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Escaflowne : La dernière épreuve première version - Chapitres cinq, six, épilogue
La dernière épreuve (première version)
Genre : romance
Rating : PG
Année : mi-2000
5.La trahison d'Escaflowne
Hitomi ne bougea pas de toute la journée. Enfermée dans sa chambre, elle réfléchit à ce que Merle lui avait dit. Elle était déjà venue. Que s’était-il passé ?
Van passa sa journée à rattraper l’escapade de la veille. Il bougea beaucoup dans tout Fanélia. Lorsqu’il rentra en fin d’après-midi, Alya courut lui dire qu’on n’avait pas vu Merle de la journée. Van, inquiet, fonça à la chambre de Merle. Rien n’avait été dérangé, le lit était fait. Il alla ensuite dans sa propre chambre. Rien non plus. De plus en plus inquiet, Van fouilla tout le palais et tout le jardin, appelant Merle, bientôt rejoint par Allen, Séréna, Cid et ses gardes.
Hitomi sortit de sa chambre en entendant les cris. Elle les rejoignit dans le jardin. En la voyant, Van lui demanda d’un air angoissé :
– Hitomi ! Tu n’aurais pas vu Merle ?
– Pas depuis hier soir…Qu’est-ce qu’il se passe ?
– Elle a disparu, expliqua Allen.
Hitomi pâlit. « C’est de ma faute, pensa-t-elle en se rappelant les paroles de Merle. C’est à cause de moi qu’elle est partie. »
– Pourvu qu’elle aille bien, implora Van. Qui a pu oser…
– Elle est partie d’elle-même ! s’écria Hitomi. Elle était tellement triste…Il faut la retrouver !
– Partie d’elle-même ? Mais pourquoi ? Pourquoi elle serait partie ?
Soudain, Van se rappela les paroles de l’ombre. « Tu les perdras tous ». La prophétie s’accomplissait ! Il ne fallait pas, non, il ne se laisserait pas faire. Il avait trop souffert, il s’était trop battu pour son bonheur, on ne le lui enlèverait pas comme ça !
– Je n’arrive pas à utiliser le pouvoir du pendentif ! enragea-t-il.
– C’est parce qu’elle ne veut pas que tu la retrouves, fit Séréna.
Tous la regardèrent.
– Je crois que Merle avait l’impression d’être une gêne, continua-t-elle. C’est pour ça qu’elle est partie. Mais tu ne dois pas la laisser faire !
– J’y vais ! lança Van.
– Moi aussi ! ajouta Allen.
Les deux chevaliers de Fleid proposèrent aussi leur aide.
– Je viens avec vous ! intervint Hitomi.
– Non ! fit brusquement Van. Il ne faut pas que tu sois en danger toi aussi. Reste avec Séréna et Cid. Et ne bouge surtout pas ! On ne sait jamais.
Hitomi ne protesta pas. Allen et Van auraient dû se méfier de ce manque de combativité, mais ils étaient trop inquiets. Ils partirent tous dans des directions différentes.
Dès qu’ils disparurent de sa vue, Hitomi, ignorant les appels de Séréna et de Cid, partit en courant vers la forêt. Van ne pouvait pas utiliser le pendentif, mais elle si. Et elle devait retrouver Merle avant les autres pour régler cette histoire. Elle ne voulait pas que Merle se sente seule à cause d’elle. Hitomi pénétra dans la forêt, et marcha quelques temps. Elle arriva dans une clairière au milieu de laquelle se trouvait une immense tombe, et un drôle d’engin, une sorte d’immense robot blanc. Hitomi eut l’impression étrange de retrouver de vieilles connaissances. « Si je pouvais me souvenir de tout ! » pensa-t-elle. Elle s’approcha de la tombe. « Folken Lacour de Fanel », lut-elle. Folken…C’était le nom qu’avait prononcé Van lorsqu’elle avait parlé de l’ange aux ailes noires ! Il devait faire partie de la famille de Van. Une aura douce émanait de la tombe, une aura de paix. Hitomi s’approcha un peu plus, lorsqu’une voix moqueuse jaillit de derrière elle.
– Regardez qui voilà, frères !
Elle se retourna. Une dizaine d’hommes-animaux, probablement affiliés à la chauve-souris, la regardaient d’un air narquois.
– La favorite du Dragon en personne ! fit l’un d’eux.
– A votre avis, frères, combien le Dragon donnera pour la retrouver ?
Hitomi ne put faire un geste. Les êtres se jetèrent sur elle, la bâillonnèrent. Elle sentit bientôt qu’ils s’envolaient. Mais ce n’était pas un vol agréable, comme avec Van. Hitomi ferma les yeux. Il ne fallait pas que la panique s’empare d’elle, sinon, l’ombre allait revenir. Et ce n’était pas le moment ! Elle ferma les yeux, se calma. Elle visualisa son pendentif, puis Van. « Van, appela-t-elle. Viens. J’ai besoin d’aide ! Van !»
-
Triste et fatigué, Van marchait le long de la forêt en appelant Merle, lorsqu’il entendit mentalement la voix d’Hitomi. « Hitomi ? » « Van ! Enfin ! J’ai été capturée par des hommes-chauves-souris ! » « Où es-tu ? » « Je ne sais pas, on survole une plaine après la forêt. Ils sont une dizaine, et on va vite ! » « N’aie pas peur, ne t’inquiète, je viens te chercher ! » « Je t’attends », fit Hitomi d’une voix pleine de confiance.
Van réfléchit rapidement. Il n’avait pas le temps d’alerter les autres. Mais d’après Hitomi, les ravisseurs étaient nombreux… « Escaflowne ! » s’écria-t-il avant d’entrer dans la forêt en courant. Il mit peu de temps à atteindre la clairière, et au pied d’un arbre, il déterra la drague énergist. Van sauta sur Escaflowne, et fit rentrer l’énergist dans son cœur. Rien ne se passa. Escaflowne ne réagit pas. Van tapa, s’énerva, rien à faire, le guymelef refusait de répondre à l’appel du jeune roi. Furieux, déçu, Van descendit d’Escaflowne.
« Alors toi aussi tu m’abandonnes ! Tu trahis le pacte du sang ! cria-t-il d’une voix rageuse. Eh bien je délivrerai Hitomi sans ton aide ! ». Van fit apparaître ses ailes et s’envola au-dessus de la forêt. Il vola longtemps avant d’apercevoir le groupe. Ils étaient vraiment nombreux. « Enfer ! pensa Van. Ça aurait été plus facile avec Escaflowne ! ».
Il prit de l’altitude, et repéra celui qui tenait Hitomi. Il plaqua ses ailes contre son corps et descendit en piqué, droit sur le ravisseur, le percuta. Surpris, l’homme-chauve-souris lâcha Hitomi qui poussa un cri. Van la rattrapa au vol, elle s’accrocha à lui, et murmura : « Je savais que tu viendrais ». Van la posa doucement à terre, au-dessus de lui, la horde d’hommes-chauve-souris s’apprêtait à attaquer en force.
– Je vais me débarrasser d’eux, dit-il.
Puis il regarda Hitomi droit dans les yeux, la prit par les épaules et lui dit d’une voix sérieuse :
– Quoiqu’il arrive, si un jour tu retrouves la mémoire, je veux que tu saches que mes sentiments n’ont pas changé et qu’ils ne changeront jamais.
Puis il s’envola.
Un éclair de lumière frappa soudain Hitomi de plein fouet, des images défilèrent devant ses yeux, des images de la Terre, des images de Gaia, de guerre, et de Van. L’ombre, frappée par la violence des sentiments de la jeune fille, dût lâcher son emprise sur l’esprit d’Hitomi, et sa mémoire lui revint d’un coup. Elle resta un instant sans bouger, choquée, puis se reprit. Elle était de retour sur Gaia ! Van…enfin, elle pourrait lui parler ! Comme elle avait dû le faire souffrir…Il fallait qu’elle lui parle. Elle ferma les paupières en serrant son pendentif : « Pardon, Van…Je t’en prie…Il faut que je te parle…Je me souviens…Van…Reviens… »
Mais il ne répondait pas, il se battait déjà, là-haut.
« Ils t’ont vaincu », dit l’être de lumière à l’ombre. « Oui, mais trop tard. Le Dragon va mourir. ». L’être de lumière secoua la tête. « Non, dit-il. Il ne mourra pas. »
Mais là-haut, Van avait de plus en plus de mal. Tout seul contre des êtres déloyaux, il n’avait pas beaucoup de chances. « Si Escaflowne ne m’avait pas trahi, cette bande de démons seraient déjà tous morts ! ». Van se battait avec toute sa force, et il ne restait plus que trois des ravisseurs. Alors qu’il pensait pouvoir enfin s’en sortir, l’un d’eux le frappa dans le dos, et lui brisa les ailes. Van ouvrit la bouche pour hurler de douleur, mais aucun son ne sortit. Incapable de se retenir, il commença à tomber.
« VAN ! » hurla Hitomi. C’était comme dans sa vision…comme dans sa vision…Au moment où l’homme-chauve-souris l’avait frappé, les ailes de Van étaient devenues noires comme les ténèbres, noires comme celle de Folken, symbole de sa mort…Et il tombait…
Plus loin, dans la forêt, enfin délivré du maléfice, Escaflowne répondit à l’appel de Van. La drague energist se mit à briller violemment, Escaflowne se leva. Il se changea en dragon, s’envola et fonça droit sur le lieu du combat.
Hitomi courut vers Van, folle de peur, elle l’appela. Mais Van continuait de tomber, et atterrit violemment au sol. « VAN ! » hurla Hitomi. Elle s’effondra près de lui, le secoua en pleurant.
« Van ! Lève-toi ! Lève-toi ! Van ! Je t’en prie ! Réveille-toi ! Van ! ». Il respirait faiblement, mais ne bougeait plus. Hitomi s’écroula sur sa poitrine, prononçant sans se lasser le nom de son ange aux ailes brisées, lui conjurant de se relever, d’ouvrir les yeux.
