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Les chemins qui tremblent
Prompt : Last thing that I remember, Things were getting better, And I'd go anywhere with you (La dernière chose dont je me souviens, les choses commençaient à aller mieux, et je serai allé n'importe où avec toi) [Shampoo, Scarlett Johansson et Pete Yorn] de
tipitina pour
marathon_prompt Spécial NaNo
Couple/personnages : Bruce/Dick
Spoilers : de Batman RIP à aujourd’hui + les spoilers connus concernant l’avenir immédiat de la batfamille
Censure : T/PG-13
Date : samedi 18 septembre 2010
Disclaimer : Je ne claim rien sauf le droit de nier le canon !
Note : Wtf v_v C’était pas DU TOUT censé prendre cette direction. @___________@ Heu, schmoop au chocolat amer droit devant, capitaine.
Dick lâcha un petit rire et pressa la paume de ses mains contre ses yeux. Bruce allait le rendre dingue.
« Dick », dit-il.
Il avait l’air tellement pris au dépourvu que Dick eut beaucoup de mal à ne pas lui mettre son poing dans la figure. Avec la surprise, il l’aurait peut-être même touché.
« Quand on a appris que tu n’étais pas mort, je crois que la première chose à laquelle j’ai pensé, c’était que j’allais pouvoir redevenir Nightwing, mais je serais resté à Gotham parce qu’il n’y a pas moyen que je laisse Damian seul avec toi et…
— Je croyais qu’être Batman ne te dérangeait plus », coupa Bruce.
Il y avait quelque chose de blessé dans la tension qui émanait de lui. Dick eut de nouveau envie de rire. Il se retint, de crainte de sombrer dans l’hystérie.
« Bon Dieu, Bruce. »
Au début, il avait trouvé étrange d’être dans la batcave, en Batman, et de voir Bruce en civil devant lui. Mais Bruce était tellement… lui-même, avec ou sans costume. Dick se passa une main gantée dans les cheveux.
« Tu es revenu d’entre les morts il y a trois semaines. On vient de se réinstaller au manoir, Tim a encore de la peine à te lâcher des yeux, Damian commence tout juste à s’habituer à ta présence, Alfred… Alfred a rajeuni de dix ans et Jason est passé au manoir deux fois. Deux fois. C’est plus que ce qu’on l’a vu de son plein gré en un an. Cass est enfin sortie de sa cachette. Et je… »
Dick s’interrompit.
« Et tu me dis que tu veux partir. Pour “aider les jeunes héros à travers le monde”. »
Non, ça ne passait pas non plus quand c’était lui qui le prononçait.
« Vous avez une bonne équipe, dit Bruce. J’ai confiance en vous. Tu es meilleur que tu ne l’as jamais été, Dick. Je n’ai plus rien à t’apprendre, plus rien à t’apporter. »
Cette fois le coup de poing partit tout seul, prenant Dick comme Bruce par surprise. Dick eut probablement plus mal aux jointures que Bruce à la mâchoire mais, merde, ça faisait du bien.
Bruce lui jeta un regard stupéfait ; Dick se détourna et se dirigea à grands pas vers les vestiaires.
Cassandra partirait avec Bruce, songea-t-il, le cœur battant dans sa gorge. Tim aussi, probablement, au moins au début. Ainsi qu’Alfred, bien entendu, Bruce était incapable de se débrouiller seul dans la vie quotidienne. Dick et Damian pourraient retourner à l’appartement de la Wayne Tower… à moins que Damian décide de suivre son père, ce qui était tout à fait possible.
Dick se débrouillerait avec Steph, elle avait fait d’énormes progrès ; il pourrait consolider l’alliance avec Batwoman, et peut-être Manhunter.
Et puis tant qu’il y aurait Barbara, Gotham survivrait.
Hébété, il détacha la cape qui tomba par terre dans un bruit sourd, retira un gantelet. Il sentit la présence de Bruce derrière lui à l’instant où le cuir toucha le sol. Dick refusa de réagir. Du moins jusqu’à ce qu’il sente une main sur son épaule. Il se retourna brutalement, Bruce recula d’un pas et lui saisit rapidement les poignets. Dick serra les dents, furieux, et faillit se tordre le bras pour le blesser avec les lames du gantelet gauche, le forcer à le lâcher.
Croiser le regard de Bruce le calma instantanément.
« C’est de te voir aussi accompli qui me donne envie d’aller former d’autres héros, dit Bruce comme si la marque du poing de Dick n’était pas imprimée sur son visage. Sous ta tutelle, Damian a fait des progrès remarquables, en tant que justicier et en tant qu’individu. Tu as pris Gotham en main en un temps record, tu l’as remise sur pied. »
Dick laissa échapper un rire cassé.
