– Maintenant, Mirana est la reine d’Astria, et…elle croit aussi qu’il est le meurtrier.

Hitomi sauta sur ses pieds, furieuse.

– Mais comment peut-elle… ? Qu’est-ce qui lui prend ?

– Elle a beaucoup changé…Elle est devenu presque comme son père. Allen, Séréna et l’équipage du Croisé ont demandé asile à Fanélia, et Van a engagé Allen comme général pour remplacer Vargas. Mais Mirana veut qu’il le lui livre. Et en plus, elle a dit à Cid qu’Allen est son père. Alors il y a des tensions entre tous, et ils ne peuvent pas s’allier correctement contre Bazhram, et on va tous mouriiiiiiiiiiir ! !

Merle se remit à pleurer. Hitomi, choquée, était incapable de faire le moindre mouvement. « Mais ils sont tous devenus fous », murmura-t-elle. Et Shinji serra les poings, frustré et furieux de ne rien comprendre au discours du chat.

Au bout d’un moment, Merle se calma et leva les yeux vers Hitomi :

– Et Van est au milieu de tout ça, il doit s’occuper de tout, de la guerre, des négociations. En plus il a rappelé Escaflowne !

Se rappelant combien Van haïssait la guerre, Hitomi détourna les yeux.

– J’ai…J’ai entendu par hasard Allen dire que tout irait mieux si tu étais là…que tu les réconcilierais tous…qu’ils reprendraient tous confiance en eux, en l’avenir…Van a entendu aussi, il était furieux. Il a dit à Allen que personne ne devait te déranger, que tu n'avais plus à te sacrifier pour eux… Mais ce n’est pas un sacrifice, n’est-ce pas ?

Merle leva vers elle des yeux implorants, plein de larmes.

– N’est-ce pas ? Tu…tu peux simplement nous aider, et puis après tu rentreras ? N’est-ce pas ? Hitomi…

Le jeune fille sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle se détourna, appuya son front contre la fenêtre. Shinji lui prit la taille.

– Hitomi, je ne sais pas ce qui se passe. Je ne sais pas si tout ça est réel. Je sais juste que ça te fais souffrir, et ça je ne veux pas, tu entends ?

Hitomi ravala ses pleurs. Puis, le visage dur, se dégagea brusquement de Shinji, et se tourna vers Merle qui la fixait avec désespoir.

– Oui, Merle. Je pars. Je viens avec toi.

– Ouuuuuuuuuuuuuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! hurla Merle, folle de joie.

Elle lui sauta au cou. « Je savais que tu nous laisserais pas tomber ! ». Mais Hitomi n’avait pas envie de rire, ni de sauter de joie. Elle venait de prendre une décision importante, très importante et très grave. Et elle n’était pas sûre d’avoir fait le bon choix. Mais elle ne pouvait pas laisser tomber ses amis.

– Hitomi ! cria Shinji avec désespoir. Explique-moi ! C’est quoi cette histoire de partir ?

– Repose-toi ce soir, dit-elle à Merle. Mes parents et mon frère ne sont pas là cette semaine, il n’y a pas de risque. Nous partirons demain matin.

Alors seulement, elle se tourna vers Shinji, lui prit le bras et sortit de la chambre avec lui sous le regard curieux et vaguement rancunier de la fille-chat. Quoi ! Remplacer maître Van par cet Humain sans intérêt ? Cette pauvre Hitomi n’avait vraiment pas de goût…

Une fois en bas, Hitomi se tourna vers Shinji, l’air embarrassé, se sentant coupable sans raison réelle, ne sachant pas par quoi commencer.

– Shinji, dit-elle doucement, c’est une histoire folle et je ne te demande pas d’y croire…

– Il y a une fille-chat dans ta chambre ! lui fit-il remarquer. Je crois que je pourrais avaler n’importe quoi !

Hitomi sourit brièvement.

– Il y a trois ans, j’ai…j’ai été transporté dans un autre monde, une autre Terre nommée Gaia. Merle vient de là-bas. Il s’est passé beaucoup de choses, j’ai rencontré des tas de gens…

Elle eut une hésitation, fallait-il lui parler de Van ? Non. Elle ne voulait pas qu’il sache, car sinon il y aurait toujours l’ombre du Dragon entre eux.