Les trois hommes-chauve-souris qui restaient se posèrent et s’approchèrent pour achever Van et reprendre Hitomi qui ne les voyait pas, ne s’occupait pas d’eux. Lorsqu’elle aperçut enfin l’un d’eux, il levait son arme sur Van. « Non ! » hurla-t-elle en se jetant en travers.
Au même moment, un éclair blanc projeta l’agresseur au loin, presque coupé en deux. Escaflowne s’était interposé entre Hitomi et le tueur. Les deux autres, terrifiés par l’apparition soudaine de ce guymelef blanc que personne ne pilotait, voulurent s’enfuir, mais il les acheva d’un coup d’épée. Hitomi leva des yeux pleins de rage et de douleur vers le guymelef.
« Escaflowne ! Tu arrives trop tard ! Van va mourir ! Tu l’as abandonné ! Tu l’as laissé se battre seul contre ces fous ! ». Les larmes coulèrent de plus belle sur ses joues. Escaflowne, de lui-même, attrapa délicatement Van dans sa main immense. Hitomi, le visage soudain dur, grimpa sur le guymelef qui prit sa forme de dragon. Elle serra Van contre elle.
« Rentre au palais ! » ordonna-t-elle. Escaflowne s’envola à toutes vitesses vers Fanélia.
Allen et le reste du groupe virent arriver Escaflowne avec surprise. Mais lorsque Hitomi en descendit, l’air bouleversé, Allen courut vers elle.
– Hitomi !
– Allen ! C’est Van ! Emmenez-le, il va mourir ! Il faut le soigner !
Sans perdre de temps, le chevalier céleste prit Van dans ses bras et le transporta en courant jusqu’à sa chambre. Séréna était partie chercher des médecins.
– Il faudrait que ses ailes disparaissent ! fit Allen en le posant sur son lit.
– Il n’est pas conscient, répondit Hitomi d’une voix tremblante, il ne peut pas les ranger ! C’est ma faute ! Je…je n’aurais jamais dû revenir !
– Hitomi ! s’écria Allen. Tu as retrouvé la mémoire !
Elle hocha la tête, la gorge serrée, les yeux posés sur Van. Trois médecins entrèrent alors dans la pièce, l’air affolé, se pressèrent autour du lit. Ils se parlaient entre eux, se coupaient la parole, incapables de prendre une décision.
– ASSEZ ! hurla soudain Hitomi. Sortez ! Sortez tous, bande d’imbéciles !
Les médecins se mirent à protester mais Allen les jeta hors de la chambre en leur disant qu’on ne discutait pas les ordres de la reine. Hitomi s’agenouilla devant le lit et prit la main de Van.
– Allen ! appela-t-elle. Va chercher Mirana, s’il te plait.
– Mirana ?
– Oui. J’ai plus confiance en elle qu’en ces hystériques.
Elle leva vers le chevalier des yeux embués de larmes.
– Il faut sauver Van. Fais vite, je t’en prie…
Allen s’inclina, et sortit. Il prévint sa sœur, et courut au port, où était le Croisé. Par chance, tout l’équipage était là.
– Gadès ! On rentre d’urgence à Pallas !
– Qu’est-ce qui se passe, capitaine ?
Allen expliqua la situation en deux mots. Il n’en fallait pas plus à ses hommes : tous aimaient bien le jeune roi. Ils poussèrent le Croisé au maximum, et atteignirent la capitale un peu avant minuit. Allen courut au palais. Sans s’occuper des appels étonnés des gardes, il se précipita dans les couloirs et finit par entrer dans la chambre de Mirana.
Il s’approcha du lit et la réveilla. En ouvrant les yeux, elle poussa un cri de surprise, rougit et balbutia :
– Mais Allen ! Qu’est-ce que…
– Van est en danger de mort ! Nous avons besoin de vous, princesse !
Mirana se leva d’un bond. « Je prends mes affaires et j’arrive ! ». Allen, un peu gêné quand même de la trouver en chemise de nuit, sortit l’attendre dehors. Quelques instants plus tard, Mirana le rejoignait en tenue d’écuyère, avec le sac d’Hitomi dans lequel elle avait rangé ses instruments. Allen l’attrapa assez cavalièrement par la main et l’entraîna en courant. Juste avant la sortie les attendaient Elise, le roi Aston et quelques gardes.
– Mirana ! Allen ! Arrêtez-vous tout de suite ! ordonna le roi.
– Désolé ! Pas le temps ! rétorqua Allen.
Sans lâcher Mirana, il traversa la barrière de gardes qui n’osaient pas l’arrêter, pour ne pas blesser la princesse, mais surtout parce qu’aucun n’aurait eu le courage de défier le grand chevalier Allen Schezar…
– Allen ! Je t’interdis de t’enfuir avec Mirana ! Laisse-la ! ordonna Elise.
– Je vous la ramène dans quelques jours ! promit Allen sans ralentir.
– Allen Schezar ! hurla le roi. Si tu ne reviens pas tout de suite, tu seras banni du corps des Chevaliers Célestes d’Astria !
Allen serra les dents, mais ne broncha pas. Le Croisé était en suspension au-dessus de la cour du palais, Allen laissa Mirana monter la première par l’échelle, puis grimpa derrière elle. Quelques secondes plus tard, ils étaient en sécurité dans le vaisseau qui s’envolait rapidement vers Fanélia. Si le contexte n’avait pas été aussi grave, Mirana aurait éclaté de joie. Ça faisait tellement longtemps qu’elle attendait cette fuite…
– Je crains qu’après ce coup d’éclat nous ne soyons très mal vu à Astria, annonça Allen.
– Vous inquiétez pas, capitaine ! fit Gadès. On est d’excellent pirates ! Pas vrai, les gars ?
– Ouais ! répondit tout l’équipage avec enthousiasme.
Allen sourit, Mirana ne dit rien. Elle trouverait bien le moyen de le réhabiliter.
6. Les ailes du Dragon
Ils arrivèrent à Fanélia vers 4 heures du matin. Mirana et Allen ne perdirent pas de temps et coururent au palais. Séréna les attendait. Elle s’inclina devant la princesse, et les guida jusqu’à la chambre de Van. Hitomi était toujours près de lui, comme si elle n’avait pas bougé de la nuit. Elle tourna les yeux vers eux quand ils entrèrent, et se leva. Elle avait les yeux rouge et gonflé par les pleurs et la fatigue. Mirana la prit dans ses bras.
– Je suis contente de te revoir, Hitomi. Mais je regrette que ce soit dans ces conditions ! Allen m’a tout raconté.
Hitomi s’écarta, la gorge serrée.
– Il souffre tellement, dit-elle. Il faut que vous l’aidiez !
– Je ferais tout ce que je peux, je te le promets ! Mais mes compétences…
– J’ai confiance en vous, répliqua Hitomi d’une voix catégorique.
Mirana s’approcha et sursauta.
– Mais ! Ses ailes…Elles sont noires !
Elle posa sa main sur le front de Van. Il était brûlant. Sans perdre de temps, Mirana sortit ses instruments et des plantes. Pendant quelques minutes, elle prépara une sorte de décoction qu’elle fit avaler au roi.
– C’est pour faire baisser la fièvre, et neutraliser la douleur, expliqua-t-elle. Je vais lui en donner régulièrement.
Hitomi s’approcha, et constata avec soulagement que Van semblait plus calme, son visage était moins crispé.
– Je savais que je pouvais vous faire confiance, dit-elle en levant des yeux reconnaissants vers la princesse Mirana.
– Je ne sais pas si je pourrais le sauver, répondit prudemment celle-ci.
– Il vivra, affirma Hitomi d’une voix pleine de confiance. Je sais qu’il vivra.
Elle voulut s’asseoir près de lui, mais Allen posa une main sur son épaule.
– Tu devrais aller te reposer, dit-il doucement, mais fermement.
– Je ne peux pas le laisser !
– Tu ne l’aideras pas si tu es trop faible. Va te coucher.
Hitomi lança un regard vers Van, et abdiqua. Séréna se proposa de l’accompagner, et en sortant, elles tombèrent sur Cid qui venait aux nouvelles.
– Il va mieux, dit Séréna.
Cid prit la main d’Hitomi et leva vers elle des yeux pleins d’espoir.
– Je suis certain qu’il ne mourra pas, dit-il. Il ne vous laissera pas.
– Merci, répondit Hitomi. Je le sais aussi.
Cid inclina la tête et entra dans la chambre.
Mirana sentait la présence d’Allen derrière elle, présence réconfortante car elle savait qu’il la soutenait. A ce moment, la porte s’ouvrit.
– Ma tante ! fit Cid, surpris. Je ne savais pas que vous étiez là !
– Cid ! Moi non plus, je ne savais pas que tu étais là. Hitomi m’a demandé de venir pour m’occuper de Van.
– Je suis heureux de vous voir.
– Moi aussi.
Mirana observait Allen et Cid. Le jeune Duc s’approcha du chevalier, et Allen posa une main sur son épaule.
– Tu devrais dormir encore, il est tôt, fit-il d’une voix tendre.
– Je ne pouvais pas, répondit Cid gravement. Je m’inquiétais pour Van. Et j’ai envoyé Aquel et Niour à la recherche de Merle.
Allen hocha la tête en signe d’assentiment. « Ainsi, voilà le père et le fils réunis, pensa Mirana. Ils ont la conscience en paix. On dirait que les dernières ombres se sont dissipées. »
– A quoi pensez-vous ? demanda soudain Allen.
– Je me disais que nous étions de nouveau tous ensemble, et que le retour d’Hitomi y était pour beaucoup. Je ne sais ce qui arrivera lorsqu’elle repartira…j’ai l’impression que nous sommes tous liés par la réunion de Van et Hitomi.
– Peut-être qu’elle restera, intervint doucement Cid. Si elle est revenue, c’est qu’elle voulait voir Van.
– Alors lorsque Van guérira, je suppose que nous célébrerons tous ensemble le mariage et le couronnement de la nouvelle reine de Fanélia, dit Allen en souriant.