« On a été en alerte rouge tout le temps.
— Gotham est constamment en alerte rouge, tu le sais aussi bien que moi.
— Pas à ce point, pas comme ça…
— Dick, tu as tenu tête à Black Mask, au Joker, à Hush. Une année d’état d’urgence et Gotham est toujours debout. Sans compter tes responsabilités à la JLA. Et tu es toujours là, toujours prêt à sortir nuit après nuit. »
Dick secoua la tête.
« On a besoin de toi », dit-il avant d’ajouter malgré lui : « J’ai besoin de toi.
— Non. Lorsque je suis là, tu te reposes sur moi. Tu n’avances plus.
— Ne me dis pas que tu t’en vas pour m’aider. »
Ou Dick se sentirait obligé de le frapper une seconde fois.
« Je m’en vais parce que d’autres ont besoin de moi là où toi non. »
Dick ferma les yeux.
« Alors si j’ai besoin de toi là où d’autres non, tu restes ?
— Dick… »
Dick s’appuya de tout son poids contre Bruce, ses bras prisonniers entre leurs deux torses. Il se hissa suffisamment sur la pointe des pieds et l’embrassa.
Bruce avait le goût de café ; la Nespresso avait dû fonctionner toute la nuit.
Bruce l’avait lâché immédiatement, sans reculer, alors Dick prolongea son baiser à sens unique plus longtemps qu’il n’aurait dû.
Il s’écarta à regret, passa la langue sur les lèvres, esquissa un sourire vainqueur.
« Tu peux partir, maintenant », dit-il, la voix ferme.
Il se détourna avant que son expression s’effondre et entreprit de retirer le deuxième gantelet. Il espérait que Bruce quitterait vite la pièce parce qu’il voulait garder le peu de dignité qui lui restait.
Courage, Grayson, encore quelques secondes et tu pourras aller pleurer comme un gosse sous la douche.
Deux bras soudains autour de sa taille le tirèrent en arrière, contre un corps, puis il y eut le souffle et les lèvres de Bruce dans son cou.
Dick sentit un frisson le parcourir de haut en bas.
« Bruce », dit-il d’une voix étranglée.
L’étreinte se fit plus insistante, puis Bruce le lâcha et l’incita à lui faire face. Dick se laissa faire, sous le choc.
Bruce le dévisage, indéchiffrable, le regard sombre. Il avait posé une main sur l’épaule de Dick, une autre sur sa joue. La bouche de Dick était sèche.
La main sur sa joue remonta doucement, glissa dans ses cheveux et s’arrêta sur sa nuque. Le regard de Bruce se focalisa sur sa bouche. Dick retint son souffle.
Il allait se réveiller d’un moment à l’autre.
Il s’était probablement endormi sous la douche.
Bruce appuya la main sur sa nuque et l’embrassa.
Dick jeta questions et stupéfaction au feu ; il passa immédiatement les bras autour des épaules de Bruce et répondit au baiser comme si sa vie en dépendait. Bruce le serra dans ses bras, une étreinte à la limite de douloureuse, si bonne, si réelle, aussi réelle que la langue de Bruce contre la sienne, que ses cheveux entre les doigts de Dick.
« Je ne comprends pas ton costume », marmonna soudain Bruce contre ses lèvres.
Dick eut besoin de quelques secondes avant de revenir à la réalité et constater qu’il essayait de lui retirer le costume.
« Oh, attends… »
Dick passa la main à l’intérieur de son torse et effleura la bordure en trois points précis. Le pantalon se sépara immédiatement du haut. Bruce haussa les sourcils.
« Matière expérimentale de Star Labs », expliqua Dick juste avant de retirer sa tunique.
Les mains de Bruce vinrent immédiatement se placer sur sa taille. Dick se mordit la lèvre et appuya le front contre son épaule. Il sentit les mains de Bruce glisser sur sa peau et il s’échappa de sa gorge un son implorant qui aurait dû l’embarrasser.
Mais Bruce l’embrassa à nouveau et honnêtement, il se fichait du reste et de sa dignité.
¤
Il faisait froid, dans la batcave, lorsque vous étiez nu et couvert de sueur. Le sol n’était pas particulièrement confortable et il devait être écrit quelque part dans un livre religieux que faire l’amour sur le costume de Batman était un péché mortel. Mais il aurait fallu une avalanche pour déloger Dick, à moitié allongé sur Bruce, la main de ce dernier lui caressant le flanc. Bruce avait les paupières fermées. Dick le détaillait, s’emplissait avidement de ce moment.
