Originale : L'enjeu
Jul. 15th, 2011 12:05 pm![[personal profile]](https://www.dreamwidth.org/img/silk/identity/user.png)
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L’enjeu
Prompt : coma pour
bingo_fr
Censure : G/K
Genre : métaphores pas subtiles
Résumé : La guerre, Ω l’emportera toujours. A est ainsi fait : il ne gagne que les batailles.
Date : jeudi 14 juillet 2011
Le lit d’hôpital est entouré de machineries plus ou moins bruyantes, qui ronronnent ou cliquètent – une infirmière prend des notes et Le Chien va lui renifler le mollet avant de se désintéresser.
Ω lui tapote la tête d’un geste absent, puis sourit de toutes ses dents. A est assis dans un coin de la pièce, bras croisés derrière une table. Un jeu d’échecs a été mis en place, déjà. Ω lève les yeux au ciel, Le Chien se précipite vers A et réclame de l’attention.
« Tu parles d’une loyauté éternelle, dit Ω d’un ton amusé.
— Tu es en retard, remarque A, sourcils froncés.
— Et tu m’imposes encore les échecs, tu t’étonnes que je recule le moment de m’y mettre ?
— Si tu étais à l’heure, tu aurais voix au chapitre. »
Ω s’assoit devant le jeu, le regard tourné vers le corps allongé sur le lit. L’infirmière est ressortie, emportant avec elle son sentiment de fatigue.
« Arriver à l’heure, c’est risquer d’arriver avant toi, dit Ω. Je gagnerais d’office. »
A le sait parfaitement – parfois, il ne se montre pas, déclare forfait sans même faire semblant de se battre.
C’est de la compassion, bien sûr, même s’il prétendrait qu’il avait simplement autre chose à faire de plus important (ah ! autre chose à faire !). Ω n’a jamais été dupe.
Rassuré sur l’affection qu’A lui porte, Le Chien se laisse tomber à leurs pieds, langue pendante et oreilles dressées.
« Fais-moi plaisir, ajoute Ω. La prochaine fois, change de jeu. N’importe quoi d’autre. Les mikados, c’est sympa, ça, les mikados ! »
A ne daigne même pas lui répondre.
« Blanc ou noir ? »
Ω prend quelques secondes pour réfléchir, observe le visage d’A qui, comme toujours, ne montre rien. Il peut être imprévisible, A, souvent même, malgré ses petites manies, ses routines et son éternel échiquier.
« Blanc », se décide-t-il en haussant mentalement les épaules.
Peu importe, après tout – l’enjeu… l’enjeu n’est pas si important pour lui. La guerre, Ω l’emportera toujours. A est ainsi fait : il ne gagne que les batailles.
Mais elles sont importantes pour lui, ces batailles.
Si Ω était quelqu’un de bien, de meilleur plutôt, il les lui laisserait. Il aime trop leurs jeux pour cela. Lorsque A s’anime et lutte de toutes ses forces, lorsque le combat lui tient à cœur, que l’éternité s’écoule et recommence avant que l’un ou l’autre accepte la défaite…
Ω ne peut s’en passer.
Et puis, de toute façon, A s’ennuierait tellement, sans lui.
Ω avance son premier pion.
-
« Échecs et mat », murmure A.
Un sourire éclaire son visage – brillant et franc comme sa victoire. Ω a un petit rire, il s’étire ; le combat fut satisfaisant, il n’a pas de regret. Peut-être même l’a-t-il prolongé un peu trop, sur la fin, alors qu’il se savait déjà vaincu.
A se lève. Le Chien bat de la queue, lui donne un coup de langue et s’étire de tout son long, le derrière en l’air. A croise les bras, impatient.
« Je m’en vais, je m’en vais », s’amuse Ω.
Il se lève et s’apprête à sortir, Le Chien à sa suite.
« La prochaine fois, dit A, amène le jeu. »
Ω lui sourit de toutes ses dents et passe le seuil de la porte. Il se retourne tout de même pour regarder, parce qu’il ne se lasse pas de ce moment – A s’approche du lit, pose la main sur le front du corps endormi.
Avec une tendresse infinie, il effleure les paupières closes.
L’une des machines, à côté, s’affole.
Les paupières cillent.