– S’il guérit ! répliqua Mirana sombrement. Ses blessures sont principalement internes, et je crains de ne pas pouvoir faire grand chose.
– Il guérira ! affirma Cid. Il ne laissera pas Hitomi.
Hitomi eut un sommeil agité, et se réveilla peu de temps après s’être endormie. Mais le soleil était assez haut dans le ciel. Elle se précipita dans la chambre de Van, Mirana s’était endormie, la tête sur le lit, Allen et Cid parlaient à voix basse.
– Comment va-t-il ? demanda Hitomi.
– Mieux. Il est calme, répondit Allen.
Mirana ouvrit les yeux et bailla. « Vous devriez aller vous reposer, Mirana, fit Hitomi. Je vous remplace. ». La princesse acquiesça, et sortit, suivie de Cid. Hitomi prit la main de Van.
– Tu en es où avec Mirana, Allen ? demanda-t-elle soudain.
– Pardon ? sursauta celui-ci.
– Est-ce que vous avez tiré les choses au clair ?
– Euh…
– Tu veux dire que ça fait deux ans que Dryden est parti, et tu n’as rien fait ? Tu l’aimes, pourtant, n’est-ce pas ?
– Elle ressemble beaucoup à Marlène, répondit prudemment Allen.
– Mais Mirana est quelqu’un à part, elle a son propre caractère. Qu’elle ressemble physiquement à Marlène ne veut rien dire.
– Elle est l’héritière d’Astria.
– Tu sais parfaitement que si tu le lui demandes, elle partira avec toi. Elise sera une très bonne reine, elle est vraiment…raisonnable.
– Je n’ai pas le droit de détruire la vie de Mirana. Je n’ai rien à lui offrir, le roi Aston m’a banni du corps des Chevaliers Céleste.
Hitomi haussa les épaules.
– Il y aura toujours quelqu’un qui t’aidera, Allen. Van te trouvera une place, une fonction ou n’importe quoi. Vous pourriez vivre ici, à Fanélia. Mirana vivrait dans une cabane perdue et abandonnée au fond des bois du moment qu’elle est avec toi !
Allen ne répondit pas.
– Une amie m’a dit un jour que si on aime vraiment quelqu’un, on doit savoir détruire tous les obstacles, continua Hitomi.
Elle regarda Allen droit dans les yeux.
– Tout le monde attend que vous vous mariiez, dit-elle. Je pense que Cid en sera heureux.
Van bougea. « Hitomi », appela-t-il. « Je suis là, répondit-elle en serrant sa main plus fort. Je serais toujours là. ». La respiration de Van se fit plus calme.
On frappa à la porte, et un garde entra, l’air un peu embarrassé.
– Excusez-moi…
Hitomi et Allen se retournèrent.
– Un vaisseau du royaume de Leden vient d’arriver, dit-il. Le représentant voudrait voir le roi.
– Le roi n’est pas en état, répondit Hitomi.
– Vas-y, Hitomi, intervint Allen.
– Moi ?
– Oui. Il vaut mieux que ce soit toi qui t’occupe de Fanélia pendant l’absence de Van. Je viens avec toi, Séréna veillera sur lui.
Indécise, Hitomi garda le silence. Elle ne se sentait pas capable de remplacer Van. Mais Allen la poussa, et elle finit par le suivre. Il appela Séréna pour qu’elle veille sur Van, et ils partirent à la salle du conseil. Allen expliqua que Leden était un royaume marchand d’une assez grande puissance. Ils entrèrent.
– Bonjour, je…fit le représentant en se retournant. Oh ! Allen ! Hitomi !
– Dryden !
– Je…je ne savais pas…bafouilla Dryden, gêné. Je comprends mieux pourquoi Van n’avait pas donné suite…
– Suite à quoi ? demanda Hitomi.
– L’alliance, répondit Allen à la place de Dryden. Leden a dû proposer un mariage entre Van et la fille du roi Argos pour renforcer l’alliance, c’est ça ?
Dryden acquiesça, Hitomi ne savait pas quoi dire.
– Comment se porte Van ? demanda Dryden.
– Il va mieux, répondit Hitomi.
– Bien. Je suppose que je n’ai plus rien à faire ici. Tous mes vœux de guérison.
Dryden s’apprêtait à sortir, lorsque Allen l’interpella :
– Dryden ! Attends !
Il se retourna vers le chevalier.
– Mirana est ici, dit Allen.
Dryden haussa les épaules.
– Elle a définitivement réglé mon sort il y a six mois lorsque je suis allé la voir, répondit-il avec une fausse indifférence. Il faut croire qu’Hitomi avait raison ! Notre union n’était pas une bonne chose. Tu as le champ libre, Allen !
Et Dryden sortit sans un mot de plus. Hitomi retourna dans la chambre de Van, troublée par le sujet de la visite de Dryden. Un mariage…Et Van n’avait pas donné suite. Peut-être n’en avait-il pas eu le temps. Ou peut-être qu’il l’avait attendue ?
Allen alla retrouver Cid.
– Cid ?
– Oui, papa ?
– Je viens te demander l’autorisation d’épouser ta tante Mirana.
Cid leva ses yeux bleus et graves vers son père, le regarda longuement sans rien dire, avant de briser le silence :
– J’en serais très heureux, dit-il en souriant.
Allen s’inclina devant son fils, et sortit. Il trouva Mirana dans le jardin, assise sur la terrasse. Il s’approcha d’elle, elle se retourna et se leva.
– J’aurais besoin de vous parler, annonça Allen d’une voix grave.
– Que se passe-t-il, Allen ? demanda Mirana, inquiète.
– Je sais que ce n’est pas vraiment le moment, mais je voulais savoir si vous accepteriez de passer le reste de votre vie avec un pirate.
Foudroyée sur place, Mirana n’arrivait pas à assimiler les paroles d’Allen comme réelles. Ce dernier ne bougeait pas, restait très sérieux.
– Je…Oh, Allen !
Mirana se jeta dans ses bras, pleurant de joie. Allen en conclut qu’elle était d’accord et la serra contre lui. « Vous avez bien réfléchi ? demanda-t-il, inquiet tout de même. Vous savez ce que vous allez perdre ? » « Je sais surtout ce que je vais gagner, répondit-elle. Que m’importent Astria, Elise et mon père ! Je suis avec toi. » « Alors profite de ta liberté, après la guérison de Van, je t’enchaîne à mon doigt », dit Allen en l’embrassant.
-
Toute la journée, Hitomi s’occupa des problèmes que posait l’absence de Van. Lorsque la nuit tomba, épuisée, elle s’allongea près de lui, posa sa main sur sa poitrine qui se soulevait régulièrement et se mit à pleurer silencieusement. Ses larmes glissaient sur la peau et les ailes noires de Van. « Tu me manques, Van. Je sens bien que tu n’es pas vraiment là. Je ne sais pas dans quel monde tu es, et j’ai tellement peur que tu ne reviennes pas, que tu restes là-bas. Qu’est-ce qu’il y a, dans ce monde, pour que tu préfères y rester plutôt que de me rejoindre ? Est-ce que quelque chose t’empêche de revenir ? Parle-moi, Van, dis-moi comment t’aider ! Rappelle-toi…quand tu es revenu me chercher sur Terre, tu m’avais dit que tu ne me laisserais plus. Tiens ta promesse, Van, ne me laisse pas ! Fanélia a besoin de toi, ils ont tous besoin de toi…Et moi aussi ! Je t’aime tellement…Je ne pourrais pas vivre, si tu m’abandonnes ! Qu’est-ce que je ferais, sans toi ? Van…Je t’en prie…reviens… ». Hitomi ferma ses yeux baignés de larmes et s’endormit d’un sommeil agité. Un léger bruit la réveilla, et elle se redressa. Deux petites silhouettes se trouvaient sur le balcon. Hitomi se leva et ouvrit la fenêtre. A la lueur de la lune et de la Terre, elle vit Merle et un garçon-chat. Merle avait les yeux remplis de larmes. Sans un mot, elle entra dans la chambre, et s’approcha du lit de Van. Elle le regarda un instant, puis Hitomi l’entendit éclater en sanglots. Elle vint la prendre dans ses bras, Merle s’accrocha à elle. « C’est ma faute ! disait-elle. Si je n’étais pas partie, il ne se serait rien passé ! » « Non, Merle, ce n’est pas de ta faute, c’est de la mienne. Je sais que je n’aurais pas dû revenir.» Merle leva des yeux pleins de larmes vers Hitomi et secoua la tête. « Non ! Non, c’est bien que tu sois là. Maître Van était vraiment malheureux quand tu n’étais pas là. C’est moi…Je…j’avais peur de ne plus être à ma place ici, dit-elle. Je pensais que Van n’avait plus besoin de moi, puisqu’il t’avait toi. » « Merle ! s’écria Hitomi en la serrant contre elle. Van aura toujours besoin de toi, il t’aimera toujours. Et moi aussi, je t’aime beaucoup, Merle. » Merle se mit à pleurer plus fort. « Il va mourir », murmura-t-elle. « Non, répliqua Hitomi. Il ne mourra pas. »
Merle resta longtemps dans les bras d’Hitomi, à pleurer, puis, épuisée, s’endormit. Hitomi se tourna alors vers le balcon. Le garçon-chat s’apprêtait à partir.
– Eh ! Toi ! appela Hitomi.
Il sursauta, et se retourna, sur la défensive.
– Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il d’une voix agressive.
– Viens là.
Il s’approcha de mauvaise grâce. Il était jeune, peut-être un ou deux ans de plus que Merle, plutôt bien fait, et avait des allures de mauvais garçon, ou de chat de gouttière.
– Comment tu t’appelles ? demanda Hitomi.
– Daryan.
– C’est toi qui lui as dit de partir ?
– Ouais, et alors ? Je l’ai ramenée quand elle l’a demandé. Maintenant qu’elle est avec son maître Van, je me tire, j’ai plus rien à faire ici. Foutez-moi la paix.