Bruce ouvrit les yeux. Leur regard se croisa ; la main de Bruce cessa d’aller et venir sur son corps. La gorge serrée, Dick toucha doucement la peau enflée de son visage. Bruce plissa les yeux dans une petite grimace.
« Je ne t’ai pas raté, souffla Dick avec un petit sourire. On devrait mettre de la glace dessus.
— Mmh. Allons déjà nous laver. »
C’était clair qu’il n’était pas question de remonter dans leur état. À tous les coups, ils croiseraient l’un des autres habitants du manoir, et tous les acteurs de la scène en seraient affreusement traumatisés.
Ils refirent l’amour sous la douche, lentement et tout en caresses.
Plus tard, assis par terre, dos contre le torse de Bruce et leurs doigts mêlés, Dick pencha la tête en arrière et ferma les yeux sous l’eau chaude.
« Tu sais que tu ne pourras plus jamais te débarrasser de moi ? remarqua-t-il tout bas.
— Ça n’a jamais été l’un de mes objectifs.
— Je sais d’autorité, de multiples autorités, que j’ai les fesses les plus sexy du monde. Je n’hésiterai pas à m’en servir. Jusqu’à ce que tu ne sois plus du tout capable de me résister. »
Quelque chose se mit à vibrer derrière lui, il lui fallut quelques secondes pour comprendre que Bruce riait en silence. Dick rouvrit les yeux ; il voulut se retourner et l’embrasser, parce que Bruce riait, mais ce dernier parla avant :
« Je m’avoue terrifié d’apprendre que tu ne faisais aucun effort jusqu’ici.
— Je flirte avec toi depuis que j’ai seize ans », l’informa Dick, ce qu’il regretta immédiatement.
À son grand soulagement, Bruce ne parut pas submergé par une crise de doute ou de conscience malvenue.
« J’ai toujours pensé que ça te passerait.
— J’ai tout fait pour. »
Il n’avait pas besoin de préciser que ça n’avait pas marché. Dick avait aimé Barbara, Kory et Roy aussi, malgré leur déni véhément sur la nature de leur relation. Il les avait aimés sincèrement et de tout son cœur. Il en aurait aimé d’autres, peut-être.
Mais Bruce était l’homme de sa vie.
Bruce lui caressa doucement la gorge. Dick s’affaissa et appuya la tête contre son épaule.
« Je ne sais pas si je peux te rendre heureux. »
Dick esquissa un sourire.
« Ne te prends pas la tête, Bruce. Savoir que tu me désires, ça me suffit. »
Pour l’instant.
Bruce glissa la main sur son torse.
« Je ne saurai pas te laisser partir, dit-il. Si nous prenons cette direction… »
Quelle direction ? se demanda Dick, les yeux fermés.
La fatigue émotionnelle et physique commençait à le rattraper.
« … ce n’est pas à la légère. Je suis possessif, Dick. Tu le sais. Tu en as subi les conséquences. Je n’ai jamais très bien su te laisser vivre ta vie. Cette situation ne va certainement pas améliorer les choses et c’est aussi… la raison pour laquelle je ne t’ai jamais encouragé. Tu tenais à ton indépendance. Avec justesse. »
Dick émit un bruit pour signifier qu’il écoutait. Il avait du mal à voir où Bruce voulait en venir. Ce n’était pas le moment de parler, c’était le moment de monter se coucher. Les conversations sérieuses pouvaient attendre le lendemain matin.
Classique, songea-t-il. Pour une fois que Bruce s’exprime, il le fait quand je m’en passerais bien…
« Si nous nous engageons dans cette relation, je ne saurai pas te laisser partir. Je pourrais… nous pourrions nous faire beaucoup de mal, Dick. Il faut que ce soit pour de bon. »
Dick secoua doucement la tête, petit sourire amusé aux lèvres.
« Y’a des façons plus sympas de faire une demande en mariage », plaisanta-t-il.
Le silence qui suivit fut pesant et suffisamment long ; il perça la torpeur qui enveloppait agréablement Dick. Il se redressa brusquement, les yeux écarquillés, et se tourna complètement vers Bruce.
Ce dernier le regardait, presque sans expression.
« Quoi ? fit Dick stupidement. Bruce, qu’est-ce que… »
Il se frotta le visage.
« Bordel, tu es vraiment incapable de faire les choses à moitié, dit-il, la voix rauque.
— C’est pourquoi je veux que tu comprennes toutes les conséquences.
— Les conséquences ? Il y a quelques heures tu m’annonçais que tu voulais partir, et d’un coup tu veux qu’on, qu’on… »
Il n’arrivait même pas à le dire à voix haute tellement c’était aberrant.
« Tu n’as pas à répondre tout de suite. Réfléchis-y soigneusement.