– …Et je m’y suis fait des amis très chers. Aujourd’hui ils ont besoin de moi, et il faut que j’y retourne. Pas longtemps. Je reviendrai le plus vite possible.

Shinji se tût un instant. L’histoire paraissait probable, d’ailleurs la présence de la fille-chat l’obligeait à y croire. Mais il y avait quelque chose qu’elle lui cachait. Revenir sur cette autre Terre n’avait pas l’air de lui faire vraiment plaisir, puisqu’au début elle avait dit à la fille-chat qu’elle refusait d’y retourner. C’était de là-bas que venait la blessure d’Hitomi. Quelque chose s’y était passé. Quelque chose qui la faisait encore souffrir.

Il lui prit le menton, et l’obligea à le regarder.

– Hitomi, je sais que tu ne me dis pas tout, lui dit-il finalement. Mais je ne t’obligerai pas à parler. Tout ce que je veux, c’est que tu règles cette histoire vite, et que tu reviennes.

Après un moment d’hésitation, il demanda :

– Peut-être que…je pourrais venir avec toi ?

Une ombre de panique passa dans les yeux vert émeraude de la jeune fille.

– Non ! jeta-t-elle un peu trop vite. Je t’assure que je peux me débrouiller toute seule. Et puis, l’énergist de Merle n’a pas assez de puissance pour transporter trois personnes.

Shinji imagina que l’énergist était cette pierre rose, mais ne voyait pas le rapport. Hitomi l’embrassa, « Je t’aime », lui dit-elle en refermant la porte.

Shinji resta un instant à regarder la porte. C’était la première fois qu’elle le lui disait en face.

Hitomi serra les dents. Elle lui avait menti. Il aurait très bien pu venir, elle savait que même avec le peu de puissance de l’énergist, elle aurait pu les emmener tous, parce qu’elle en avait le Pouvoir. Merle n’avait pas ce Pouvoir, et c’est pour ça que le voyage l’avait épuisée. Mais emmener Shinji sur Gaia ! Non, Gaia était son univers, son secret, sa douleur. Gaia n’appartenait qu’à elle.

Et l’idée de Shinji et de Van dans le même endroit lui était insupportable. « Peut-être parce que tu n’es pas sûre de choisir Shinji », murmura dans sa tête une petite voix malveillante qu’elle fit taire.

Shinji était là. Shinji était possible. Shinji était sur Terre.

Hitomi monta lentement les escaliers, et trouva Merle en train de feuilleter son album photo. La fille-chat avait beau avoir grandi physiquement, elle n’avait pas changé…Il fallait toujours qu’elle fouille partout !

– C’est bizarre, ces dessins ! lança-t-elle. On dirait des vrais personnes !

– Ce sont des photographies. Des images des gens que j’aime.

– Tu ne nous aimes pas ? Il n’y a pas de photomachinchose de nous, fit remarquer Merle d’une voix pleine de reproches et de sous-entendus.

– Il faut un appareil spécial pour en prendre. Je n’en avais pas, sur Gaia.

– Ah bon. C’est qui, là ? On dirait Allen !

Hitomi s’approcha, et s’assit près de Merle. La photo avait été prise après une course au lycée. On y voyait Hitomi au premier plan, juste derrière Yukari lui faisait des oreilles d’ânes et Amano les regardaient toutes les deux en riant.

– C’est Amano, un ami, répondit Hitomi. Et à côté, Yukari. C’est ma meilleure amie. Elle est fiancée avec lui.

Merle tourna d’autres pages, tomba sur d’autres photos de Yukari et Amano, et une photo où Hitomi était seule, et riait aux éclats. D’un geste vif, Merle la prit et la glissa dans une de ses nombreuses poches, avant de regarder Hitomi d’un air farouche.

– Celle-là, je la garde !

La jeune fille haussa les épaules. Si ça lui faisait plaisir…Elle n’avait pas le courage de se battre pour une simple photo. Elle se leva, ferma les rideaux et se dirigea vers la porte.