Hitomi sourit. « Il est amoureux de Merle ! » pensa-t-elle.
– Arrête de jouer ton chat de gouttière ! répliqua-t-elle. Viens la porter.
Surpris, il s’approcha. Hitomi lui tendit la jeune fille-chat, et il la prit dans ses bras.
– Où est le piège ? demanda-t-il, méfiant.
– Y’en a pas. Elle est épuisée. Conduis la à sa chambre, c’est la troisième porte à gauche. Si tu veux, il y a une chambre libre à côté. Tu peux te reposer. Mais ne t’éloigne pas, elle pourrait avoir besoin de toi.
– Elle est avec son maître Van, maintenant, répliqua-t-il d’une voix renfrognée. Elle n’a plus besoin de moi.
Hitomi lui lança un regard sévère.
– Maître Van n’est pas en mesure de s’occuper d’elle. Et même, elle aura encore besoin de toi, après. Et si tu tiens vraiment à elle, t’as intérêt à pas l’abandonner.
– Qu’est-ce que vous en savez ? fit Daryan, agressif.
– Ferme-la et vas-y.
Daryan sortit en lançant un regard intrigué et vaguement rancunier à Hitomi.
La jeune fille s’approcha de Van. « Tu as vu ? Merle a un amoureux. ». Machinalement, elle mit la main dans sa poche. Il y avait quelque chose au fond. Elle en ressortit la plume blanche et lumineuse qu’elle avait ramassée au pied de son lit. En souriant, elle la planta au milieu de l’obscurité des ailes, lueur d’espoir dans les ténèbres, et s’allongea près de Van. Elle se blottit contre lui et se rendormit calmement ; le retour de Merle l’avait rassurée.
Hitomi fut réveillée par la lueur du Soleil sur son visage. Elle resta un instant sans bouger, puis réalisa qu’elle ne sentait plus le corps de Van contre le sien. Elle ouvrit les paupières et constata avec un peu d’affolement qu’il n’était plus dans le lit. Puis elle leva les yeux.
Il était là. Debout devant la fenêtre, ses ailes plus blanches que jamais, brillant dans la lueur brûlante du Soleil. Hitomi se leva sans faire de bruit, n’osant pas l’appeler, ni briser le silence, de peur qu’il ne s’agisse que d’une vision qui se briserait au moindre son.
Van se retourna lentement, et lui sourit sans un mot. Alors seulement Hitomi laissa la joie exploser. « Van ! »
Elle se jeta dans ses bras, il l’accueillit contre lui et la fit tournoyer, tous les deux riant de bonheur d’être enfin ensemble, pour de bon ! Elle laissa couler des larmes de joie.
– J’ai eu tellement peur pour toi ! murmura Hitomi lorsqu’il s’arrêta de la faire tourner.
– Il ne fallait pas, répondit Van. Je ne t’aurais jamais laissée !
Il rétracta ses ailes, l’écarta un peu de lui pour la regarder. Il essuya les larmes sur les joues d’Hitomi. « Ne pleure pas, dit-il. Tout va bien ! ». Elle acquiesça, la gorge serrée par l’émotion, et Van se pencha sur elle, posa ses lèvres sur les siennes et l’embrassa tendrement, comme il en avait envie depuis si longtemps. Hitomi s’accrocha à lui, comme si elle avait peur qu’il disparaisse. « Jure-moi de ne plus jamais me faire peur comme ça », chuchota-t-elle. « Promis. » répondit Van sur le même temps. Ils se regardèrent longtemps, yeux dans les yeux, incapables de se séparer.
– Merle est revenue, finit par dire Hitomi, brisant le charme. Avec un amoureux.
Van sourit.
– Je suis content pour elle. Elle reste, maintenant ?
– Je pense qu’elle ne partira plus.
– Si elle veut partir avec lui, elle doit le faire.
– C’est lui qui restera, j’en suis sûre, murmura Hitomi en se blottissant dans les bras de Van.
Il l’embrassa de nouveau. « Tu m’as manquée », dit-il.
Hitomi acquiesça sans répondre, puis lui prit la main et l’entraîna dehors. « Allons rassurer les autres ! ». Ils tombèrent sur Merle et Daryan. En voyant Van, Merle écarquilla les yeux et se jeta dans ses bras en pleurant des larmes de joie.
– MAAAAAAAITRE VAAAAAN ! Je suis si heureuse que tu ailles bien ! Je suis désolée, tellement désolée !
– Eh, Merle ! dit doucement Van. Ne t’inquiète pas. Tout va bien. Je suis content que tu sois revenue. Tu m’as fait peur. Présente-moi ton ami !
Merle se troubla un peu, et se tourna vers Daryan qui se tenait à l’écart, une expression farouche sur le visage.
– Maître Van, voici Daryan.
Van sourit au garçon-chat.
– Bonjour Daryan. Je suis heureux de te connaître. Mais la prochaine fois que tu m’enlèves Merle, préviens-moi avant !
– Je te quitterai plus, maître Van, rétorqua Merle.
Van ébouriffa les cheveux de Merle. Daryan avait détourné les yeux d’un air sombre, mais son regard croisa celui d’Hitomi qui lui souriait.
– Ton ami peut rester aussi s’il veut, dit Van. Vous n’avez qu’à en discuter.
Il reprit la main d’Hitomi, et le jeune couple repartit doucement vers la grande salle. Daryan éleva la voix :
– Bon, maintenant je me tire.
– Maître Van a dit que tu pouvais rester, rétorqua Merle.
Daryan la regarda vaguement de travers.
– Je ne suis pas un domestiqué !
Merle haussa les épaules.
– Tu racontes n’importe quoi. Reste un peu avec nous.
Daryan hésita.
– Tu veux vraiment que je reste ?
– Bah, évidemment ! répondit Merle. Viens, on va rejoindre les autres !
Elle lui attrapa la main, et l’entraîna à la suite de Van et Hitomi.
Epilogue
une semaine plus tard.
Van regarda par la fenêtre. Dehors, Allen, Cid et Mirana riaient ensemble, donnant vraiment l’impression d’être une famille unie. L’annonce officielle du mariage du chevalier et de la princesse avait fait l’effet d’une bombe dans les royaumes de Gaia. Astria avait envoyé un émissaire pour négocier, mais Fanélia étant favorable au mariage…Maintenant, Allen et Mirana étaient bel et bien mariés. Elise avait accepté d’assister au mariage, et pardonné au couple rebelle. Le roi Aston était de nouveau malade. Dryden était venu aussi, avait félicité les jeunes mariés.
Plus loin, Merle et Daryan jouaient. Van était heureux pour son amie. Elle avait complètement oublié ses peurs, la présence de Daryan y était pour beaucoup et Van le savait. Il espérait que le garçon-chat ne partirait pas.
Escaflowne avait réintégré la clairière, et était de nouveau plongé dans un sommeil que Van espérait cette fois définitivement éternel.
Tout semblait être redevenu normal.
On frappa doucement à la porte, et Hitomi entra. Elle portait la robe bleue qui lui allait si bien. – Van ? Est-ce que je te dérange ?
– Non, bien sûr que non !
Van s’approcha d’elle, mais Hitomi eut un vague mouvement de recul, et elle baissa la tête. « Nous y voilà, pensa Van, le cœur serré. Le jour de la grande discussion. »
Pendant une semaine, ils étaient restés ensemble, sans penser au futur ; l’important était juste d’être ensemble. Mais tous deux savaient qu’ils fallaient bien un jour finir par en parler…
– Van, il faudrait que je te parle.
Il ne dit rien, attendant qu’elle se décide. Hitomi releva la tête, et croisa le regard de Van.
– Je…tu sais…peut-être qu’il faudrait que je retourne sur Terre, maintenant.
Et voilà. C’était dit. Elle allait de nouveau le quitter. Hitomi s’emballa, donnant des raisons comme pour se convaincre elle-même.
– Je ne peux pas laisser mes parents et mon frère…Et je dois être là pour le départ de Yukari et d’Amano…Tu comprends ?
Van acquiesça. Il ne voulait pas rendre les choses plus difficiles en lui demandant de rester. Non, il ne devait la faire souffrir encore plus.
– Je te l’ai déjà dit, Hitomi : je ne t’empêcherai jamais de rentrer chez toi. C’est à toi de décider de ce que tu veux faire.
– Mais tu ne comprends rien !
Les larmes montèrent aux yeux d’Hitomi, et elle commença à frapper de ses poings le torse de Van en criant presque :
– Je ne veux pas que tu me dises ça ! Je veux que tu me dises ce que toi tu veux ! Parle-moi ! Tu n’as pas le droit de me laisser prendre cette décision toute seule ! Tu ne comprends pas ! Ce n’est pas de moi qu’il s’agit ! C’est de nous deux, tu entends ? De nous deux !
Elle arrêta de le frapper, et se détourna de lui. Alors Van l’attrapa par le bras et la prit dans ses bras, elle pleurait sur son épaule.
– Je ne veux pas que tu partes, dit-il en la serrant très fort. Je veux que tu restes à Fanélia pour toujours, que tu m’aides à diriger le royaume, je veux que tu sois ma reine et la mère de mes enfants. Mais surtout je veux que tu sois heureuse. Ne pleure plus, je t’en prie. Je ne veux plus jamais que tu pleures à cause de moi.
Pourtant Hitomi pleurait encore plus, mais cette fois c’était de bonheur.
– Est-ce que tu es d’accord ? demanda Van. Est-ce que tu veux bien de moi ?
– Imbécile ! murmura Hitomi. Evidemment !
– Tu rentreras sur la Lune des Illusions pour assister au départ de tes amis, tu leur expliqueras et tu reviendras après. Alors je t’épouserai devant tous. Et si tu ne reviens pas, je viendrais te chercher moi-même, comme je l’ai fait la dernière fois, avec ou sans Escaflowne.
Hitomi sourit à travers ses larmes. Van prit son visage entre ses mains et l’embrassa avec passion.
