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La Chambre Blanche

Genre : torture de Heero
Rating : PG-13
Date : février-mars 2002
Disclaimer : Gundam Wing n'aura décidément jamais été à moi...



Exercice.
« Tu as compris, Kenji ? »
Acquiescement. S’asseoir au milieu de la pièce blanche. Ne pas bouger.
« Chacun de tes mouvements déclenchera une clochette. Pour chaque clochette, un repas sera remplacé par une pilule nutritive »
Immobile. Nerveux.
« Tu resteras là jusqu’à ce que tu sois capable de rester deux heures sans bouger. »

Blanc. Clochette. Blanc. Silence.
Faim.
Trois jours.
Blanc. Silence. Blanc.

Caprice.
« Je veux plus ! je veux jouer ! »
Cris, pleurs.
« Tu n’as pas besoin de jouer. »
Colère.
« Un soldat ne pleure pas, Kenji. »
Punition.
« Tu resteras enfermé dans la Chambre Blanche jusqu’à ce que tu aies compris. »
Terreur. Larmes. Supplications.

Blanc. Silence. Clochettes. Blanc.
Faim. Mal.
Blanc. Pleurs. Clochettes.
Faim. Blanc.

Punition, encore. Pleurs, encore.
« Un soldat ne pleure pas. »
Révolte.
Blanc. Clochettes. Silence.
« Un soldat n’a besoin de personne. »
Immobile.

Exercice. Silence.
« Une semaine dans la Chambre Blanche, Kenji. »
Visage impassible.
« Sauf si tu arrives à prouver que tu es un soldat. »
Impassible, immobile, inexpressif.
Silencieux.

Blanc. Blanc. Blanc. Silence. Blanc.
Solitude.
« Un soldat n’a besoin de personne. »
Inexpression.
« Un soldat ne pleure pas. »
Blanc, silence.

« Désormais tu te puniras toi-même, Kenji. »
Erreur. Chambre Blanche.
Hésitation. Chambre Blanche.
Peur. Chambre Blanche.

Etre le Soldat Parfait pour ne plus jamais entendre les clochettes, ne plus jamais entrer dans la Chambre Blanche.

Fort. Invincible. Impassible. Besoin de personne. Impulsif. Intouchable.
Masque de cire.
Je suis le Perfect Soldier.

Et l’Enfant qui pleure, l’Enfant terrifié, l’Enfant qui veut jouer, l’Enfant si seul, tu le caches où ?
Dans quel coffre-fort de ton cœur bétonné ?
Ta précieuse perle d’humanité, à qui oseras-tu la montrer ?

Perfect Soldier au cœur de verre sous une couche de béton armé.