– Dors bien, dit-elle à Merle.

Elle allait sortir, mais au dernier moment se ravisa.

– Merle…

– Quoi ?

– Je suis heureuse que tu sois là.

Avant d’entendre la réponse de la fille-chat, Hitomi ferma la porte. Elle alla s’allonger sur le lit de ses parents. Les yeux grands ouverts, elle fixait la Lune. Elle n’était pas sûre du tout que retourner sur Gaia soit une bonne idée. Et à la pensée de revoir Van, elle était terrifiée. Lorsqu’elle était rentrée, Yukari et Amano l’avaient accueillie avec soulagement. Elle leur avait raconté Van et Gaia avec enthousiasme et les premiers jours avaient été merveilleux. Pouvoir dialoguer avec Van, être avec ses amis et sa famille, c’était l’idéal. Mais ça n’avait pas duré. Ça c’était rapidement détérioré, et bientôt, la souffrance de ne pas avoir de vrai contact avec Van était apparue, il lui manquait même quand son image était là. Ce n’était pas vraiment lui, pas vraiment sa voix. Elle aurait voulu pouvoir le toucher, sentir son odeur, et sa respiration. Et elle avait fini par comprendre que le Van qu’elle avait devant elle n’était qu’une illusion, un prolongement. Ce n’était pas vraiment Van. Elle avait souffert longtemps de ça, sans qu’il semble s’en apercevoir. Mais dans ses yeux, Hitomi avait lu la même douleur que la sienne. Alors elle avait décidé de couper leur lien. Pour leur bien à tous les deux. Ça n’aurait pas pu continuer comme ça, ils seraient devenus complètement fous. Lorsqu’elle lui avait annoncé en pleurant qu’elle ne lui parlerait plus, il n’avait rien dit. Il avait tendu sa main transparente vers elle, l’avait posée sur sa joue. Mais bien sûr elle ne la sentait pas, malgré le désir qu’elle en avait. Et doucement, l’image de Van, l’illusion de Van s’était effacée, avait disparu. Il respectait sa décision.

Hitomi avait eu mal, tellement mal qu’elle avait cru qu’elle en mourrait. Elle était persuadée qu’elle ne pourrait plus jamais aimer.

Et puis Shinji était arrivé.

Elle avait cru que tout était rentré dans l’ordre, que tout était fini. Qu’elle allait enfin pouvoir vivre normalement.

Et là, Merle apparaissait.

Qu’allait-il se passer, maintenant ? Qu’allait-il arriver ? Que dirait Van en la voyant ? Hitomi finit par s’endormir d’un sommeil agité.

Quelqu’un la réveilla en la secouant, et en ouvrant les yeux, elle constata qu’il s’agissait de Merle. Elle n’avait pas rêvé. Le retour sur Gaia était maintenant inévitable. « Allez ! Le soleil est levé ! On y va ! »

Hitomi se leva, encore un peu endormie, et entra dans sa chambre. Elle prit son sac de sport (le « nouveau », celui qu’elle avait acheté après avoir oublié l’autre à Pallas) et fourra dedans des vêtements de rechange. Puis, du fond du tiroir de sa table de chevet, elle tira son jeu de tarot. Elle hésita longtemps.

Depuis son retour de Gaia, elle ne l’avait plus du tout utilisé, et d’ailleurs elle n’avait plus eu de vision non plus.

Finalement, elle le laissa au fond de son tiroir. Ses visions reviendraient peut-être une fois sur Gaia, mais elle ne voulait pas risquer d’être tentée de changer le Destin en utilisant ses tarots pour voir l’avenir. Plus jamais.

Hitomi ressortit de la chambre. Elle était dans une sorte d’état second. Elle avait relégué ses peurs au fond d’elle, pour ne plus se concentrer que sur l’aspect pratique de son voyage. Elle déposa un mot à ses parents, et fit enfiler à Merle un long manteau à capuche pour ne pas qu’on la remarque, malgré les protestations outrées de celle-ci. Elles sortirent enfin, et se dirigèrent vite vers le parc. Merle regardait tout avec avidité, curiosité, et elle mourrait d’envie de visiter le monde d’Hitomi qui avait l’air si intéressant, mais elles n’avaient pas le temps. Au moment où elles arrivaient enfin au parc, vide à cette heure-ci, une voix retentit derrière elle :

– Hitomi !