A recule, irradiant son plaisir. Ω se laisse toucher un instant par la grâce, puis disparaît.
(fin)
615 mots
Prompt : coma pour
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Censure : G/K
Genre : métaphores pas subtiles
Résumé : La guerre, Ω l’emportera toujours. A est ainsi fait : il ne gagne que les batailles.
Date : jeudi 14 juillet 2011
Le lit d’hôpital est entouré de machineries plus ou moins bruyantes, qui ronronnent ou cliquètent – une infirmière prend des notes et Le Chien va lui renifler le mollet avant de se désintéresser.
Ω lui tapote la tête d’un geste absent, puis sourit de toutes ses dents. A est assis dans un coin de la pièce, bras croisés derrière une table. Un jeu d’échecs a été mis en place, déjà. Ω lève les yeux au ciel, Le Chien se précipite vers A et réclame de l’attention.
« Tu parles d’une loyauté éternelle, dit Ω d’un ton amusé.
— Tu es en retard, remarque A, sourcils froncés.
— Et tu m’imposes encore les échecs, tu t’étonnes que je recule le moment de m’y mettre ?
— Si tu étais à l’heure, tu aurais voix au chapitre. »
Ω s’assoit devant le jeu, le regard tourné vers le corps allongé sur le lit. L’infirmière est ressortie, emportant avec elle son sentiment de fatigue.
« Arriver à l’heure, c’est risquer d’arriver avant toi, dit Ω. Je gagnerais d’office. »
A le sait parfaitement – parfois, il ne se montre pas, déclare forfait sans même faire semblant de se battre.
C’est de la compassion, bien sûr, même s’il prétendrait qu’il avait simplement autre chose à faire de plus important (ah ! autre chose à faire !). Ω n’a jamais été dupe.
Rassuré sur l’affection qu’A lui porte, Le Chien se laisse tomber à leurs pieds, langue pendante et oreilles dressées.
« Fais-moi plaisir, ajoute Ω. La prochaine fois, change de jeu. N’importe quoi d’autre. Les mikados, c’est sympa, ça, les mikados ! »
A ne daigne même pas lui répondre.
« Blanc ou noir ? »
Ω prend quelques secondes pour réfléchir, observe le visage d’A qui, comme toujours, ne montre rien. Il peut être imprévisible, A, souvent même, malgré ses petites manies, ses routines et son éternel échiquier.
« Blanc », se décide-t-il en haussant mentalement les épaules.
Peu importe, après tout – l’enjeu… l’enjeu n’est pas si important pour lui. La guerre, Ω l’emportera toujours. A est ainsi fait : il ne gagne que les batailles.
Mais elles sont importantes pour lui, ces batailles.
Si Ω était quelqu’un de bien, de meilleur plutôt, il les lui laisserait. Il aime trop leurs jeux pour cela. Lorsque A s’anime et lutte de toutes ses forces, lorsque le combat lui tient à cœur, que l’éternité s’écoule et recommence avant que l’un ou l’autre accepte la défaite…
Ω ne peut s’en passer.
Et puis, de toute façon, A s’ennuierait tellement, sans lui.
Ω avance son premier pion.
-
« Échecs et mat », murmure A.
Un sourire éclaire son visage – brillant et franc comme sa victoire. Ω a un petit rire, il s’étire ; le combat fut satisfaisant, il n’a pas de regret. Peut-être même l’a-t-il prolongé un peu trop, sur la fin, alors qu’il se savait déjà vaincu.
A se lève. Le Chien bat de la queue, lui donne un coup de langue et s’étire de tout son long, le derrière en l’air. A croise les bras, impatient.
« Je m’en vais, je m’en vais », s’amuse Ω.
Il se lève et s’apprête à sortir, Le Chien à sa suite.
« La prochaine fois, dit A, amène le jeu. »
Ω lui sourit de toutes ses dents et passe le seuil de la porte. Il se retourne tout de même pour regarder, parce qu’il ne se lasse pas de ce moment – A s’approche du lit, pose la main sur le front du corps endormi.
Avec une tendresse infinie, il effleure les paupières closes.
L’une des machines, à côté, s’affole.
Les paupières cillent.
A recule, irradiant son plaisir. Ω se laisse toucher un instant par la grâce, puis disparaît.
(fin)
615 mots