— Ne sois pas ridicule, coupa Dick avec un peu d’irritation. Je n’ai pas besoin d’y réfléchir. File-moi une robe de mariée, je saute dedans, ce n’est pas comme si ce serait la première fois que je le fais pour toi. C’est toi qui vas trop vite. »
Il se leva, les jambes légèrement flageolantes de fatigue, et tendit la main à Bruce. Ce dernier la prit et se leva à son tour. Dick ferma l’eau et attrapa les serviettes et les peignoirs propres qu’Alfred changeait tous les jours. Sous le regard mi-amusé, mi-démuni de Bruce, il l’aida à enfiler son peignoir avant de mettre le sien.
Puis Dick appuya une main sur sa nuque. Bruce pencha la tête obligeamment et Dick l’embrassa avec un soupir de satisfaction.
« Je suis crevé, dit-il enfin. Tu n’as pas plus dormi que moi et je ne sais pas combien de litres de café tu as bu, Alfred serait horrifié. Tim t’en voudrait beaucoup s’il nous confisquait la Nespresso. On va aller dormir. Toi dans ton lit, moi dans le mien. »
Tu es malade, fit une petite voix horrifiée dans sa tête. Kidnappe-le et filez à Vegas en batplane, bon sang !
Mais l’acte en lui-même n’avait aucun sens, c’était ce qui le motivait qui importait. Bruce sous-entendait beaucoup avec sa demande. Il ne disait rien clairement. Ou presque. La phrase taboue, la phrase en « A », n’avait jamais été absente entre eux et Dick l’avait entendue clairement ce soir à plusieurs reprises, cachée comme il se doit derrière des paraphrases.
Mais il y avait des choses que Bruce n’avait pas dites.
Il n’avait pas dit qu’il ne partirait plus. Il n’avait pas dit qu’il abandonnait son idée de former d’autres justiciers.
Il avait dit que Dick se reposait trop sur lui lorsqu’il était là. Que Dick avait besoin d’être seul pour évoluer. Et il n’avait certainement pas changé d’idée simplement parce qu’ils avaient couché ensemble.
Bruce partirait parce qu’il jugeait que c’était la meilleure chose à faire, non pas pour Dick, mais pour la Mission à travers Dick. Il avait raison. Et peut-être, quelque part, Dick continuait de lui en vouloir. Mais il avait toujours su que la Mission passerait avant, il l’avait accepté, il le respectait. Et maintenant qu’ils étaient sur la même longueur d’ondes d’un point de vue émotionnel, c’était plus facile à digérer. D’autant que, si les choses se concrétisaient, Dick avait calculé qu’il se passerait encore quelques mois avant le départ officiel de Bruce, et beaucoup de faits pouvaient changer pendant tout ce temps.
Donc, Bruce avait fait sa… demande en sachant qu’il partirait tout de même. Ce n’était ni plus ni moins que ce qu’il avait énoncé plus haut : un acte de possessivité pure, en réaction au fait que Dick « n’avait plus besoin » de lui. C’était exactement la même chose que lui interdire de fréquenter les Teen Titans pour le garder à Gotham.
Dick croyait au mariage, à sa symbolique, à cette volonté de s’offrir et se lier à quelqu’un aux yeux de la loi de son pays. Il croyait à la preuve d’amour qu’il représentait.
Ce n’était pas le cas de Bruce. Il devait s’en aller pour les besoins de la Mission. Il approuvait l’évolution de Dick. Mais maintenant qu’il avait Dick à Gotham, lié au masque de Batman, il devait s’assurer que rien ne viendrait le lui prendre.
Pour Bruce, le mariage était une chaîne qu’il passait au cou de Dick. Avec sincérité, affection et cet autre mot en A. Mais une chaîne.
Dick en était conscient et ça ne changeait rien.
Ce dont il n’était pas sûr, c’était que Bruce comprenait que la chaîne fonctionnait dans les deux sens. La preuve d’amour dont Dick avait besoin, le sens à l’acte, n’existait que si Bruce s’en rendait compte.
« À ton réveil, si tu es toujours dans cette idée, on peut commencer à s’engueuler sur la liste des invités. »
Bruce l’étudia du regard, puis déposa un baiser au coin de sa bouche avec un signe d’assentiment. Il fallut faire un détour par la cuisine pour sortir une poche de glace pour son visage. Ils manquèrent tout de même finir dans le lit de Bruce. Dick n’aurait jamais cru posséder autant de volonté.
Il dormit mal.
À son réveil, Bruce était assis sur son lit, à ses côtés. Dick se redressa avec un sursaut.
Bruce lui caressa la nuque, calme.