La jeune fille se retourna pour voir arriver Yukari en courant. Cette dernière l’attrapa par le bras pour la retenir.

– Hitomi ! Comment tu peux faire ça ? Partir sans prévenir personne ! Si je n’avais pas rencontré Shinji par hasard…

– Je suis désolée, Yukari. Je n’avais pas l’intention de partir longtemps.

– Que se passe-t-il ? Tu retournes là-bas ? Pourquoi ?

– Ils ont besoin de moi.

– Tu ne peux pas y aller ! s’écria Yukari. Est-ce que tu te rends compte de ce que cela implique ? Est-ce que à ton retour, ce sera la même chose, des larmes, de la souffrance ? Et pense à Shinji ! Tu ne peux pas lui faire ça !

– Mais tu ne comprends pas ! répliqua Hitomi au désespoir. Il n’est pas question de Van ! Ils ont vraiment besoin de moi, j’aime Shinji et ça n’y changera rien, tu entends ? Rien ! Au contraire ! J’ai besoin de mettre les choses au clair, tu comprends ? De me débarrasser de tout ça ! Et le meilleur moyen, c’est de l’affronter.

Yukari, le regard sombre, lâcha son amie et s’écarta. Elle jeta un coup d’œil à Merle qui avait écouté la dispute d’un air un peu effrayé, puis regarda de nouveau Hitomi.

–Très bien, Hitomi, dit-elle. Vas-y.

– Merci, Yukari. Je t’assure que tout ira bien.

– Y’a intérêt. Parce que sinon, si je te vois revivre la même chose que la dernière fois, je trouverai un moyen d’aller sur cette foutue planète, et je te jure que je tuerai ce Van Fanel de mes propres mains, tout roi qu’il soit ! menaça Yukari.

Hitomi eut un bref sourire, et prit la main de Merle. « A bientôt, Yu, », dit-elle à son amie. Elle leva l’énergist au dessus de sa tête, et, la gorge serrée, pensa très fort à Fanélia. La colonne de lumière se forma presque tout de suite, plus brillante que jamais, Merle s’accrocha à la taille d’Hitomi, un peu effrayée car son premier voyage ne s’était pas bien passé. Elles furent doucement soulevées dans les airs, emportées par la puissance de la colonne. Hitomi ferma les yeux, savourant cette sensation incroyable d’invulnérabilité que provoquait la lumière bleue, et le plaisir simple de voler.

Shinji, dissimulé derrière des arbres, la regarda disparaître dans le ciel avec l’impression désagréable que c’était la dernière fois qu’il la voyait. Il n’était plus vraiment rassuré. Surtout maintenant qu’il avait entendu la conversation de Yukari et Hitomi. Van Fanel. Il y avait là-haut, quelque part dans les étoiles, sur une planète inconnue, un garçon qu’Hitomi avait aimé. Et à cause de qui elle souffrait encore.

Shinji serra les dents, soudain furieux de l’avoir laissée partir sans combattre. Il devait parler à Yukari. Il fallait qu’il connaisse la vérité.

Le voyage dura à peine quelques secondes. Lorsque Hitomi ouvrit les yeux, elle se trouvait dans la clairière de la forêt où était enterré Folken. Escaflowne n’était plus là. Merle la lâcha. « C’était génial ! » s’écria-t-elle, enthousiaste.

Hitomi ne répondit pas. Une étrange sensation s’était emparée d’elle, mélange de joie et de peur. Elle reconnaissait tout ici, tout lui semblait familier, et c’était comme si chaque chose était particulière. Elle reconnaissait l’ombre des arbres, le souffle du vent, l’odeur de la terre. C’était ici, à cet endroit précis qu’elle avait quitté Gaia, croyant que c’était pour de bon. Et la voilà qui était de retour. Elle n’était plus très sûre de savoir pourquoi elle était revenue. En fait elle n’était plus très sûre de rien. Elle savait seulement qu’elle se sentait bien, et que chaque chose ici l’accueillait, la fêtait.