Dehors, le soleil brillait comme jamais, dissipant les dernières ombres sur Gaia.
Fin.
Genre : romance
Rating : PG
Année : mi-2000
5.La trahison d'Escaflowne
Hitomi ne bougea pas de toute la journée. Enfermée dans sa chambre, elle réfléchit à ce que Merle lui avait dit. Elle était déjà venue. Que s’était-il passé ?
Van passa sa journée à rattraper l’escapade de la veille. Il bougea beaucoup dans tout Fanélia. Lorsqu’il rentra en fin d’après-midi, Alya courut lui dire qu’on n’avait pas vu Merle de la journée. Van, inquiet, fonça à la chambre de Merle. Rien n’avait été dérangé, le lit était fait. Il alla ensuite dans sa propre chambre. Rien non plus. De plus en plus inquiet, Van fouilla tout le palais et tout le jardin, appelant Merle, bientôt rejoint par Allen, Séréna, Cid et ses gardes.
Hitomi sortit de sa chambre en entendant les cris. Elle les rejoignit dans le jardin. En la voyant, Van lui demanda d’un air angoissé :
– Hitomi ! Tu n’aurais pas vu Merle ?
– Pas depuis hier soir…Qu’est-ce qu’il se passe ?
– Elle a disparu, expliqua Allen.
Hitomi pâlit. « C’est de ma faute, pensa-t-elle en se rappelant les paroles de Merle. C’est à cause de moi qu’elle est partie. »
– Pourvu qu’elle aille bien, implora Van. Qui a pu oser…
– Elle est partie d’elle-même ! s’écria Hitomi. Elle était tellement triste…Il faut la retrouver !
– Partie d’elle-même ? Mais pourquoi ? Pourquoi elle serait partie ?
Soudain, Van se rappela les paroles de l’ombre. « Tu les perdras tous ». La prophétie s’accomplissait ! Il ne fallait pas, non, il ne se laisserait pas faire. Il avait trop souffert, il s’était trop battu pour son bonheur, on ne le lui enlèverait pas comme ça !
– Je n’arrive pas à utiliser le pouvoir du pendentif ! enragea-t-il.
– C’est parce qu’elle ne veut pas que tu la retrouves, fit Séréna.
Tous la regardèrent.
– Je crois que Merle avait l’impression d’être une gêne, continua-t-elle. C’est pour ça qu’elle est partie. Mais tu ne dois pas la laisser faire !
– J’y vais ! lança Van.
– Moi aussi ! ajouta Allen.
Les deux chevaliers de Fleid proposèrent aussi leur aide.
– Je viens avec vous ! intervint Hitomi.
– Non ! fit brusquement Van. Il ne faut pas que tu sois en danger toi aussi. Reste avec Séréna et Cid. Et ne bouge surtout pas ! On ne sait jamais.
Hitomi ne protesta pas. Allen et Van auraient dû se méfier de ce manque de combativité, mais ils étaient trop inquiets. Ils partirent tous dans des directions différentes.
Dès qu’ils disparurent de sa vue, Hitomi, ignorant les appels de Séréna et de Cid, partit en courant vers la forêt. Van ne pouvait pas utiliser le pendentif, mais elle si. Et elle devait retrouver Merle avant les autres pour régler cette histoire. Elle ne voulait pas que Merle se sente seule à cause d’elle. Hitomi pénétra dans la forêt, et marcha quelques temps. Elle arriva dans une clairière au milieu de laquelle se trouvait une immense tombe, et un drôle d’engin, une sorte d’immense robot blanc. Hitomi eut l’impression étrange de retrouver de vieilles connaissances. « Si je pouvais me souvenir de tout ! » pensa-t-elle. Elle s’approcha de la tombe. « Folken Lacour de Fanel », lut-elle. Folken…C’était le nom qu’avait prononcé Van lorsqu’elle avait parlé de l’ange aux ailes noires ! Il devait faire partie de la famille de Van. Une aura douce émanait de la tombe, une aura de paix. Hitomi s’approcha un peu plus, lorsqu’une voix moqueuse jaillit de derrière elle.
– Regardez qui voilà, frères !
Elle se retourna. Une dizaine d’hommes-animaux, probablement affiliés à la chauve-souris, la regardaient d’un air narquois.
– La favorite du Dragon en personne ! fit l’un d’eux.
– A votre avis, frères, combien le Dragon donnera pour la retrouver ?
Hitomi ne put faire un geste. Les êtres se jetèrent sur elle, la bâillonnèrent. Elle sentit bientôt qu’ils s’envolaient. Mais ce n’était pas un vol agréable, comme avec Van. Hitomi ferma les yeux. Il ne fallait pas que la panique s’empare d’elle, sinon, l’ombre allait revenir. Et ce n’était pas le moment ! Elle ferma les yeux, se calma. Elle visualisa son pendentif, puis Van. « Van, appela-t-elle. Viens. J’ai besoin d’aide ! Van !»
-
Triste et fatigué, Van marchait le long de la forêt en appelant Merle, lorsqu’il entendit mentalement la voix d’Hitomi. « Hitomi ? » « Van ! Enfin ! J’ai été capturée par des hommes-chauves-souris ! » « Où es-tu ? » « Je ne sais pas, on survole une plaine après la forêt. Ils sont une dizaine, et on va vite ! » « N’aie pas peur, ne t’inquiète, je viens te chercher ! » « Je t’attends », fit Hitomi d’une voix pleine de confiance.
Van réfléchit rapidement. Il n’avait pas le temps d’alerter les autres. Mais d’après Hitomi, les ravisseurs étaient nombreux… « Escaflowne ! » s’écria-t-il avant d’entrer dans la forêt en courant. Il mit peu de temps à atteindre la clairière, et au pied d’un arbre, il déterra la drague énergist. Van sauta sur Escaflowne, et fit rentrer l’énergist dans son cœur. Rien ne se passa. Escaflowne ne réagit pas. Van tapa, s’énerva, rien à faire, le guymelef refusait de répondre à l’appel du jeune roi. Furieux, déçu, Van descendit d’Escaflowne.
« Alors toi aussi tu m’abandonnes ! Tu trahis le pacte du sang ! cria-t-il d’une voix rageuse. Eh bien je délivrerai Hitomi sans ton aide ! ». Van fit apparaître ses ailes et s’envola au-dessus de la forêt. Il vola longtemps avant d’apercevoir le groupe. Ils étaient vraiment nombreux. « Enfer ! pensa Van. Ça aurait été plus facile avec Escaflowne ! ».
Il prit de l’altitude, et repéra celui qui tenait Hitomi. Il plaqua ses ailes contre son corps et descendit en piqué, droit sur le ravisseur, le percuta. Surpris, l’homme-chauve-souris lâcha Hitomi qui poussa un cri. Van la rattrapa au vol, elle s’accrocha à lui, et murmura : « Je savais que tu viendrais ». Van la posa doucement à terre, au-dessus de lui, la horde d’hommes-chauve-souris s’apprêtait à attaquer en force.
– Je vais me débarrasser d’eux, dit-il.
Puis il regarda Hitomi droit dans les yeux, la prit par les épaules et lui dit d’une voix sérieuse :
– Quoiqu’il arrive, si un jour tu retrouves la mémoire, je veux que tu saches que mes sentiments n’ont pas changé et qu’ils ne changeront jamais.
Puis il s’envola.
Un éclair de lumière frappa soudain Hitomi de plein fouet, des images défilèrent devant ses yeux, des images de la Terre, des images de Gaia, de guerre, et de Van. L’ombre, frappée par la violence des sentiments de la jeune fille, dût lâcher son emprise sur l’esprit d’Hitomi, et sa mémoire lui revint d’un coup. Elle resta un instant sans bouger, choquée, puis se reprit. Elle était de retour sur Gaia ! Van…enfin, elle pourrait lui parler ! Comme elle avait dû le faire souffrir…Il fallait qu’elle lui parle. Elle ferma les paupières en serrant son pendentif : « Pardon, Van…Je t’en prie…Il faut que je te parle…Je me souviens…Van…Reviens… »
Mais il ne répondait pas, il se battait déjà, là-haut.
« Ils t’ont vaincu », dit l’être de lumière à l’ombre. « Oui, mais trop tard. Le Dragon va mourir. ». L’être de lumière secoua la tête. « Non, dit-il. Il ne mourra pas. »
Mais là-haut, Van avait de plus en plus de mal. Tout seul contre des êtres déloyaux, il n’avait pas beaucoup de chances. « Si Escaflowne ne m’avait pas trahi, cette bande de démons seraient déjà tous morts ! ». Van se battait avec toute sa force, et il ne restait plus que trois des ravisseurs. Alors qu’il pensait pouvoir enfin s’en sortir, l’un d’eux le frappa dans le dos, et lui brisa les ailes. Van ouvrit la bouche pour hurler de douleur, mais aucun son ne sortit. Incapable de se retenir, il commença à tomber.
« VAN ! » hurla Hitomi. C’était comme dans sa vision…comme dans sa vision…Au moment où l’homme-chauve-souris l’avait frappé, les ailes de Van étaient devenues noires comme les ténèbres, noires comme celle de Folken, symbole de sa mort…Et il tombait…
Plus loin, dans la forêt, enfin délivré du maléfice, Escaflowne répondit à l’appel de Van. La drague energist se mit à briller violemment, Escaflowne se leva. Il se changea en dragon, s’envola et fonça droit sur le lieu du combat.
Hitomi courut vers Van, folle de peur, elle l’appela. Mais Van continuait de tomber, et atterrit violemment au sol. « VAN ! » hurla Hitomi. Elle s’effondra près de lui, le secoua en pleurant.
« Van ! Lève-toi ! Lève-toi ! Van ! Je t’en prie ! Réveille-toi ! Van ! ». Il respirait faiblement, mais ne bougeait plus. Hitomi s’écroula sur sa poitrine, prononçant sans se lasser le nom de son ange aux ailes brisées, lui conjurant de se relever, d’ouvrir les yeux.