***
[Duo]

Quand l’incident Mariemaia s’est terminé, on s’est tous retrouvés dans un de nos refuges. Enfin, tous… Je veux dire, Trowa, Quatre, Wu Fei et moi, bien sûr.
Alors on était là, réunis autour de la table, avec Wu Fei qui nous parlait de son boulot avec Sally et Une. Bon sang, il a fait de nous tous des Preventers.
Même Trowa, nom de Dieu !
Et puis on s’est mis à parler de notre problème actuel.
Heero avait de nouveau disparu sans dire au revoir à personne.
Qu’il aille se faire foutre. Sincèrement, ça a été ma première réaction. Ras le bol du Perfect Soldier et de ses crises existentielles !
Les autres m’ont regardé de leur façon particulière ; je veux dire Trowa avec cet air impassible qui arriverait à foutre la trouille de la prison au gars le plus innocent du monde, Quatre avec cet air de reproche et de tristesse qui arriverait à faire gueuler « Peace and love » à Dorothy et Wuffie avec son air méprisant de digne guerrier plein d’honneur qui pose son regard sur la misérable larve lâche et stupide qu’il a en face de lui, en d’autres termes, moi.
Nom de Dieu.
« Très bien, a fait Trowa. J’irais le chercher ».
Nom de Dieu.
« Ça va, ça va, je m’en occupe ! » j’ai dit le plus vite possible.
Après tout, la Mort ne relâche jamais ce qui est à elle. Et Heero ne le sait peut-être pas encore, mais il est à moi.
Ça c’est une chose.
L’autre chose, c’est que le seul truc qui me rend plus nerveux que Relena et Heero enfermés dans une chambre, c’est Trowa et Heero tous seuls.
Nom de Dieu.
Oui, je sais, je sais ! Trowa et Quatre, Quatre et Trowa, c’est connu, y’a rien de plus évident, et le jour où ils seront plus ensemble, y’aura plus d’espoir pour l’amour, on n’a plus qu’à crever.
N’empêche.
Savoir Heero et Trowa ensemble, sans personne d’autre, ça me donne envie de m’effondrer sur un canapé en regardant un soap opera à la télé, avec cinq plaquettes de chocolat et un pack de bières, prêt à sauter sur le visiophone dès qu’il donne signe de vie.
Ça bien sûr si j’arrive à battre Quatre à la course de celui qui décrochera le premier. Oui, oui, le gentil petit Quatre. Même en mode Zéro, il est moins flippant que lorsqu’on attend un appel de Trowa et Heero qui sont en mission. Tous seuls. Sans surveillance. Sans chaperon. Libres de faire ce qu’il veulent.
Nom de Dieu.
Je me fais du mal, là…
Oui, parce que ça fait flipper Quatre aussi. C’est juste que… Ah, c’est juste la façon dont ils agissent. Je veux dire, tous les deux silencieux, efficaces, imperturbables et cette foutue manie qu’ils ont de se comprendre sans parler !
Nom de Dieu.
Et on a beau savoir tous les deux, le petit blond et moi, que y’a rien entre eux, que Trowa n’a d’yeux que pour son Quatre et ses charmantes bestioles à dents pointues et Heero pour, euh, bon, sa mission et son ordinateur portable, ça nous empêche pas de nous bouffer les ongles, les doigts, la main et le bras à chaque fois.
Nom de Dieu.
Alors voilà, je suis parti à la recherche du savon de Marseille de ma vie. Enfin, j’aimerais bien qu’il fasse autre chose que de me glisser entre les doigts. Ouh, Heero dans mon bain…
Mais ne nous aventurons pas ici, je pourrais devenir indécent.
Retour sage au récit principal. J’ai retourné la planète et les colonies pendant trois mois et demi avec l’aide des Preventers, dont Wu Fei, Quatre et Trowa, et de son altesse royale Relena Darlian Peacecraft qui est une pro dans la chasse au Heero.
Encore une que je pigerai jamais. A mon avis, elle doit être comme Une : une double personnalité. Complètement schizophrène ! Des fois elle agit comme une vraie reine, et des fois comme une collégienne enamourée et hystérique.
Enfin, cette fois elle a été relativement raisonnable... Toujours prête à retrouver Heero, mais elle avait vraiment pas le temps. Alors elle m’a prêté son influence, avec un avertissement silencieux de ne pas faire de geste suspect sur *son* Heero.
Elle a pas encore compris que Heero m’appartient. A moi.
Bref. J’ai fini par le retrouver, sur L1, dans un laboratoire secret du dr. J.
C’est là qu’on rigole : Heero Yuy, toujours si efficace, était en train de préparer sa cryogénisation. Oui, oui, comme dans congélation. Comme dans réveillez-moi à la prochaine guerre si vous avez besoin de moi.
Nom de Dieu.
Je lui ai envoyé mon poing dans la figure et j’ai tout pété dans le laboratoire. Il ne m’a pas tué ce qui est remarquablement surprenant. Je crois qu’il était trop choqué que j’ai pu réussir à le frapper sans qu’il le voit venir.
Une fois que je me suis senti plus calme, j’ai expliqué à Heero qu’on était tous à sa recherche, qu’on avait besoin de lui en tant que Preventer, et qu'on n’était pas du genre à laisser un copain se foutre en hibernation.
Et entre ses « Omae o korosu » et ses « Ferme-la, Duo », j’ai réussi à le ramener sur Terre où j’ai découvert pas mal de choses intéressantes.
Heero était terrifié par son image de héros, par les journalistes et par sa célébrité.
Heero était terrifié par l’idée de vivre.
C’étaient des choses qu’il n’avait pas appris à faire. Je veux dire, c’était facile, en quelque sorte, de suivre les ordres de quelqu’un, d’avoir un but offert par quelqu’un d’autre. Et maintenant, il était libre…
Je sais ce que la liberté peut être flippante.
Alors voilà, on a joué la famille. Tous les cinq. On s’est installé dans la même ville, Quatre et Trowa ensemble, Wu Fei pas trop loin, et Heero et moi ensemble…
C’était rassurant pour chacun de nous. Et puis, on bossait pour les Preventers, même si on n’en avait pas vraiment besoin. Avec tout le fric qu’on a piraté dans les banques d’OZ pendant la guerre…
Ça va faire un an, maintenant. Oui, bientôt un an que je vis avec Heero. Il s’applique à apprendre à vivre comme un enfant modèle qui apprend à lire. C’est douloureux de le voir se débattre pour agir normalement. Douloureux de constater comment quelque chose de si simple que d’aller acheter du pain ou demander un renseignement à quelqu’un est plus difficile pour lui que d’infiltrer une base secrète d’OZ. Douloureux de l’entendre faire des cauchemars entre la cloison qui sépare nos chambres puis de voir la lumière sous sa porte, signifiant qu’il va encore passer la nuit sur son ordinateur pour ne pas se rendormir. Douloureux de ne pas savoir quoi faire, de se sentir impuissant face au Perfect Soldier qui se noie dans un verre d’eau.
Je voudrais qu’il me laisse l’aider.
Wu Fei a Sally et les Preventers, Quatre a Trowa et ses Maganacs, Trowa a Quatre et sa sœur, j’ai la vie et Heero…
Mais Heero ne s’accroche à rien. Nom de Dieu, il s’accroche à rien ! Il se bat, il se débat, comme si la vie était une autre mission qu’il devait gagner tout seul, sans besoin de personne.
Les héros soutiennent le monde, mais qui soutient les héros ?
Bon sang, Heero, laisse moi t’aider… Arrête de te battre et regarde-moi, accroche-toi à moi ! Moi je suis prêt à être ton épaule, ton pilier, tout ce que tu veux. Laisse moi te sortir de ton verre d’eau, je sais nager, et je nagerai pour toi !
Regarde-moi…
***