– Bonjour, mademoiselle, fit soudain une voix.

Hitomi sursauta, émergea de son rêve et se tourna vers l’origine de la voix.

– Luhm !

L’homme-loup s’inclina.
– Pour vous servir. Je vous attendais. Le voyage s’est bien passé ?

– L’aller était terrible ! répondit Merle à sa place. J’étais épuisée, mais heureusement je suis tombée tout de suite sur Hitomi. On est restée dormir chez elle. La Lune des Illusions est incroyable ! Il y a tant de choses bizarres, et les gens sont vraiment habillés curieusement ! Et puis la copine d’Hitomi voulait pas qu’elle parte, mais on a fini par partir. C’était génial ! j’ai rien senti, j’avais l’impression d’avoir des ailes !

Luhm eut un sourire indulgent, et s’adressa de nouveau à Hitomi.

– Je savais que vous viendriez. Vous n’auriez pu laisser vos amis dans ces difficultés, et pour cela je vous respecte. Mais pour le moment, il vaut mieux rentrer à Fanélia. Le roi est parti tôt ce matin pour inspecter les lignes de front au nord, il n’a pas eu le temps de se rendre compte de l’absence de Merle, mais il ne devrait pas tarder à rentrer. Je pense qu’il vaudrait mieux que vous voyiez d’abord le général Schézar.

– On y va, Luhm ! lança Merle.

Elle prit la main d’Hitomi et l’entraîna hors de la clairière. Elles atteignirent bientôt la ville, et Hitomi ouvrit de grands yeux émerveillés. Lorsqu’elle avait quitté Gaia, Fanélia était encore en reconstruction. Maintenant qu’elle était finie, on aurait dit qu’elle n’avait jamais été détruite, elle était identique à la première, ou presque.

– C’est merveilleux, dit-elle. C’est comme si rien ne s’était passé. Fanélia est tellement belle !

– On vient juste de la finir, expliqua Merle. Les gens n’ont pas envie de la perdre une seconde fois ! Cette guerre tombe mal. Viens, il vaut mieux se dépêcher.

Et enfin, le palais. Hitomi eut un choc : dans la cour, des guymelefs de combat semblaient attendre qu’on les envoie au front. Il y en avait des centaines. Et autour des soldats s’agitaient. Le cœur d’Hitomi se serra. La guerre, encore. Toujours. Pourquoi ? Fanélia était un pays fait pour la paix, le bonheur et la joie ! L’idée de ce que la guerre allait provoquer la révulsa, elle se promit de faire tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher ça.

Une rumeur monta soudain, les soldats qui s’affairaient s’arrêtèrent et levèrent les yeux aux ciel. « Le voilà, murmura Merle. Van arrive. »

Hitomi regarda le ciel à son tour, dans sa poitrine, son cœur s’était emballé comme un cheval terrifié, et à cet instant elle aurait donné n’importe quoi pour être à des milliers de kilomètres de là. Il valait mieux qu’elle se calme.

Sur la ligne d’horizon, un dragon blanc apparut, volant à toutes vitesses, et au fur et à mesure qu’il approchait une tache rouge s’agrandissait, devint un débardeur, puis se dévoila un visage connu surmonté d’une tignasse noire ébouriffée.

Van fit atterrir Escaflowne sans douceur, et sauta au sol. « Il n’a quasiment pas changé », pensa Hitomi, une boule dans la gorge. Son visage était simplement plus mature. Ce n’était plus un simple adolescent. Elle avait devant elle le roi Van Slanzar de Fanel, dernier descendant du peuple du Dieu Dragon. Le roi de Fanélia.