« Bonjour », dit-il.
Dick sentit un sourire irrésistible naître sur ses lèvres.
Damian allait adorer être demoiselle d’honneur.
(fin)
2970 mots
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Couple/personnages : Bruce/Dick
Spoilers : de Batman RIP à aujourd’hui + les spoilers connus concernant l’avenir immédiat de la batfamille
Censure : T/PG-13
Date : samedi 18 septembre 2010
Disclaimer : Je ne claim rien sauf le droit de nier le canon !
Note : Wtf v_v C’était pas DU TOUT censé prendre cette direction. @___________@ Heu, schmoop au chocolat amer droit devant, capitaine.
Dick lâcha un petit rire et pressa la paume de ses mains contre ses yeux. Bruce allait le rendre dingue.
« Dick », dit-il.
Il avait l’air tellement pris au dépourvu que Dick eut beaucoup de mal à ne pas lui mettre son poing dans la figure. Avec la surprise, il l’aurait peut-être même touché.
« Quand on a appris que tu n’étais pas mort, je crois que la première chose à laquelle j’ai pensé, c’était que j’allais pouvoir redevenir Nightwing, mais je serais resté à Gotham parce qu’il n’y a pas moyen que je laisse Damian seul avec toi et…
— Je croyais qu’être Batman ne te dérangeait plus », coupa Bruce.
Il y avait quelque chose de blessé dans la tension qui émanait de lui. Dick eut de nouveau envie de rire. Il se retint, de crainte de sombrer dans l’hystérie.
« Bon Dieu, Bruce. »
Au début, il avait trouvé étrange d’être dans la batcave, en Batman, et de voir Bruce en civil devant lui. Mais Bruce était tellement… lui-même, avec ou sans costume. Dick se passa une main gantée dans les cheveux.
« Tu es revenu d’entre les morts il y a trois semaines. On vient de se réinstaller au manoir, Tim a encore de la peine à te lâcher des yeux, Damian commence tout juste à s’habituer à ta présence, Alfred… Alfred a rajeuni de dix ans et Jason est passé au manoir deux fois. Deux fois. C’est plus que ce qu’on l’a vu de son plein gré en un an. Cass est enfin sortie de sa cachette. Et je… »
Dick s’interrompit.
« Et tu me dis que tu veux partir. Pour “aider les jeunes héros à travers le monde”. »
Non, ça ne passait pas non plus quand c’était lui qui le prononçait.
« Vous avez une bonne équipe, dit Bruce. J’ai confiance en vous. Tu es meilleur que tu ne l’as jamais été, Dick. Je n’ai plus rien à t’apprendre, plus rien à t’apporter. »
Cette fois le coup de poing partit tout seul, prenant Dick comme Bruce par surprise. Dick eut probablement plus mal aux jointures que Bruce à la mâchoire mais, merde, ça faisait du bien.
Bruce lui jeta un regard stupéfait ; Dick se détourna et se dirigea à grands pas vers les vestiaires.
Cassandra partirait avec Bruce, songea-t-il, le cœur battant dans sa gorge. Tim aussi, probablement, au moins au début. Ainsi qu’Alfred, bien entendu, Bruce était incapable de se débrouiller seul dans la vie quotidienne. Dick et Damian pourraient retourner à l’appartement de la Wayne Tower… à moins que Damian décide de suivre son père, ce qui était tout à fait possible.
Dick se débrouillerait avec Steph, elle avait fait d’énormes progrès ; il pourrait consolider l’alliance avec Batwoman, et peut-être Manhunter.
Et puis tant qu’il y aurait Barbara, Gotham survivrait.
Hébété, il détacha la cape qui tomba par terre dans un bruit sourd, retira un gantelet. Il sentit la présence de Bruce derrière lui à l’instant où le cuir toucha le sol. Dick refusa de réagir. Du moins jusqu’à ce qu’il sente une main sur son épaule. Il se retourna brutalement, Bruce recula d’un pas et lui saisit rapidement les poignets. Dick serra les dents, furieux, et faillit se tordre le bras pour le blesser avec les lames du gantelet gauche, le forcer à le lâcher.
Croiser le regard de Bruce le calma instantanément.
« C’est de te voir aussi accompli qui me donne envie d’aller former d’autres héros, dit Bruce comme si la marque du poing de Dick n’était pas imprimée sur son visage. Sous ta tutelle, Damian a fait des progrès remarquables, en tant que justicier et en tant qu’individu. Tu as pris Gotham en main en un temps record, tu l’as remise sur pied. »
Dick laissa échapper un rire cassé.
« On a été en alerte rouge tout le temps.
— Gotham est constamment en alerte rouge, tu le sais aussi bien que moi.