L’appartement était plongé dans l’obscurité. Dans le salon, la seule lumière provenait de la lueur bleuâtre de l’écran de l’ordinateur portable sur lequel Heero travaillait. Il avait toujours préféré l’ombre à la lumière. L’ombre était la meilleure amie de l’espion, du guerrier. L’ombre permettait de se cacher. L’ombre était noire. Opposée à la lumière blanche, trop blanche, éblouissante, révélatrice, effrayante.
Les doigts de Heero s’arrêtèrent soudain de pianoter sur le clavier. Le bruit avait été léger, presque un simple froissement, mais il n’avait pas échappé au jeune homme. Il recommença à taper pour ne pas laisser deviner à l’être caché qu’il avait découvert sa présence.
Heero se tendit légèrement comme un fauve sur le qui vive. Il ne se laisserait pas surprendre, guettant le moindre bruit, suivant à l’instinct le bruissement à peine perceptible de l’être qui le traquait, l’impact de ses mouvements pourtant silencieux sur l’air qui l’entourait.
Heero eut un petit sourire moqueur.
Quelque soit ce qui allait apparaître face à lui, il ne se laisserait pas tromper.
Mais quelques secondes plus tard, le métal froid d’une lame se plaquait contre sa gorge. Heero faillit sursauter. Il ne l’attendait pas si vite, ni par derrière.
– Je t’ai eu, murmura la voix curieusement sensuelle à son oreille.
Heero garda un visage impassible. « Baka », marmonna-t-il.
– Ah, t’es vraiment pas drôle, râla Duo en allumant la lumière. T’aurais pu au moins faire semblant d’être surpris !
Heero se garda bien de lui dire qu’il l’avait pris au dépourvu. Duo lui en aurait parlé pendant au moins trois ans…
– Et puis c’est quoi cette foutue manie d’être toujours dans le noir ? Tu fais des économies d’énergie, ou quoi ?
– Hn.
Heero se retourna, curieux de savoir avec quelle arme Duo l’avait « agressé ». Le jeune homme à la longue natte était tout habillé de noir et portait une faux.
– Elle est belle, hein ? fit-il avec fierté en lui montrant son trésor. C’est Hilde qui me l’a trouvée. Avec ça je suis l’incarnation parfaite de la Mort !
L’expression du visage de Heero s’adoucit.
Si tu étais la Mort, ça expliquerait pourquoi il y a tant de gens qui se suicident en ce moment, pensa-t-il en se retournant vers son écran.
Duo regarda Heero d’un air de doute surpris. Serait-ce l’ombre d’un sourire qu’il aurait perçu sur le visage du jeune homme silencieux ?
– Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-il en se penchant par dessus son épaule.
– Je classe les dernières affaires.
– Wouh ouh, siffla Duo, impressionné. Ça en fait du monde qui crève ! Suicide collectif ?
– Et inexpliqué, acquiesça Heero en fronçant les sourcils.
– Une secte ?
– Apparemment pas.
Duo haussa les épaules et referma d’un geste brusque l’écran du portable.
– Duo ! s’exclama Heero d’une voix furieuse. Qu’est-ce que…
– Ce soir c’est samedi, et t’es sensé être en week-end, fit-il joyeusement. Et on doit dîner chez Trowa et Quatre alors magne-toi, on part dans cinq minutes.
Heero haussa les épaules et ralluma l’écran pour enregistrer son travail avant d’éteindre l’ordinateur. Il entra dans sa chambre et en ressortit quelques minutes plus tard en jean et tee-shirt vert. Duo lui lança son blouson. « Je t’attends dans la voiture. »
Le trajet fut court, animé par le bavardage incessant de Duo. Même après tout ce temps, la capacité du jeune homme à parler sans discontinuer stupéfiait Heero. Mais malgré ce qu’il en disait, au fond de lui il appréciait le babillage ininterrompu de son ami. Quand Duo parlait, il n’y avait plus de place pour l’oppressant silence qui semblait toujours entourer Heero.
Ils arrivèrent chez Quatre et Trowa, où Wu Fei était déjà.
Dès l’instant où il mit le pied dans l’appartement, Heero se douta que quelque chose se préparait.
Quatre échangeait des regards surexcités avec Duo, Wu Fei semblait avoir décidé de lui tenir la conversation, comme pour l’empêcher de s’étonner des incessants allez-retours de Trowa entre le salon et la chambre.
Mais le dîner se déroula relativement normalement, jusqu’au moment du dessert où soudain tout le monde sembla très nerveux. Duo et Quatre étaient anormalement silencieux, et même Trowa semblait plus impatient que d’habitude.
Les regards se tournèrent vers Duo qui pour une fois semblait à court de mots, et Heero commença un peu à paniquer intérieurement.
– Bon, Maxwell, tu accélères ? lança Wu Fei d’une voix agacée.