Les trois hommes-chauve-souris qui restaient se posèrent et s’approchèrent pour achever Van et reprendre Hitomi qui ne les voyait pas, ne s’occupait pas d’eux. Lorsqu’elle aperçut enfin l’un d’eux, il levait son arme sur Van. « Non ! » hurla-t-elle en se jetant en travers.
Au même moment, un éclair blanc projeta l’agresseur au loin, presque coupé en deux. Escaflowne s’était interposé entre Hitomi et le tueur. Les deux autres, terrifiés par l’apparition soudaine de ce guymelef blanc que personne ne pilotait, voulurent s’enfuir, mais il les acheva d’un coup d’épée. Hitomi leva des yeux pleins de rage et de douleur vers le guymelef.
« Escaflowne ! Tu arrives trop tard ! Van va mourir ! Tu l’as abandonné ! Tu l’as laissé se battre seul contre ces fous ! ». Les larmes coulèrent de plus belle sur ses joues. Escaflowne, de lui-même, attrapa délicatement Van dans sa main immense. Hitomi, le visage soudain dur, grimpa sur le guymelef qui prit sa forme de dragon. Elle serra Van contre elle.
« Rentre au palais ! » ordonna-t-elle. Escaflowne s’envola à toutes vitesses vers Fanélia.
Allen et le reste du groupe virent arriver Escaflowne avec surprise. Mais lorsque Hitomi en descendit, l’air bouleversé, Allen courut vers elle.
– Hitomi !
– Allen ! C’est Van ! Emmenez-le, il va mourir ! Il faut le soigner !
Sans perdre de temps, le chevalier céleste prit Van dans ses bras et le transporta en courant jusqu’à sa chambre. Séréna était partie chercher des médecins.
– Il faudrait que ses ailes disparaissent ! fit Allen en le posant sur son lit.
– Il n’est pas conscient, répondit Hitomi d’une voix tremblante, il ne peut pas les ranger ! C’est ma faute ! Je…je n’aurais jamais dû revenir !
– Hitomi ! s’écria Allen. Tu as retrouvé la mémoire !
Elle hocha la tête, la gorge serrée, les yeux posés sur Van. Trois médecins entrèrent alors dans la pièce, l’air affolé, se pressèrent autour du lit. Ils se parlaient entre eux, se coupaient la parole, incapables de prendre une décision.
– ASSEZ ! hurla soudain Hitomi. Sortez ! Sortez tous, bande d’imbéciles !
Les médecins se mirent à protester mais Allen les jeta hors de la chambre en leur disant qu’on ne discutait pas les ordres de la reine. Hitomi s’agenouilla devant le lit et prit la main de Van.
– Allen ! appela-t-elle. Va chercher Mirana, s’il te plait.
– Mirana ?
– Oui. J’ai plus confiance en elle qu’en ces hystériques.
Elle leva vers le chevalier des yeux embués de larmes.
– Il faut sauver Van. Fais vite, je t’en prie…
Allen s’inclina, et sortit. Il prévint sa sœur, et courut au port, où était le Croisé. Par chance, tout l’équipage était là.
– Gadès ! On rentre d’urgence à Pallas !
– Qu’est-ce qui se passe, capitaine ?
Allen expliqua la situation en deux mots. Il n’en fallait pas plus à ses hommes : tous aimaient bien le jeune roi. Ils poussèrent le Croisé au maximum, et atteignirent la capitale un peu avant minuit. Allen courut au palais. Sans s’occuper des appels étonnés des gardes, il se précipita dans les couloirs et finit par entrer dans la chambre de Mirana.
Il s’approcha du lit et la réveilla. En ouvrant les yeux, elle poussa un cri de surprise, rougit et balbutia :
– Mais Allen ! Qu’est-ce que…
– Van est en danger de mort ! Nous avons besoin de vous, princesse !
Mirana se leva d’un bond. « Je prends mes affaires et j’arrive ! ». Allen, un peu gêné quand même de la trouver en chemise de nuit, sortit l’attendre dehors. Quelques instants plus tard, Mirana le rejoignait en tenue d’écuyère, avec le sac d’Hitomi dans lequel elle avait rangé ses instruments. Allen l’attrapa assez cavalièrement par la main et l’entraîna en courant. Juste avant la sortie les attendaient Elise, le roi Aston et quelques gardes.
– Mirana ! Allen ! Arrêtez-vous tout de suite ! ordonna le roi.
– Désolé ! Pas le temps ! rétorqua Allen.
Sans lâcher Mirana, il traversa la barrière de gardes qui n’osaient pas l’arrêter, pour ne pas blesser la princesse, mais surtout parce qu’aucun n’aurait eu le courage de défier le grand chevalier Allen Schezar…
– Allen ! Je t’interdis de t’enfuir avec Mirana ! Laisse-la ! ordonna Elise.
– Je vous la ramène dans quelques jours ! promit Allen sans ralentir.
– Allen Schezar ! hurla le roi. Si tu ne reviens pas tout de suite, tu seras banni du corps des Chevaliers Célestes d’Astria !
Allen serra les dents, mais ne broncha pas. Le Croisé était en suspension au-dessus de la cour du palais, Allen laissa Mirana monter la première par l’échelle, puis grimpa derrière elle. Quelques secondes plus tard, ils étaient en sécurité dans le vaisseau qui s’envolait rapidement vers Fanélia. Si le contexte n’avait pas été aussi grave, Mirana aurait éclaté de joie. Ça faisait tellement longtemps qu’elle attendait cette fuite…
– Je crains qu’après ce coup d’éclat nous ne soyons très mal vu à Astria, annonça Allen.
– Vous inquiétez pas, capitaine ! fit Gadès. On est d’excellent pirates ! Pas vrai, les gars ?
– Ouais ! répondit tout l’équipage avec enthousiasme.
Allen sourit, Mirana ne dit rien. Elle trouverait bien le moyen de le réhabiliter.
6. Les ailes du Dragon
Ils arrivèrent à Fanélia vers 4 heures du matin. Mirana et Allen ne perdirent pas de temps et coururent au palais. Séréna les attendait. Elle s’inclina devant la princesse, et les guida jusqu’à la chambre de Van. Hitomi était toujours près de lui, comme si elle n’avait pas bougé de la nuit. Elle tourna les yeux vers eux quand ils entrèrent, et se leva. Elle avait les yeux rouge et gonflé par les pleurs et la fatigue. Mirana la prit dans ses bras.
– Je suis contente de te revoir, Hitomi. Mais je regrette que ce soit dans ces conditions ! Allen m’a tout raconté.
Hitomi s’écarta, la gorge serrée.
– Il souffre tellement, dit-elle. Il faut que vous l’aidiez !
– Je ferais tout ce que je peux, je te le promets ! Mais mes compétences…
– J’ai confiance en vous, répliqua Hitomi d’une voix catégorique.
Mirana s’approcha et sursauta.
– Mais ! Ses ailes…Elles sont noires !
Elle posa sa main sur le front de Van. Il était brûlant. Sans perdre de temps, Mirana sortit ses instruments et des plantes. Pendant quelques minutes, elle prépara une sorte de décoction qu’elle fit avaler au roi.
– C’est pour faire baisser la fièvre, et neutraliser la douleur, expliqua-t-elle. Je vais lui en donner régulièrement.
Hitomi s’approcha, et constata avec soulagement que Van semblait plus calme, son visage était moins crispé.
– Je savais que je pouvais vous faire confiance, dit-elle en levant des yeux reconnaissants vers la princesse Mirana.
– Je ne sais pas si je pourrais le sauver, répondit prudemment celle-ci.
– Il vivra, affirma Hitomi d’une voix pleine de confiance. Je sais qu’il vivra.
Elle voulut s’asseoir près de lui, mais Allen posa une main sur son épaule.
– Tu devrais aller te reposer, dit-il doucement, mais fermement.
– Je ne peux pas le laisser !
– Tu ne l’aideras pas si tu es trop faible. Va te coucher.
Hitomi lança un regard vers Van, et abdiqua. Séréna se proposa de l’accompagner, et en sortant, elles tombèrent sur Cid qui venait aux nouvelles.
– Il va mieux, dit Séréna.
Cid prit la main d’Hitomi et leva vers elle des yeux pleins d’espoir.
– Je suis certain qu’il ne mourra pas, dit-il. Il ne vous laissera pas.
– Merci, répondit Hitomi. Je le sais aussi.
Cid inclina la tête et entra dans la chambre.
Mirana sentait la présence d’Allen derrière elle, présence réconfortante car elle savait qu’il la soutenait. A ce moment, la porte s’ouvrit.
– Ma tante ! fit Cid, surpris. Je ne savais pas que vous étiez là !
– Cid ! Moi non plus, je ne savais pas que tu étais là. Hitomi m’a demandé de venir pour m’occuper de Van.
– Je suis heureux de vous voir.
– Moi aussi.
Mirana observait Allen et Cid. Le jeune Duc s’approcha du chevalier, et Allen posa une main sur son épaule.
– Tu devrais dormir encore, il est tôt, fit-il d’une voix tendre.
– Je ne pouvais pas, répondit Cid gravement. Je m’inquiétais pour Van. Et j’ai envoyé Aquel et Niour à la recherche de Merle.
Allen hocha la tête en signe d’assentiment. « Ainsi, voilà le père et le fils réunis, pensa Mirana. Ils ont la conscience en paix. On dirait que les dernières ombres se sont dissipées. »
– A quoi pensez-vous ? demanda soudain Allen.
– Je me disais que nous étions de nouveau tous ensemble, et que le retour d’Hitomi y était pour beaucoup. Je ne sais ce qui arrivera lorsqu’elle repartira…j’ai l’impression que nous sommes tous liés par la réunion de Van et Hitomi.
– Peut-être qu’elle restera, intervint doucement Cid. Si elle est revenue, c’est qu’elle voulait voir Van.
– Alors lorsque Van guérira, je suppose que nous célébrerons tous ensemble le mariage et le couronnement de la nouvelle reine de Fanélia, dit Allen en souriant.