Elle n’aurait pas su dire si elle était heureuse ou pas de le voir. C’était simplement étrange. Ses jambes tremblaient légèrement, elle avait l’impression qu’elles étaient en coton, et elle posa une main sur l’épaule de Merle pour se soutenir. Et puis elle remarqua qu’il ne portait pas son pendentif, et elle se sentit blessée sans vraie raison…Il n’avait plus à le garder, maintenant. Les soldats s’inclinèrent devant lui.

– Appelez-moi le général Schézar ! demanda Van.

– Tout de suite, majesté !

Merle voulut sauter au cou de Van, mais Hitomi la retint. Pas tout de suite. Il n’était pas encore temps de se montrer.

Allen arriva quelques instants plus tard. Lui non plus n’avait pas changé. Toujours le même.

– Alors Van ? demanda-t-il. Tu devrais prévenir quand tu pars comme ça ! On ne sait jamais. Il ne faut pas que tu partes seul.

– J’avais pas le temps. On a réussi à contrer l’avancée, mais ces traîtres sont très forts ! Il nous faut des renforts. Il faudrait que tu détaches l’escadron sept.

– Est-ce que tu veux que je m’en occupe personnellement ?

– Non, les renforts suffiront. Par contre, les espions ont prévenu qu’il y aurait un affrontement violent sur le côté ouest de la Montagne Sage demain. Là, il faudra que tu y sois avec ton équipage et le Croisé.

– Et toi ? demanda Allen, soupçonneux.

– Je m’occuperai de l’avancée du front sud.

– Tu n’iras pas seul. Gadès restera avec toi !

– Pas la peine. Escaflowne me suffit.

– Van, tu n’es pas qu’un guerrier, tu es aussi un roi ! Ton peuple a besoin de toi, et s’il t’arrive quoique ce soit…Gadès viendra avec toi.

Van haussa les épaules. Si ça pouvait le rassurer…Allen avait toujours tendance à trop s’en faire. Le jeune roi se tourna vers Kean, le Conseiller Diplomate.

– Des nouvelles des renforts de Fleid ? demanda-t-il.

– Aucune.

– Enfer ! Mais que fabrique Cid ?

– Ce n’est qu’un enfant, fit doucement remarquer Allen.

– Oui, mais on a besoin de ces renforts !

– Par contre, le premier détachement de l’armée d’Astria est à mi-chemin. La reine Mirana a accepté votre plan, intervint Kean.

– Parfait.

Van sortit une carte de sa poche, et l’étala sur un guymelef devant lui. « Bien, dit-il, sourcils froncés, nous effectuerons la contre-attaque près des Plaines Blanches dans six jours. Ça nous permettra de nous rapprocher de Zaïbacher, Bazhram cache ici une bonne partie de ses effectifs. Il nous faut un maximum de guymelefs. A droite, l’armée d’Astria, à gauche, celle de Fleid, et nous serons au centre. Mais au cas où les renforts de Cid n’arrivaient pas assez vite, Allen tu t’en occuperas avec ton escadron personnel. Ça devrait suffire pour tenir un temps. A ce moment là si tout se passe bien, les escadrons douze et trois pourront venir te donner un coup de main et…Oh, Allen, tu m’écoutes ? ? ! ! »

Mais le général Allen Schézar n’écoutait pas le roi Van Slanzar de Fanel. Il fixait un point derrière le jeune homme. Ses yeux paraissaient stupéfaits, il avait une expression d’incrédulité sur le visage. Puis un lent sourire se dessina sur ses lèvres. Van, intrigué, se retourna. « Qu’est-ce qu’il… ». Il ne put terminer sa phrase. Il avait l’impression que la foudre lui était tombé sur la tête. Ce n’était pas possible. Non. Pas possible.

Allen fut le premier à réagir.

– Hitomi ! prononça-t-il pour lui-même, à voix basse, en marchant rapidement vers elle.

Il la prit dans ses bras, la serra contre lui, puis la regarda.

– Tu n’as presque pas changé ! fit-il. Oh je suis vraiment heureux de te voir !

– Moi aussi, Allen, répondit-elle en souriant.

– Ça fait combien de temps que tu es là ?

– Je viens d’arriver. Je n’ai pas osé vous déranger.