– Hum… Bon…
Duo se leva avec un large sourire et se tourna vers Heero qui avait un très, très mauvais pressentiment.
– Eh, Heero, tu te rappelles quand on a dû refaire nos papiers d’identités, après la guerre ? Ils nous avaient bassinés pour qu’on donne une date de naissance, et à part Wuffie…
– Mon nom est Wu Fei ! protesta l’intéressé.
– Pareil, rétorqua Duo. Donc, à part Justice boy et Quatre, on n’en avait pas, alors on a dû en inventer. Tu te souviens ?
Heero acquiesça lentement, ne voyant pas où ça les menait.
– Cool. Et il se trouve que aujourd’hui, c’est le jour que tu as mis sur ta carte d’identité. Alors on a eu l’idée…
– Duo a eu l’idée, rectifia doucement Quatre.
– Peu importe, balaya le jeune homme en souriant. L’important c’est qu’on s’est tous arrangés pour organiser ton anniversaire. Alors joyeux anniversaire, Hee-chan !
Heero était tellement choqué qu’il ne pensa pas à protester contre le surnom.
– Mon… mon anniversaire ?
– Ouais, tu sais, comme dans cadeaux, comme dans tu as dix-huit ans aujourd’hui, et comme dans tu es le plus jeune de nous cinq. Officiellement du moins…
Il y eut un silence un peu gêné, Heero avait l’air complètement déstabilisé, une expression de petit garçon sur le visage, ne sachant pas comment réagir.
– Allez, allez, les cadeaux ! lança Duo en riant pour alléger l’atmosphère.
Trowa se leva sans un mot et revint avec un grand panier. Chacun des ex-pilotes vinrent chercher un paquet, sauf Quatre qui ne prit qu’une enveloppe. Wu Fei fut le premier à tendre son cadeau à Heero.
Le jeune Japonais le prit avec un peu de maladresse et d’hésitation. C’était apparemment une longue boîte , lourde, enveloppée d’un papier sombre et mat.
Heero commença à la déballer avec précaution, sous le regarda impatient de Duo qui aurait bien arraché le papier, attendri de Quatre et impassible de Trowa, un peu gêné de Wu Fei.
La boîte sous le papier cadeau était en bois clair. Heero l’ouvrit lentement, découvrant un long sabre dans un fourreau de cuir sombre.
Heero leva les yeux vers Wu Fei qui détourna le regard en haussant les épaules d’un air faussement indifférent.
– Tu es doué, Yuy, dit-il. J’ai besoin d’un adversaire pour me garder à niveau. Alors si ça t’intéresse…
– D’accord, coupa Heero.
Wu Fei s’accorda un sourire, et Quatre, avant que Heero ne puisse dire quoi que ce soit, lui tendit son enveloppe.
– C’était un peu encombrant, dit-il en souriant. Alors j’ai pris une photo.
Heero ouvrit l’enveloppe et regarda la photo, levant des yeux surpris vers Quatre.
– Un piano ?
– Il t’attend à la maison ! fit Duo. Ça a été l’angoisse pour organiser son installation.
– Je me suis souvenu de cette mission où le passage secret était déclenché par un code de notes de musique sur piano, expliqua le jeune Arabe. Tu l’as déchiffré et joué en quelques secondes, et vraiment bien. Alors je me suis dit que ce serait une bonne idée…
Heero acquiesça, la gorge étrangement serrée.
– On offrira une guitare à Wuffie et on va fonder un groupe ! lança Duo en riant.
– Et tu feras quoi, toi, Maxwell ? demanda Wu Fei d’une voix sarcastique.
– Le chanteur, évidemment ! fit-il.
– Ayez pitié, marmonna le Chinois.
Trowa se leva et tendit son cadeau à Heero sans un mot. Encore une boîte, mais plus épaisse et beaucoup moins longue. Le Japonais regarda le paquet joliment emballé et entreprit de le défaire sans abîmer le papier cadeau.
Les autres le fixaient avec curiosité. Aucun d’eux ne savait ce que le Français avait choisi pour Heero, et la lenteur avec laquelle ce dernier défaisait le paquet les mettait un peu sur les nerfs.
– Un vrai gosse, marmonna Duo.
Lorsqu’enfin le papier fut entièrement retiré, se trouvait devant eux une boîte d’un bois similaire à celui de l’écrin de l’épée, carrée, et comportant plusieurs petits tiroirs.
Heero en ouvrit un, et les autres virent tout son visage s’éclairer, et un léger sourire étirer ses lèvres. Les autres se précipitèrent pour voir quel trésor la boîte mystérieuse dissimulait.
–Des crayons de couleur ? s’étonna Quatre.
Heero ouvrit les autres tiroirs. L’un contenait des pastels, un autre de la peinture à l’eau avec des pinceaux de plusieurs tailles, le quatrième une dizaine de crayons à papier de différentes références, et le dernier un carnet de papier Canson.
– Une boîte à dessin, fit Wu Fei.
Duo, lui, regardait l’air émerveillé de Heero.