— Pas à ce point, pas comme ça…
— Dick, tu as tenu tête à Black Mask, au Joker, à Hush. Une année d’état d’urgence et Gotham est toujours debout. Sans compter tes responsabilités à la JLA. Et tu es toujours là, toujours prêt à sortir nuit après nuit. »
Dick secoua la tête.
« On a besoin de toi », dit-il avant d’ajouter malgré lui : « J’ai besoin de toi.
— Non. Lorsque je suis là, tu te reposes sur moi. Tu n’avances plus.
— Ne me dis pas que tu t’en vas pour m’aider. »
Ou Dick se sentirait obligé de le frapper une seconde fois.
« Je m’en vais parce que d’autres ont besoin de moi là où toi non. »
Dick ferma les yeux.
« Alors si j’ai besoin de toi là où d’autres non, tu restes ?
— Dick… »
Dick s’appuya de tout son poids contre Bruce, ses bras prisonniers entre leurs deux torses. Il se hissa suffisamment sur la pointe des pieds et l’embrassa.
Bruce avait le goût de café ; la Nespresso avait dû fonctionner toute la nuit.
Bruce l’avait lâché immédiatement, sans reculer, alors Dick prolongea son baiser à sens unique plus longtemps qu’il n’aurait dû.
Il s’écarta à regret, passa la langue sur les lèvres, esquissa un sourire vainqueur.
« Tu peux partir, maintenant », dit-il, la voix ferme.
Il se détourna avant que son expression s’effondre et entreprit de retirer le deuxième gantelet. Il espérait que Bruce quitterait vite la pièce parce qu’il voulait garder le peu de dignité qui lui restait.
Courage, Grayson, encore quelques secondes et tu pourras aller pleurer comme un gosse sous la douche.
Deux bras soudains autour de sa taille le tirèrent en arrière, contre un corps, puis il y eut le souffle et les lèvres de Bruce dans son cou.
Dick sentit un frisson le parcourir de haut en bas.
« Bruce », dit-il d’une voix étranglée.
L’étreinte se fit plus insistante, puis Bruce le lâcha et l’incita à lui faire face. Dick se laissa faire, sous le choc.
Bruce le dévisage, indéchiffrable, le regard sombre. Il avait posé une main sur l’épaule de Dick, une autre sur sa joue. La bouche de Dick était sèche.
La main sur sa joue remonta doucement, glissa dans ses cheveux et s’arrêta sur sa nuque. Le regard de Bruce se focalisa sur sa bouche. Dick retint son souffle.
Il allait se réveiller d’un moment à l’autre.
Il s’était probablement endormi sous la douche.
Bruce appuya la main sur sa nuque et l’embrassa.
Dick jeta questions et stupéfaction au feu ; il passa immédiatement les bras autour des épaules de Bruce et répondit au baiser comme si sa vie en dépendait. Bruce le serra dans ses bras, une étreinte à la limite de douloureuse, si bonne, si réelle, aussi réelle que la langue de Bruce contre la sienne, que ses cheveux entre les doigts de Dick.
« Je ne comprends pas ton costume », marmonna soudain Bruce contre ses lèvres.
Dick eut besoin de quelques secondes avant de revenir à la réalité et constater qu’il essayait de lui retirer le costume.
« Oh, attends… »
Dick passa la main à l’intérieur de son torse et effleura la bordure en trois points précis. Le pantalon se sépara immédiatement du haut. Bruce haussa les sourcils.
« Matière expérimentale de Star Labs », expliqua Dick juste avant de retirer sa tunique.
Les mains de Bruce vinrent immédiatement se placer sur sa taille. Dick se mordit la lèvre et appuya le front contre son épaule. Il sentit les mains de Bruce glisser sur sa peau et il s’échappa de sa gorge un son implorant qui aurait dû l’embarrasser.
Mais Bruce l’embrassa à nouveau et honnêtement, il se fichait du reste et de sa dignité.
¤
Il faisait froid, dans la batcave, lorsque vous étiez nu et couvert de sueur. Le sol n’était pas particulièrement confortable et il devait être écrit quelque part dans un livre religieux que faire l’amour sur le costume de Batman était un péché mortel. Mais il aurait fallu une avalanche pour déloger Dick, à moitié allongé sur Bruce, la main de ce dernier lui caressant le flanc. Bruce avait les paupières fermées. Dick le détaillait, s’emplissait avidement de ce moment.
Bruce ouvrit les yeux. Leur regard se croisa ; la main de Bruce cessa d’aller et venir sur son corps. La gorge serrée, Dick toucha doucement la peau enflée de son visage. Bruce plissa les yeux dans une petite grimace.