– S’il guérit ! répliqua Mirana sombrement. Ses blessures sont principalement internes, et je crains de ne pas pouvoir faire grand chose.
– Il guérira ! affirma Cid. Il ne laissera pas Hitomi.
Hitomi eut un sommeil agité, et se réveilla peu de temps après s’être endormie. Mais le soleil était assez haut dans le ciel. Elle se précipita dans la chambre de Van, Mirana s’était endormie, la tête sur le lit, Allen et Cid parlaient à voix basse.
– Comment va-t-il ? demanda Hitomi.
– Mieux. Il est calme, répondit Allen.
Mirana ouvrit les yeux et bailla. « Vous devriez aller vous reposer, Mirana, fit Hitomi. Je vous remplace. ». La princesse acquiesça, et sortit, suivie de Cid. Hitomi prit la main de Van.
– Tu en es où avec Mirana, Allen ? demanda-t-elle soudain.
– Pardon ? sursauta celui-ci.
– Est-ce que vous avez tiré les choses au clair ?
– Euh…
– Tu veux dire que ça fait deux ans que Dryden est parti, et tu n’as rien fait ? Tu l’aimes, pourtant, n’est-ce pas ?
– Elle ressemble beaucoup à Marlène, répondit prudemment Allen.
– Mais Mirana est quelqu’un à part, elle a son propre caractère. Qu’elle ressemble physiquement à Marlène ne veut rien dire.
– Elle est l’héritière d’Astria.
– Tu sais parfaitement que si tu le lui demandes, elle partira avec toi. Elise sera une très bonne reine, elle est vraiment…raisonnable.
– Je n’ai pas le droit de détruire la vie de Mirana. Je n’ai rien à lui offrir, le roi Aston m’a banni du corps des Chevaliers Céleste.
Hitomi haussa les épaules.
– Il y aura toujours quelqu’un qui t’aidera, Allen. Van te trouvera une place, une fonction ou n’importe quoi. Vous pourriez vivre ici, à Fanélia. Mirana vivrait dans une cabane perdue et abandonnée au fond des bois du moment qu’elle est avec toi !
Allen ne répondit pas.
– Une amie m’a dit un jour que si on aime vraiment quelqu’un, on doit savoir détruire tous les obstacles, continua Hitomi.
Elle regarda Allen droit dans les yeux.
– Tout le monde attend que vous vous mariiez, dit-elle. Je pense que Cid en sera heureux.
Van bougea. « Hitomi », appela-t-il. « Je suis là, répondit-elle en serrant sa main plus fort. Je serais toujours là. ». La respiration de Van se fit plus calme.
On frappa à la porte, et un garde entra, l’air un peu embarrassé.
– Excusez-moi…
Hitomi et Allen se retournèrent.
– Un vaisseau du royaume de Leden vient d’arriver, dit-il. Le représentant voudrait voir le roi.
– Le roi n’est pas en état, répondit Hitomi.
– Vas-y, Hitomi, intervint Allen.
– Moi ?
– Oui. Il vaut mieux que ce soit toi qui t’occupe de Fanélia pendant l’absence de Van. Je viens avec toi, Séréna veillera sur lui.
Indécise, Hitomi garda le silence. Elle ne se sentait pas capable de remplacer Van. Mais Allen la poussa, et elle finit par le suivre. Il appela Séréna pour qu’elle veille sur Van, et ils partirent à la salle du conseil. Allen expliqua que Leden était un royaume marchand d’une assez grande puissance. Ils entrèrent.
– Bonjour, je…fit le représentant en se retournant. Oh ! Allen ! Hitomi !
– Dryden !
– Je…je ne savais pas…bafouilla Dryden, gêné. Je comprends mieux pourquoi Van n’avait pas donné suite…
– Suite à quoi ? demanda Hitomi.
– L’alliance, répondit Allen à la place de Dryden. Leden a dû proposer un mariage entre Van et la fille du roi Argos pour renforcer l’alliance, c’est ça ?
Dryden acquiesça, Hitomi ne savait pas quoi dire.
– Comment se porte Van ? demanda Dryden.
– Il va mieux, répondit Hitomi.
– Bien. Je suppose que je n’ai plus rien à faire ici. Tous mes vœux de guérison.
Dryden s’apprêtait à sortir, lorsque Allen l’interpella :
– Dryden ! Attends !
Il se retourna vers le chevalier.
– Mirana est ici, dit Allen.
Dryden haussa les épaules.
– Elle a définitivement réglé mon sort il y a six mois lorsque je suis allé la voir, répondit-il avec une fausse indifférence. Il faut croire qu’Hitomi avait raison ! Notre union n’était pas une bonne chose. Tu as le champ libre, Allen !
Et Dryden sortit sans un mot de plus. Hitomi retourna dans la chambre de Van, troublée par le sujet de la visite de Dryden. Un mariage…Et Van n’avait pas donné suite. Peut-être n’en avait-il pas eu le temps. Ou peut-être qu’il l’avait attendue ?
Allen alla retrouver Cid.
– Cid ?
– Oui, papa ?
– Je viens te demander l’autorisation d’épouser ta tante Mirana.
Cid leva ses yeux bleus et graves vers son père, le regarda longuement sans rien dire, avant de briser le silence :
– J’en serais très heureux, dit-il en souriant.
Allen s’inclina devant son fils, et sortit. Il trouva Mirana dans le jardin, assise sur la terrasse. Il s’approcha d’elle, elle se retourna et se leva.
– J’aurais besoin de vous parler, annonça Allen d’une voix grave.
– Que se passe-t-il, Allen ? demanda Mirana, inquiète.
– Je sais que ce n’est pas vraiment le moment, mais je voulais savoir si vous accepteriez de passer le reste de votre vie avec un pirate.
Foudroyée sur place, Mirana n’arrivait pas à assimiler les paroles d’Allen comme réelles. Ce dernier ne bougeait pas, restait très sérieux.
– Je…Oh, Allen !
Mirana se jeta dans ses bras, pleurant de joie. Allen en conclut qu’elle était d’accord et la serra contre lui. « Vous avez bien réfléchi ? demanda-t-il, inquiet tout de même. Vous savez ce que vous allez perdre ? » « Je sais surtout ce que je vais gagner, répondit-elle. Que m’importent Astria, Elise et mon père ! Je suis avec toi. » « Alors profite de ta liberté, après la guérison de Van, je t’enchaîne à mon doigt », dit Allen en l’embrassant.
-
Toute la journée, Hitomi s’occupa des problèmes que posait l’absence de Van. Lorsque la nuit tomba, épuisée, elle s’allongea près de lui, posa sa main sur sa poitrine qui se soulevait régulièrement et se mit à pleurer silencieusement. Ses larmes glissaient sur la peau et les ailes noires de Van. « Tu me manques, Van. Je sens bien que tu n’es pas vraiment là. Je ne sais pas dans quel monde tu es, et j’ai tellement peur que tu ne reviennes pas, que tu restes là-bas. Qu’est-ce qu’il y a, dans ce monde, pour que tu préfères y rester plutôt que de me rejoindre ? Est-ce que quelque chose t’empêche de revenir ? Parle-moi, Van, dis-moi comment t’aider ! Rappelle-toi…quand tu es revenu me chercher sur Terre, tu m’avais dit que tu ne me laisserais plus. Tiens ta promesse, Van, ne me laisse pas ! Fanélia a besoin de toi, ils ont tous besoin de toi…Et moi aussi ! Je t’aime tellement…Je ne pourrais pas vivre, si tu m’abandonnes ! Qu’est-ce que je ferais, sans toi ? Van…Je t’en prie…reviens… ». Hitomi ferma ses yeux baignés de larmes et s’endormit d’un sommeil agité. Un léger bruit la réveilla, et elle se redressa. Deux petites silhouettes se trouvaient sur le balcon. Hitomi se leva et ouvrit la fenêtre. A la lueur de la lune et de la Terre, elle vit Merle et un garçon-chat. Merle avait les yeux remplis de larmes. Sans un mot, elle entra dans la chambre, et s’approcha du lit de Van. Elle le regarda un instant, puis Hitomi l’entendit éclater en sanglots. Elle vint la prendre dans ses bras, Merle s’accrocha à elle. « C’est ma faute ! disait-elle. Si je n’étais pas partie, il ne se serait rien passé ! » « Non, Merle, ce n’est pas de ta faute, c’est de la mienne. Je sais que je n’aurais pas dû revenir.» Merle leva des yeux pleins de larmes vers Hitomi et secoua la tête. « Non ! Non, c’est bien que tu sois là. Maître Van était vraiment malheureux quand tu n’étais pas là. C’est moi…Je…j’avais peur de ne plus être à ma place ici, dit-elle. Je pensais que Van n’avait plus besoin de moi, puisqu’il t’avait toi. » « Merle ! s’écria Hitomi en la serrant contre elle. Van aura toujours besoin de toi, il t’aimera toujours. Et moi aussi, je t’aime beaucoup, Merle. » Merle se mit à pleurer plus fort. « Il va mourir », murmura-t-elle. « Non, répliqua Hitomi. Il ne mourra pas. »
Merle resta longtemps dans les bras d’Hitomi, à pleurer, puis, épuisée, s’endormit. Hitomi se tourna alors vers le balcon. Le garçon-chat s’apprêtait à partir.
– Eh ! Toi ! appela Hitomi.
Il sursauta, et se retourna, sur la défensive.
– Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il d’une voix agressive.
– Viens là.
Il s’approcha de mauvaise grâce. Il était jeune, peut-être un ou deux ans de plus que Merle, plutôt bien fait, et avait des allures de mauvais garçon, ou de chat de gouttière.
– Comment tu t’appelles ? demanda Hitomi.
– Daryan.
– C’est toi qui lui as dit de partir ?
– Ouais, et alors ? Je l’ai ramenée quand elle l’a demandé. Maintenant qu’elle est avec son maître Van, je me tire, j’ai plus rien à faire ici. Foutez-moi la paix.
Hitomi sourit. « Il est amoureux de Merle ! » pensa-t-elle.