L’Etranger entre dans la pièce. Il parle avec les autres adultes.
L’Enfant le regarde.
L’Etranger sort de la pièce avec les autres.
Quelque chose tombe de sa poche.
Un crayon.
L’Enfant ramasse l’objet avec presque de l’effroi.
Un crayon.
Un jouet.
L’Enfant essaye le nouveau jouet. L’unique jouet.
L’Enfant recrée autour lui les visages qui l’entourent sur le mur de sa chambre, caché derrière le lit.
Les années passent, le crayon rapetisse.
Le crayon disparaît.
L’Enfant a grandi. L’Enfant est seul.
L’Enfant est un soldat.

Le Soldat entre dans la pièce principale du refuge qu’il partage avec l’autre pilote pour la nuit. Sur la table, près de la radio espion, quelque chose attire son regard.
Un crayon.
Le Soldat se trouble. Personne n’est là. Personne ne le voit.
L’Enfant sourit et prend le crayon, le papier à côté. Sous ses doigts agiles, le crayon fait des merveilles, des visages naissent, des paysages.
Il n’y a plus de papier. L’Enfant contemple son travail avec fierté.
Puis soudain il s’effraie de son audace, regarde furtivement autour de lui.
Le Soldat prend les esquisses et les froisse, les déchire, les jette dans le feu. Il sort de la pièce, sans voir dans l’ombre l’autre pilote, silencieux, mais dont les yeux verts n’ont pas manqué un seul de ses gestes.


Heero redressa la tête et croisa le regard de Trowa, interrogateur.
– Garde-les, cette fois, dit simplement le Français.
Un éclair de compréhension passa dans les yeux de Heero, et il hocha doucement la tête. L’échange n’avait pas échappé à Quatre et Duo qui se mirent à ronger leurs ongles jusqu’à ce que Heero referme les tiroirs avec précaution.
– A mon tour ! intervint Duo un peu trop joyeusement.
Il tendit à Heero un gros paquet d’un rose éclatant.
– Faut toujours que tu te fasses remarquer, hein ? fit Wu Fei.
– C’est tout à fait Duo, s’amusa Quatre.
Heero leva un sourcil et déchira l’emballage avec force.
– Eh ! protesta Duo. Pourquoi le mien tu fais pas gaffe ?
Heero ne répondit pas et sortit le cadeau de son carton, exposant aux yeux de tous ce que Duo avait jugé digne d’être offert au jeune Japonais.
Un magnifique nounours brun clair avec un ruban bleu satin autour du cou.
Il y eut un silence sidéré autour de la table, brisé par le rire clair de Quatre. Trowa se permit un léger sourire, et Wu Fei se passa une main sur la figure.
– Maxwell, vraiment…
Heero leva ses yeux bleu marine vers Duo. Leurs regards se croisèrent, et Heero sourit, clairement cette fois. Il avait compris ce qui se cachait derrière le cadeau du jeune homme à la natte. Duo savait qu’il dormait mal. C’était sa façon de le lui avouer, et de lui faire comprendre qu’il était là s’il avait besoin de lui.
Duo s’illumina au sourire de Heero. Il sentit une vague de chaleur le traverser, une émotion le serrer à la gorge. Peut-être… peut-être qu’il y avait une chance, après tout. Jusque là, il hésitait encore, mais maintenant sa décision était prise. Il tenterait le coup. Il fallait qu’il essaye à tout prix.

***
[Duo]

La soirée s’est déroulée comme du papier à musique. Je regrette qu’aucun de nous n’aie pensé à prendre un appareil photo !

La tête de Heero quand on lui a dit de souffler les bougies sur le gâteau n’avait pas de prix. Je suis heureux qu’il ait passé une aussi bonne soirée… Je crois que je ne l’avais jamais vu aussi détendu avec nous tous réunis, ni autant sourire en quelques heures.
On va bientôt arriver à l’appartement. Il est assis à côté de moi, la tête tournée vers l’extérieur, silencieux, pendant que je conduis. Les cadeaux sont derrière.
J’ai hâte d’être arrivé… Je me demande comment il va le prendre…
Cinq minutes plus tard, la voiture est garée, on monte les escaliers, les bras chargés. Heero rentre dans l’appartement sans allumer la lumière. Ce type a un vrai problème avec l’électricité, il passe sa vie dans le noir. Si ça se trouve il voit dans l’obscurité.
Si ça se trouve c’est un vampire.
Aaaaaaaah.
On arrête là les conneries…
J’allume la lumière et Heero est debout devant le piano. Il pose un doigt sur une touche mais n’appuie pas.
– Une ‘tite démonstration, Hee-chan ?
Le surnom me vaut un coup d’œil réprobateur, comme d’hab’. Mais moi je le trouve plutôt mignon, son regard de la mort qui tue.
……