« Je ne t’ai pas raté, souffla Dick avec un petit sourire. On devrait mettre de la glace dessus.
— Mmh. Allons déjà nous laver. »
C’était clair qu’il n’était pas question de remonter dans leur état. À tous les coups, ils croiseraient l’un des autres habitants du manoir, et tous les acteurs de la scène en seraient affreusement traumatisés.
Ils refirent l’amour sous la douche, lentement et tout en caresses.
Plus tard, assis par terre, dos contre le torse de Bruce et leurs doigts mêlés, Dick pencha la tête en arrière et ferma les yeux sous l’eau chaude.
« Tu sais que tu ne pourras plus jamais te débarrasser de moi ? remarqua-t-il tout bas.
— Ça n’a jamais été l’un de mes objectifs.
— Je sais d’autorité, de multiples autorités, que j’ai les fesses les plus sexy du monde. Je n’hésiterai pas à m’en servir. Jusqu’à ce que tu ne sois plus du tout capable de me résister. »
Quelque chose se mit à vibrer derrière lui, il lui fallut quelques secondes pour comprendre que Bruce riait en silence. Dick rouvrit les yeux ; il voulut se retourner et l’embrasser, parce que Bruce riait, mais ce dernier parla avant :
« Je m’avoue terrifié d’apprendre que tu ne faisais aucun effort jusqu’ici.
— Je flirte avec toi depuis que j’ai seize ans », l’informa Dick, ce qu’il regretta immédiatement.
À son grand soulagement, Bruce ne parut pas submergé par une crise de doute ou de conscience malvenue.
« J’ai toujours pensé que ça te passerait.
— J’ai tout fait pour. »
Il n’avait pas besoin de préciser que ça n’avait pas marché. Dick avait aimé Barbara, Kory et Roy aussi, malgré leur déni véhément sur la nature de leur relation. Il les avait aimés sincèrement et de tout son cœur. Il en aurait aimé d’autres, peut-être.
Mais Bruce était l’homme de sa vie.
Bruce lui caressa doucement la gorge. Dick s’affaissa et appuya la tête contre son épaule.
« Je ne sais pas si je peux te rendre heureux. »
Dick esquissa un sourire.
« Ne te prends pas la tête, Bruce. Savoir que tu me désires, ça me suffit. »
Pour l’instant.
Bruce glissa la main sur son torse.
« Je ne saurai pas te laisser partir, dit-il. Si nous prenons cette direction… »
Quelle direction ? se demanda Dick, les yeux fermés.
La fatigue émotionnelle et physique commençait à le rattraper.
« … ce n’est pas à la légère. Je suis possessif, Dick. Tu le sais. Tu en as subi les conséquences. Je n’ai jamais très bien su te laisser vivre ta vie. Cette situation ne va certainement pas améliorer les choses et c’est aussi… la raison pour laquelle je ne t’ai jamais encouragé. Tu tenais à ton indépendance. Avec justesse. »
Dick émit un bruit pour signifier qu’il écoutait. Il avait du mal à voir où Bruce voulait en venir. Ce n’était pas le moment de parler, c’était le moment de monter se coucher. Les conversations sérieuses pouvaient attendre le lendemain matin.
Classique, songea-t-il. Pour une fois que Bruce s’exprime, il le fait quand je m’en passerais bien…
« Si nous nous engageons dans cette relation, je ne saurai pas te laisser partir. Je pourrais… nous pourrions nous faire beaucoup de mal, Dick. Il faut que ce soit pour de bon. »
Dick secoua doucement la tête, petit sourire amusé aux lèvres.
« Y’a des façons plus sympas de faire une demande en mariage », plaisanta-t-il.
Le silence qui suivit fut pesant et suffisamment long ; il perça la torpeur qui enveloppait agréablement Dick. Il se redressa brusquement, les yeux écarquillés, et se tourna complètement vers Bruce.
Ce dernier le regardait, presque sans expression.
« Quoi ? fit Dick stupidement. Bruce, qu’est-ce que… »
Il se frotta le visage.
« Bordel, tu es vraiment incapable de faire les choses à moitié, dit-il, la voix rauque.
— C’est pourquoi je veux que tu comprennes toutes les conséquences.
— Les conséquences ? Il y a quelques heures tu m’annonçais que tu voulais partir, et d’un coup tu veux qu’on, qu’on… »
Il n’arrivait même pas à le dire à voix haute tellement c’était aberrant.
« Tu n’as pas à répondre tout de suite. Réfléchis-y soigneusement.