– Arrête de jouer ton chat de gouttière ! répliqua-t-elle. Viens la porter.
Surpris, il s’approcha. Hitomi lui tendit la jeune fille-chat, et il la prit dans ses bras.
– Où est le piège ? demanda-t-il, méfiant.
– Y’en a pas. Elle est épuisée. Conduis la à sa chambre, c’est la troisième porte à gauche. Si tu veux, il y a une chambre libre à côté. Tu peux te reposer. Mais ne t’éloigne pas, elle pourrait avoir besoin de toi.
– Elle est avec son maître Van, maintenant, répliqua-t-il d’une voix renfrognée. Elle n’a plus besoin de moi.
Hitomi lui lança un regard sévère.
– Maître Van n’est pas en mesure de s’occuper d’elle. Et même, elle aura encore besoin de toi, après. Et si tu tiens vraiment à elle, t’as intérêt à pas l’abandonner.
– Qu’est-ce que vous en savez ? fit Daryan, agressif.
– Ferme-la et vas-y.
Daryan sortit en lançant un regard intrigué et vaguement rancunier à Hitomi.
La jeune fille s’approcha de Van. « Tu as vu ? Merle a un amoureux. ». Machinalement, elle mit la main dans sa poche. Il y avait quelque chose au fond. Elle en ressortit la plume blanche et lumineuse qu’elle avait ramassée au pied de son lit. En souriant, elle la planta au milieu de l’obscurité des ailes, lueur d’espoir dans les ténèbres, et s’allongea près de Van. Elle se blottit contre lui et se rendormit calmement ; le retour de Merle l’avait rassurée.
Hitomi fut réveillée par la lueur du Soleil sur son visage. Elle resta un instant sans bouger, puis réalisa qu’elle ne sentait plus le corps de Van contre le sien. Elle ouvrit les paupières et constata avec un peu d’affolement qu’il n’était plus dans le lit. Puis elle leva les yeux.
Il était là. Debout devant la fenêtre, ses ailes plus blanches que jamais, brillant dans la lueur brûlante du Soleil. Hitomi se leva sans faire de bruit, n’osant pas l’appeler, ni briser le silence, de peur qu’il ne s’agisse que d’une vision qui se briserait au moindre son.
Van se retourna lentement, et lui sourit sans un mot. Alors seulement Hitomi laissa la joie exploser. « Van ! »
Elle se jeta dans ses bras, il l’accueillit contre lui et la fit tournoyer, tous les deux riant de bonheur d’être enfin ensemble, pour de bon ! Elle laissa couler des larmes de joie.
– J’ai eu tellement peur pour toi ! murmura Hitomi lorsqu’il s’arrêta de la faire tourner.
– Il ne fallait pas, répondit Van. Je ne t’aurais jamais laissée !
Il rétracta ses ailes, l’écarta un peu de lui pour la regarder. Il essuya les larmes sur les joues d’Hitomi. « Ne pleure pas, dit-il. Tout va bien ! ». Elle acquiesça, la gorge serrée par l’émotion, et Van se pencha sur elle, posa ses lèvres sur les siennes et l’embrassa tendrement, comme il en avait envie depuis si longtemps. Hitomi s’accrocha à lui, comme si elle avait peur qu’il disparaisse. « Jure-moi de ne plus jamais me faire peur comme ça », chuchota-t-elle. « Promis. » répondit Van sur le même temps. Ils se regardèrent longtemps, yeux dans les yeux, incapables de se séparer.
– Merle est revenue, finit par dire Hitomi, brisant le charme. Avec un amoureux.
Van sourit.
– Je suis content pour elle. Elle reste, maintenant ?
– Je pense qu’elle ne partira plus.
– Si elle veut partir avec lui, elle doit le faire.
– C’est lui qui restera, j’en suis sûre, murmura Hitomi en se blottissant dans les bras de Van.
Il l’embrassa de nouveau. « Tu m’as manquée », dit-il.
Hitomi acquiesça sans répondre, puis lui prit la main et l’entraîna dehors. « Allons rassurer les autres ! ». Ils tombèrent sur Merle et Daryan. En voyant Van, Merle écarquilla les yeux et se jeta dans ses bras en pleurant des larmes de joie.
– MAAAAAAAITRE VAAAAAN ! Je suis si heureuse que tu ailles bien ! Je suis désolée, tellement désolée !
– Eh, Merle ! dit doucement Van. Ne t’inquiète pas. Tout va bien. Je suis content que tu sois revenue. Tu m’as fait peur. Présente-moi ton ami !
Merle se troubla un peu, et se tourna vers Daryan qui se tenait à l’écart, une expression farouche sur le visage.
– Maître Van, voici Daryan.
Van sourit au garçon-chat.
– Bonjour Daryan. Je suis heureux de te connaître. Mais la prochaine fois que tu m’enlèves Merle, préviens-moi avant !
– Je te quitterai plus, maître Van, rétorqua Merle.
Van ébouriffa les cheveux de Merle. Daryan avait détourné les yeux d’un air sombre, mais son regard croisa celui d’Hitomi qui lui souriait.
– Ton ami peut rester aussi s’il veut, dit Van. Vous n’avez qu’à en discuter.
Il reprit la main d’Hitomi, et le jeune couple repartit doucement vers la grande salle. Daryan éleva la voix :
– Bon, maintenant je me tire.
– Maître Van a dit que tu pouvais rester, rétorqua Merle.
Daryan la regarda vaguement de travers.
– Je ne suis pas un domestiqué !
Merle haussa les épaules.
– Tu racontes n’importe quoi. Reste un peu avec nous.
Daryan hésita.
– Tu veux vraiment que je reste ?
– Bah, évidemment ! répondit Merle. Viens, on va rejoindre les autres !
Elle lui attrapa la main, et l’entraîna à la suite de Van et Hitomi.
Epilogue
une semaine plus tard.
Van regarda par la fenêtre. Dehors, Allen, Cid et Mirana riaient ensemble, donnant vraiment l’impression d’être une famille unie. L’annonce officielle du mariage du chevalier et de la princesse avait fait l’effet d’une bombe dans les royaumes de Gaia. Astria avait envoyé un émissaire pour négocier, mais Fanélia étant favorable au mariage…Maintenant, Allen et Mirana étaient bel et bien mariés. Elise avait accepté d’assister au mariage, et pardonné au couple rebelle. Le roi Aston était de nouveau malade. Dryden était venu aussi, avait félicité les jeunes mariés.
Plus loin, Merle et Daryan jouaient. Van était heureux pour son amie. Elle avait complètement oublié ses peurs, la présence de Daryan y était pour beaucoup et Van le savait. Il espérait que le garçon-chat ne partirait pas.
Escaflowne avait réintégré la clairière, et était de nouveau plongé dans un sommeil que Van espérait cette fois définitivement éternel.
Tout semblait être redevenu normal.
On frappa doucement à la porte, et Hitomi entra. Elle portait la robe bleue qui lui allait si bien. – Van ? Est-ce que je te dérange ?
– Non, bien sûr que non !
Van s’approcha d’elle, mais Hitomi eut un vague mouvement de recul, et elle baissa la tête. « Nous y voilà, pensa Van, le cœur serré. Le jour de la grande discussion. »
Pendant une semaine, ils étaient restés ensemble, sans penser au futur ; l’important était juste d’être ensemble. Mais tous deux savaient qu’ils fallaient bien un jour finir par en parler…
– Van, il faudrait que je te parle.
Il ne dit rien, attendant qu’elle se décide. Hitomi releva la tête, et croisa le regard de Van.
– Je…tu sais…peut-être qu’il faudrait que je retourne sur Terre, maintenant.
Et voilà. C’était dit. Elle allait de nouveau le quitter. Hitomi s’emballa, donnant des raisons comme pour se convaincre elle-même.
– Je ne peux pas laisser mes parents et mon frère…Et je dois être là pour le départ de Yukari et d’Amano…Tu comprends ?
Van acquiesça. Il ne voulait pas rendre les choses plus difficiles en lui demandant de rester. Non, il ne devait la faire souffrir encore plus.
– Je te l’ai déjà dit, Hitomi : je ne t’empêcherai jamais de rentrer chez toi. C’est à toi de décider de ce que tu veux faire.
– Mais tu ne comprends rien !
Les larmes montèrent aux yeux d’Hitomi, et elle commença à frapper de ses poings le torse de Van en criant presque :
– Je ne veux pas que tu me dises ça ! Je veux que tu me dises ce que toi tu veux ! Parle-moi ! Tu n’as pas le droit de me laisser prendre cette décision toute seule ! Tu ne comprends pas ! Ce n’est pas de moi qu’il s’agit ! C’est de nous deux, tu entends ? De nous deux !
Elle arrêta de le frapper, et se détourna de lui. Alors Van l’attrapa par le bras et la prit dans ses bras, elle pleurait sur son épaule.
– Je ne veux pas que tu partes, dit-il en la serrant très fort. Je veux que tu restes à Fanélia pour toujours, que tu m’aides à diriger le royaume, je veux que tu sois ma reine et la mère de mes enfants. Mais surtout je veux que tu sois heureuse. Ne pleure plus, je t’en prie. Je ne veux plus jamais que tu pleures à cause de moi.
Pourtant Hitomi pleurait encore plus, mais cette fois c’était de bonheur.
– Est-ce que tu es d’accord ? demanda Van. Est-ce que tu veux bien de moi ?
– Imbécile ! murmura Hitomi. Evidemment !
– Tu rentreras sur la Lune des Illusions pour assister au départ de tes amis, tu leur expliqueras et tu reviendras après. Alors je t’épouserai devant tous. Et si tu ne reviens pas, je viendrais te chercher moi-même, comme je l’ai fait la dernière fois, avec ou sans Escaflowne.
Hitomi sourit à travers ses larmes. Van prit son visage entre ses mains et l’embrassa avec passion.
Dehors, le soleil brillait comme jamais, dissipant les dernières ombres sur Gaia.
Fin.