Euh… Je suis quelqu’un qui se surnomme Shinigami, rappelez-vous…
Bref.
– Je ne sais pas quoi jouer.
– Un truc simple, je sais pas, Au Clair de la Lune ?
Heero me regarde de l’air du type à qui on vient d’annoncer qu’il est la réincarnation d’une grenouille franco-espagnole du 5ème siècle avant les Colonies.
Je trouvais étonnant aussi que Heero sache jouer du piano. Il doit connaître les notes, c’est tout, mais personne a jamais dû lui apprendre les musiques.
– Faudra aller t’acheter des partitions demain.
On dépose tout dans la chambre de Heero et pendant quelques secondes y’a un silence plutôt étouffant, du moins c’est ce que je ressens, Hee-chan est seulement en train de regarder ses cadeaux.
Bien, c’est le grand moment, c’est au tour de Duo Maxwell de jouer, tous les regards sont braqués sur lui, il se prépare, il prend son souffle, regarde la cible, c’est un grand moment mesdames et messieurs… Attention, il va s’élancer…
– Heero ?
– Hn ?
– Tiens.
Heero se retourne et regarde les deux billets d’avion que je lui tends avec un air un peu étonné. Il les prend d’un geste prudent.
– Ils mordent pas, tu sais. Pis de toutes façons t’es vacciné contre la rage !
Pourquoi je me sens obligé de dire ça ? Détends-toi, Maxwell, détends-toi…
– Baka.
Tiens, pour une fois je serais presque d’accord.
–Florence ?
– Ouais, Florence, Italie. Il y fait plus chaud qu’à Londres, et il paraît que ça vaut la peine d’être vu depuis sa rénovation. Les billets sont ouverts, alors tu décides quand on peut partir, mais pas dans trois ans s’il te plaît, même si t’es capable de bosser cinq ans de suite sans vacances, les congés payés c’est pas pour rien tu sais et…
– Duo, il coupe.
Je me tais direct. Ok, je sais, j’étais encore en train de m'égarer… et il le sait, et je sais qu’il sait, et il sait que je sais qu’il sait et…
Ta gueule, Maxwell, ta gueule.
Pourquoi est-ce que je suis si nerveux, moi ? C’est pas comme si c’était presque une demande en mariage, hein ? Offrir la lune de miel comme demande en mariage, ce serait débile non ? Et puis de toute façon on est beaucoup trop jeunes pour se marier et… et je digresse encore.
– Merci.
Il me regarde pas. Pourquoi il me regarde pas ? Est-ce que ça lui plaît pas, Florence ? Est-ce qu’il a compris ce qui se planque derrière le billet et ça lui plaît pas non plus ? Est-ce que…
– Merci, répète-t-il.
Et c’est marrant, mais j’ai l’impression qu’il ne dit pas que merci. Heero, c’est un vrai sphinx. Faut toujours faire gaffe à ce qu’il dit parce que y’a souvent plus qu’on croit.
Il lève la tête, et il me regarde droit dans les yeux.
– …encore un peu de temps ? fait-il sur le ton d’un gosse qui demande un bonbon sans être sûr de l’avoir.
– Pardon ?
Heero semble s’agiter, fait un geste vague de la main. J’assiste à quelque chose d’assez scoop-esque (v’là que je fais des néologismes, maintenant…), c’est à dire Heero qui est nerveux et qui le montre. Hum ? Spéculation ? Diagnostique ?
– Donne… Donne-moi encore un peu de temps, dit-il.
Il me regarde et détourne encore les yeux.
Et vous savez quoi ?
Il a les joues rouges.
Heero Yuy est en train de rougir.
Et vu le ton sur lequel il m’a dit ça, il a compris, il sait et…
Duo Maxwell, je t’en supplie, arrête de sourire comme un maniaque.
On se calme. Heero a compris que ce voyage en Italie est un voyage en amoureux. Un voyage en amoureux, ça se fait à deux. Il est d’accord. Il ne demande qu’un peu de temps pour s’y faire. Il est d’accord. Il est d’accord.
ET VOUS VOUDRIEZ QUE JE ME CALME ? ? ? ? ? ? ! ! ! ! !
– Prends ton temps. C’est pas pressé. Ça va peut-être t’étonner, mais je peux être très patient quand c’est important, dis-je en souriant.
Je ne sais pas comment je fais. Je vous jure que je ne sais pas comment je fais. Actuellement, j’ai envie de sauter sur tous les toits pour hurler que Heero Yuy a presque avoué qu’il m’aime comme je l’aime et pourtant j’ai sorti ça avec le ton du mec ultra calme et raisonnable. Qu’est-ce que je suis bon quand même !
Et vous allez me faire le plaisir d’effacer ce sourire sceptique. Merci.
Heero sourit, un peu timidement. Dieu qu’il est beau quand il sourit comme ça. Dieu qu’il est beau quand il sourit tout court. Dieu qu’il est beau tout court.
Je m’approche doucement, pour qu’il puisse m’arrêter s’il le veut, pour qu’il soit pas surpris, pour que ce soit un acte consentant des deux côtés…
Consentant, walaï, je m’y fais pas.
Je me penche vers lui.
Heero n’est pas très grand à cause de ses gênes japonais. Il est le seul de nous cinq à pas avoir beaucoup grandi ces trois dernières années. Trowa nous flanque tous le torticolis avec son mètre quatre vingt, mais ce type est pas normal, et ça fait bizarre avec Quatre et son mètre 73. Wu Fei le talonne de près mais plafonne au mètre 71. C’est pas comme ça qu’il va réussir à dominer Sally. Moi je regarde les étoiles à un bon mètre 75.
Hee-chan se maintient à un mètre 68.
Donc je me penche sur lui, et on se regarde, et je l’embrasse doucement. Un peu plus qu’une bise, un peu moins qu’un baiser, je donne et il reçoit sans rien dire.
Et je me dis que c’est probablement son premier baiser, sauf si le poulpe Peacecraft l’a agressé un jour, mais j’ai pas envie de penser à ça maintenant.
Il a les lèvres douces, et plein d’autres choses que je dirai pas de peur de me noyer dans de la crème de beurre au miel, mais ces lèvres-là, elles valent la peine de se battre…
Et elles valent la peine d’attendre qu’il soit prêt.
–Bonne nuit, Heero.
– Oyasumi, Duo.
Un effort de volonté, Duo Maxwell. Sors de cette chambre sans faire d’histoire et tout se passera bien. Ouvre la porte, voilà, pas de geste brusque, ne te retourne pas. Referme la porte.
J’ai le droit de hurler, là ?
J’ai embrassé Heero ! ! Et j’ai réussi à pas lui sauter dessus !
Je m’effondre sur mon lit avec un sourire débile. Je dors pas beaucoup cette nuit, mais Heero si. Pour la première fois, peut-être, je l’entends pas se réveiller, ni le cliquetis des touches de l’ordinateur.
Je me demande s'il dort avec le nounours.
J’espère que oui.