Van réagit enfin. Il s’approcha d’eux d’un pas un peu mécanique.

– Bonjour, Hitomi, dit-il sans la regarder dans les yeux.

– Bonjour, Van, répondit-elle de la même manière.

Allen fronça un instant les sourcils, mais intervint très vite pour détendre l’atmosphère :

– Quel bon vent t’amène ?

– Pas si bon que ça, répliqua Hitomi. Je suis venue vous aider.

Van fixait Merle d’un air furieux. Celle-ci s’était réfugiée derrière Hitomi.

– Ce n’était vraiment pas la peine, dit-il, les dents serrés.

– Van, quoiqu’il arrive, je ne laisserai pas mes amis seuls face au danger, tu entends ? Maintenant que je suis là, j’y reste !

Hitomi avait dit ça d’un ton furieux, et il ne répondit rien. « Comme si j’avais pas déjà assez de problèmes comme ça », pensa-t-il.

– C’est Merle qui t’a appelé ? demanda-t-il.

– Non, mentit-t-elle. J’ai eu une vision. Et j’ai trouvé Merle et Luhm sur mon chemin.

« Luhm aussi est dans le coup ? » marmonna-t-il.

– Quoi ?

– Non, rien.

– Van, puisque tu rentres au palais pour faire ton rapport, emmène Hitomi, intervint Allen. On discutera ce soir.

Van hésita, mais il n’avait aucun moyen de se défiler. Il acquiesça. « Allons-y », dit-il. Hitomi et Merle lui emboîtèrent le pas, et Allen les regarda s’éloigner, l’air soucieux. Evidemment, le retour d’Hitomi était une bonne chose pour eux tous, mais Van…Enfin, la seule chose à faire était d’attendre et de voir.

Le trio marchait en silence. Van et Hitomi ne trouvaient rien à se dire, et Merle, consciente que Van était fâché contre elle malgré le mensonge d’Hitomi, préférait ne pas se faire remarquer. Dans le palais, Van la guida jusque devant une porte, puis se tourna vers elle.

– C’est le Petit Salon. Je vais te laisser avec Séréna.

Hitomi acquiesça, Van frappa et entra.

Séréna était assise sur une chaise, face à une petite table. Ses cheveux blonds avaient repoussé, il ne restait en elle rien du terrifiant Dilandau.

Face à elle, une autre jeune fille aux longs cheveux noirs, très belle, dans une robe rouge. Ses yeux bleu pâle s’éclairèrent en voyant Van entrer, elle se leva et courut vers lui.

– Van ! Vous êtes revenu ! N’êtes vous pas blessé ?

– Ne vous inquiétez pas, répondit-t-il. Tout va bien.

Apparemment rassurée, la jeune fille se recula et Van entra complètement dans la pièce. Il s’effaça devant Hitomi.

– Hitomi, je te présente Elianor d’Alana. Nous sommes fiancés.

Il avait dit ça presque d’un ton de défi. Hitomi sourit à Elianor.

– Enchantée de faire votre connaissance, dit-elle avec sincérité.

Elle disait la vérité, et Van le sentit. Hitomi n’avait aucune raison de lui en vouloir.

– Je suis sûre que je le serais aussi si je savais qui vous étiez, répondit Elianor en regardant Van d’un air de reproche.

– Euh…oui, fit celui-ci. Elianor, voici Hitomi Kanzaki. Elle arrive de loin pour nous aider.

Séréna, est-ce que tu pourrais t’occuper d’elle, s’il te plait ? Il me reste des choses à faire.

– Bien entendu, répondit la sœur d’Allen en souriant.

Van s’apprêta à sortir, mais se ravisa au dernier moment.

– Oh, Hitomi…

– Qu’est-ce qu’il y a, Van ?

Le jeune roi hésita, mais finit par dire :

– Je te suis très reconnaissant d’être venue, et d’avoir proposé de nous aider. Malgré tout.

– Oui, malgré tout, répondit Hitomi d’une voix lente. Mais tu n’as pas à me remercier. J’ai fait ce que j’avais à faire. Comme toujours.

– Oui, comme toujours, répéta-t-il d’une voix un peu amère.