— Ne sois pas ridicule, coupa Dick avec un peu d’irritation. Je n’ai pas besoin d’y réfléchir. File-moi une robe de mariée, je saute dedans, ce n’est pas comme si ce serait la première fois que je le fais pour toi. C’est toi qui vas trop vite. »
Il se leva, les jambes légèrement flageolantes de fatigue, et tendit la main à Bruce. Ce dernier la prit et se leva à son tour. Dick ferma l’eau et attrapa les serviettes et les peignoirs propres qu’Alfred changeait tous les jours. Sous le regard mi-amusé, mi-démuni de Bruce, il l’aida à enfiler son peignoir avant de mettre le sien.
Puis Dick appuya une main sur sa nuque. Bruce pencha la tête obligeamment et Dick l’embrassa avec un soupir de satisfaction.
« Je suis crevé, dit-il enfin. Tu n’as pas plus dormi que moi et je ne sais pas combien de litres de café tu as bu, Alfred serait horrifié. Tim t’en voudrait beaucoup s’il nous confisquait la Nespresso. On va aller dormir. Toi dans ton lit, moi dans le mien. »
Tu es malade, fit une petite voix horrifiée dans sa tête. Kidnappe-le et filez à Vegas en batplane, bon sang !
Mais l’acte en lui-même n’avait aucun sens, c’était ce qui le motivait qui importait. Bruce sous-entendait beaucoup avec sa demande. Il ne disait rien clairement. Ou presque. La phrase taboue, la phrase en « A », n’avait jamais été absente entre eux et Dick l’avait entendue clairement ce soir à plusieurs reprises, cachée comme il se doit derrière des paraphrases.
Mais il y avait des choses que Bruce n’avait pas dites.
Il n’avait pas dit qu’il ne partirait plus. Il n’avait pas dit qu’il abandonnait son idée de former d’autres justiciers.
Il avait dit que Dick se reposait trop sur lui lorsqu’il était là. Que Dick avait besoin d’être seul pour évoluer. Et il n’avait certainement pas changé d’idée simplement parce qu’ils avaient couché ensemble.
Bruce partirait parce qu’il jugeait que c’était la meilleure chose à faire, non pas pour Dick, mais pour la Mission à travers Dick. Il avait raison. Et peut-être, quelque part, Dick continuait de lui en vouloir. Mais il avait toujours su que la Mission passerait avant, il l’avait accepté, il le respectait. Et maintenant qu’ils étaient sur la même longueur d’ondes d’un point de vue émotionnel, c’était plus facile à digérer. D’autant que, si les choses se concrétisaient, Dick avait calculé qu’il se passerait encore quelques mois avant le départ officiel de Bruce, et beaucoup de faits pouvaient changer pendant tout ce temps.
Donc, Bruce avait fait sa… demande en sachant qu’il partirait tout de même. Ce n’était ni plus ni moins que ce qu’il avait énoncé plus haut : un acte de possessivité pure, en réaction au fait que Dick « n’avait plus besoin » de lui. C’était exactement la même chose que lui interdire de fréquenter les Teen Titans pour le garder à Gotham.
Dick croyait au mariage, à sa symbolique, à cette volonté de s’offrir et se lier à quelqu’un aux yeux de la loi de son pays. Il croyait à la preuve d’amour qu’il représentait.
Ce n’était pas le cas de Bruce. Il devait s’en aller pour les besoins de la Mission. Il approuvait l’évolution de Dick. Mais maintenant qu’il avait Dick à Gotham, lié au masque de Batman, il devait s’assurer que rien ne viendrait le lui prendre.
Pour Bruce, le mariage était une chaîne qu’il passait au cou de Dick. Avec sincérité, affection et cet autre mot en A. Mais une chaîne.
Dick en était conscient et ça ne changeait rien.
Ce dont il n’était pas sûr, c’était que Bruce comprenait que la chaîne fonctionnait dans les deux sens. La preuve d’amour dont Dick avait besoin, le sens à l’acte, n’existait que si Bruce s’en rendait compte.
« À ton réveil, si tu es toujours dans cette idée, on peut commencer à s’engueuler sur la liste des invités. »
Bruce l’étudia du regard, puis déposa un baiser au coin de sa bouche avec un signe d’assentiment. Il fallut faire un détour par la cuisine pour sortir une poche de glace pour son visage. Ils manquèrent tout de même finir dans le lit de Bruce. Dick n’aurait jamais cru posséder autant de volonté.
Il dormit mal.
À son réveil, Bruce était assis sur son lit, à ses côtés. Dick se redressa avec un sursaut.
Bruce lui caressa la nuque, calme.
« Bonjour », dit-il.
Dick sentit un sourire irrésistible naître sur ses lèvres.
Damian allait adorer être demoiselle d’honneur.
(fin)
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