On a plus reparlé de ce soir-là, mais les billets d’avion sont posés sur son bureau. Je sais, je vérifie tous les jours.
Le lendemain on est allés lui acheter des partitions de piano et il joue quasiment tout le temps, et il joue vraiment bien…
De temps en temps, Trowa et Quatre viennent à la maison et ils jouent tous les trois. Je suis pas ce qu’on appelle un pro en matière de musique classique et tout, mais je pense qu’ils sont bons… Très bons…
L’appart’ se peuple de plus en plus de dessins couleurs, ou noir et blanc. La première fois que Heero m’a sorti un dessin, j’étais sur le cul. Et littéralement ; je suis sûr que j’ai encore le bleu sur la fesse. C’est pas normal que ce type soit si doué pour tout !
Et il a pas l’air de s’en rendre compte. Il dessine et il laisse le dessin sur la table, et moi je l’accroche avec enthousiasme. Y’en a un de nous cinq qui est terrible, les trois autres en ont tous voulu un exemplaire.
Tous les matins, avant qu’on aille chez les Preventers, Heero se lève à 5h du mat’ pour aller faire mumuse avec Wuffie. Ça me tue. Comment il fait ? C’est moi qui les récupère au passage, et parfois j’assiste à la fin de l’entraînement. C’est pas mal, ça rend hyper bien, comme une danse. Une danse mortelle, mais c’est ça l’intérêt, non ?
Depuis qu’ils s'entraînent ensemble, Wuffie est un peu plus causeur. Si je savais pas qu’il a que Sally dans la tête, je suis pas sûr que je laisserais Hee-chan tout seul avec lui.
Tout va bien.
Pour l’instant.
Hier après-midi, Heero a reçu un mail de je sais pas qui. C’était même pas pour lui, c’était adressé à un certain Kenji. Mais il est devenu blanc comme les murs de la salle de bain, et il est parti comme s’il avait le diable aux trousses.
Il est trois heures du matin. Je suis assis sur le canapé et je regarde la porte d’entrée.
Il est trois heures du matin.
Heero n’est pas rentré.

***

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! ! ! »
Quatre se réveilla en sursaut, les deux mains repliées contre sa poitrine, des larmes sur les joues et l’impression de souffrir horriblement.
Trowa se redressa instantanément et alluma la lumière.
« La lumière ! hurla Quatre. Eteins la lumière ! Je t’en supplie, éteins-la ! »
Trowa obéit immédiatement et le prit dans ses bras, lui murmurant des mots apaisants, le berçant doucement.
–Fais taire les clochettes… Trowa, s’il te plaît, arrête-les… Elles sonnent, elles sonnent… La porte est fermée… Fais taire les clochettes, je t’en supplie…
– Il n’y a pas de clochettes, Quatre. Calme-toi.
Quatre finit par se calmer, mais continuait à pleurer.
– Arrête de pleurer, murmura Trowa. Ça va aller…
– C’est pas moi qui pleure, rétorqua doucement Quatre. C’est pas moi…
– Qui ?
Le jeune Arabe enfouit son visage contre le torse de Trowa et ferma les yeux. « Je ne sais pas… répondit-il. Je n’en ai aucune idée… Tout est si flou… Je sais juste… la lumière, le blanc… Quelque chose de terrible… »
Epuisé, Quatre se rendormit tout de suite après ces mots. Trowa le garda contre lui, les yeux grand ouverts. Le don de Quatre était peut-être utile, mais parfois le Français le lui aurait bien retiré. Ça le faisait tellement souffrir…
Trowa se rallongea, serrant son amant contre lui. Demain, il faudrait qu’il vérifie auprès de tout le monde. Et pour que Quatre ait une réaction si violente, ça devait être quelqu’un qu’ils connaissaient bien.