– Nous ne sommes plus des enfants, Van. Vous êtes mes amis, et rien n’aurait pu m’empêcher de venir vous aider.

Van acquiesça et referma la porte. Hitomi se tourna alors vers les deux jeunes filles. Séréna s’était levée et approchée.

– Séréna, fit Hitomi en souriant.

– Hitomi, fit Séréna avec le même sourire.

Elles se regardèrent un instant, puis éclatèrent de rire sous le regard étonné d’Elianor.

– Je suis heureuse de te revoir, finit par dire Hitomi.

– Moi aussi. Maintenant que tu es là, tout va aller mieux.

Hitomi ne dit rien, mais prit un air un peu sceptique.

– Excusez-moi, intervint Elianor en se tournant vers elle, mais pourriez-vous me parler un peu de vous ? Vous semblez connaître tout le monde, et vos vêtements sont si étranges !

Merle, qui était restée autant pour la confrontation d’Elianor et d’Hitomi que pour ne pas subir la colère de Van, s’avança alors, et répondit à la place de la jeune Terrienne :

– Hitomi est une grande magicienne qui arrive de l’autre bout de Gaia. Elle peut lire l’avenir. Et elle a des visions. Et elle porte chance.

– Vraiment ? demanda Elianor, en souriant, sans croire un mot des élucubrations d’une simple fille-chat.

– Vraiment, insista Séréna. Si la guerre contre Zaïbacher a été gagnée, c’est presque uniquement grâce à elle.

– Vous exagérez vraiment toutes les deux, répondit Hitomi, gênée. Je n’ai rien fait. Ce sont Van et Allen qui…

– Vous formiez une belle équipe, tous les trois, surtout Van et toi, ajouta Séréna d’une voix douce. Invincibles. Et j’en sais quelque chose.

Il y eut un silence, pendant lequel Séréna et Hitomi se regardèrent, Merle avait pris la main de la sœur d’Allen, et Elianor se sentait à part, exclue de ce silence qui n’avait pas de réelle signification pour elle.

– Je vais t’accompagner à ta chambre, finit par dire Séréna.

Hitomi acquiesça, les deux jeunes filles sortirent avec Merle, laissant Elianor un peu fâchée. Dans les couloirs, elles ne prononcèrent pas un mot, mais une fois arrivées devant la porte, Séréna se tourna vers Hitomi.

– Est-ce que tu es revenue de toi même ?

– Non, avoua Hitomi. C’est Merle qui est venu me chercher. Je suis revenue parce que vous aviez des ennuis et je repartirai lorsque ce sera fini.

– Est-ce que tu crois qu’il y aura des conséquences à ta présence ici ? Je veux dire…avec Van.

– Elianor a l’air d’être une fille bien, dit Hitomi pour seule réponse.

– Oui, acquiesça Séréna.

– C’est tout ce qui importe. Il y aussi un garçon bien qui m’attend sur Terre. Un garçon avec qui je passerai probablement le reste de ma vie.

Séréna comprit et n’ajouta rien. Les deux jeunes filles entrèrent dans la chambre sans entendre Merle murmurer : « Et bien moi je trouve Elianor hautaine et ce Shinji sans intérêt. Si Van ne m’épouse pas, et bien autant qu’il épouse Hitomi ! ».

En entrant dans la chambre, Hitomi ouvrit de grands yeux surpris et ravis. La chambre était grande, ressemblant à celle qu’elle avait à Pallas, mais les immenses fenêtres où le Soleil entrait à flot donnaient sur Fanélia et la Forêt des Dragons.

– Nous allons te laisser t’installer, annonça Séréna.

Elles sortirent toutes les deux, laissant Hitomi seule. Cette dernière posa son sac à terre, s’écroula sur son immense lit, et tourna les yeux vers la Terre, là haut, dans le ciel. Que faisait Shinji, à cet instant ? Elle soupira, se demandant comment toute cette histoire allait se terminer. Elle fixa longuement le plafond, son esprit flottant dans un demi-sommeil, sans penser réellement à quelque chose.

(suite)

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