***

Lorsque Duo se réveilla, il était six heures, du moins c’était ce que disait la pendule du salon. Pendant quelques secondes, il se demanda pourquoi il était sur le canapé, avant de se rappeler. Il avait à peine somnolé une heure.
Duo se leva d’un bon pour aller vérifier que Heero n’était pas dans sa chambre, mais le jeune Japonais avait bel et bien passé la nuit dehors.
« Nom de Dieu, Heero, où est-ce que tu es ? »
Fatigué, Duo était partagé entre la colère et la peur. « On se calme… Heero est un grand garçon, il ne peut rien lui arriver… »
La pensée qu’il avait passé la nuit "ailleurs" le traversa, mais il la chassa très vite. C’était pas le genre de Heero, n’est-ce pas ? Du moins il ne pensait pas…
Duo mit de l’eau à chauffer pour le café et défit sa natte avant d’appeler une nouvelle fois sur le portable de Heero, qui se mit à sonner, mais venant de sa chambre, et il se souvint que cet idiot était parti si vite qu’il ne l’avait pas pris.
Quelqu’un frappa à la porte.
Duo courut ouvrir et se retrouva devant le visage épuisé de Heero.
– Heero ! Mais où est-ce que t’étais, bon sang ? Tu crois pas que t’aurais pu appeler ? !
– Je ne voulais pas te réveiller.
– Parce que tu crois que j’ai dormi ? rétorqua Duo, furieux. J’ai passé la nuit à t’attendre !
– Pardon.
Seulement alors, Duo remarqua la pâleur du jeune homme et le ton étrangement rauque de sa voix, comme quelqu’un qui n’a pas bu depuis plusieurs jours. Heero avait le regard fuyant, et tout son corps était tendu.
– Heero, ça ne va pas ?
Celui-ci haussa les épaules sans rien dire et se dirigea vers sa chambre. Duo le regarda s’éloigner, crevant d’envie de lui courir après pour l’obliger à lui dire ce qui n’allait pas, mais il savait très bien que quand Heero avait décidé de se taire, rien ne pouvait l’obliger à parler. Mais il ne fallait pas le laisser se refermer.
Quoiqu’il se soit passé, ne pas le laisser se refermer. Montrer qu’il était là, qu’il l’aiderait, qu’il ne l’abandonnerait pas.
– Va prendre une douche, dit-il doucement. Je te prépare un café. Je vais appeler Wu Fei pour lui dire que tu ne viens pas.
Heero entra dans sa chambre sans répondre et Duo le suivit du regard avant de taper le numéro de Wu Fei.
– Chang Wu Fei, fit celui-ci au moment où son image apparaissait à l’écran.
– Oooh, quelle amabilité, Wuffie, dès le matin !
– Maxwell. Qu’est-ce que tu veux ?
– Moi aussi, je t’aime, chéri. C’était juste pour te dire que Heero viendra pas.
– Qu’est-ce qu’il se passe ?
– Huuuu, on va dire qu’il a passé une mauvaise nuit et qu’il a besoin de récupérer un peu…
– Qu’est-ce que tu lui as fait ?
La question était posé de ce ton significatif sur lequel on ne peut pas se tromper, et il y avait un léger sourire ironique au coin des lèvres du Chinois. Duo sourit de toutes ses dents.
– Ma vie sexuelle avec Hee-chan ne te regarde pas, Wuffie-chan, dit-il. Et j’ai dit une mauvaise nuit, pas une magnifique, paradisiaque, orgasm…
– C’est bon, ça va, épargne-moi les détails ! Je vous retrouve au bureau.
L’écran s’éteignit et Duo secouait la tête, amusé, quand il réalisa qu’il n’entendait pas le bruit de la douche.
– Heero ?
Duo ouvrit la porte de la chambre du Japonais. Ce dernier était allongé sur le lit, les rideaux tirés, dans le noir complet, et lorsque la porte s’ouvrit, il enfouit son visage dans le nounours en peluche, comme si le rai de lumière lui faisait mal.
– Heero ? Tu devrais vraiment aller prendre une douche, ça te ferait du bien.
– Hn.
– Heero ! Si tu continues je te traîne dans la salle de bain, menaça Duo, tout en sachant que l’autre garçon était beaucoup plus fort que lui.
Il y eut un silence, puis la voix de Heero, étouffée par la peluche, s’éleva, étrangement cassée.
– …trop blanc…
– Quoi ?
– La salle de bain… Il fait trop blanc.
Cette fois, Duo se demanda si Heero n’avait pas définitivement perdu la tête. Il s’approcha de lui sans que le jeune Japonais réagisse et posa la main sur sa nuque. Il ne semblait pas avoir de fièvre… Mais il n’était absolument pas dans le personnage de Heero de se conduire comme ça.
« Heero…il s’est passé quelque chose et apparemment tu veux pas en parler, dit-il doucement. Mais tu sais que je suis là, ok ? Quoiqu’il arrive, je serais toujours là… »
Heero ne répondit pas.
« Je vais devoir partir au bureau, mais reste ici et repose-toi. Je rentrerai pas tard. »
Duo déposa un baiser sur la nuque de Heero qui fut parcouru d’un long frisson, puis se dirigea vers la porte. « Ne ferme pas la porte », demanda Heero à voix basse.
Duo acquiesça et sortit, sans entendre le murmure de l’autre garçon. « …me laisse pas tout seul… »

suite
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